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voi point de plus propre, pour bien me reprefenter le bonheur du Gouvernement fous lequel je vis. Comme FREE-HOLDER en Angleterre, je m'eftime plus qu'un Marquis François, & quand je voi quelcun de mes Compatriotes s'amufer dans fon petit Jardin, à confidérer fes choux, je le regarde naturellement comme un grand perfonnage; & je ne fais nulle dificulté de le mettre beaucoup au-deffus de celui, qui poffède le plus riche Vignoble de toute la Champagne.

La Chambre des Communes reprefente ceux de ma condition; & je confidére, qu'on ne fait aucune Loi, que je n'y donne mon fufrage. Un FREE HOLDER eft chez nous, ce qu'étoit autrefois à Rome, un Citoïen de cette fameufe République. Par l'élection d'un Tribun, ce Citoïen avoit une espèce de voix éloignée à l'établiffement de toutes les Loix: de même un FREE HOLDER peut être regardé, par cascade, comme un Législateur, & c'est pour cette raifon, qu'il eft indifpenfablement obligé à la défenfe des Loix, puisqu'elles font, en quelque manière, de fa façon. Tel eft notre heureux Gouvernement, que la maffe du peuple n'eft obligée d'obeïr, qu'à ce qu'il a virtuellement aprouvé, & que c'est lui-même, qui fe préfcrit les Loix, qui doivent regler fa conduite.

Mais je veux bien qu'on fache, que, fi je me donne pour un FREE-HOLDER, jene prétends pas, pour cela, renoncer aux autres titres. Un FREE HOLDER ale droit de donner fa voix, pour l'élection d'un MemA 2

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bre de la Chambre des Communes; il peut être Député de la Province; il peut donner dans le Bel-efprit, ou dans la Chaffe au Renard; il peut être Homme de Lettres; il peut être Homme d'Epée; il peut être Alderman, ou Echevin; il peut fuivre la Cour; il peut être un Défenfeur de la Patrie, ou un Agioteur. Mais, j'aime mieux me caractériser par le nom de FREE-HOLDER, parce que je le regarde, comme la base de tous les autres titres. C'eft le tronc, fur lequel peuvent être entées toutes fortes de Dignités, de quelque nature qu'elles puiffent étre. C'eft lui, qui leur communique à toutes la vie, le goût, la beauté: & fans lui, elles ne font toutes, que des fleurs paffagères, toujours prêtes à tomber au moindre

vent.

Je ne puis m'empêcher de féliciter ici ma Patrie, de l'augmentation de cette heureuse efpèce de gens, puis que, graces à la fageffe du Parlement d'à prefent, je voi la race des FREE-HOLDERS multipliée, & répandue jus ques dans les recoins les plus éloignés de notre Ile. Je veux parler de l'Acte paflé, dans la derniére Séance du Parlement, pour encourager ceux d'Ecoffè à la fidélité. Cet Acte porte que tous les Vaffaux d'Ecoffe, & chaque Vallal, en particulier, qui demeu reront paifibles, & qui garderont à Sa Majesté, la foi qu'ils lui doivent, leurs héritiers, & fucceffeurs, tenans Terres ou Tenemens de quelque Délinquant (coupable de Haute Trahifon) qui relève immédiatement de la Couronne,

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en auront l'inveftiture & la poffeffion; & il eft ordonné par cet Acte, qu'ils tiendront de Sa Majefté, les-dites Terres ou Tenemens, eux, leurs héritiers & successeurs, à foi & à hommage pour toujours, de la même maniere, que ledit Délinquant les tenoit lui-même de la Cou ronne. De forte qu'un Montagnard d'Ecoffe poura, en tout tems, être un bon Tenant, fans être Rebelle. Il poura mériter le nom de fidèle ferviteur, & il en confervera le caractère, fans fe croire obligé de suivre fon Maître jufqu'à la potence.

Comment pourons-nous affez louer la bonté de Sa Majefté, le Roi GEORGE, qui ne veut pas permettre, qu'il y ait un feul efclave dans fes Etats! Pouvons-nous trop nous féli citer de la pratique de cette fidélité, qui, par un éfet contraire à celui qu'elle produit chez nos Voifins, qu'elle livre à la plus ignominieufe fervitude, nous fait jouir ici de toutes les douceurs, & des priviléges les plus rares de la Franchife, & de la Propriété! Il eft à préfumer, que nous n'aurons pas dorénavant beaucoup de Vaffaux, fi ce n'eft des Loix de notre Pays:

Ceux qui auront une fois goûté le plaifir de la Propriété, ne pouront s'empêcher d'aimer cette favorable Conftitution, qui leur procure de fi grands avantages. En éfet, quel plaifir n'a-t-on pas de pouvoir dire, Ceci eft à moi! Un Franc-Alleu, ne fût-il que de glace & de neige, rendra toujours le Propriétaire content de fa poffeffion, & il lui fera toujours mettre tout en ufage, pour se la conferver. C'eft ainfi que le Roi, fous qui

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nous vivons aujourd'hui, fait récompenfer notre fidélité. Ce grand Roi, par une bonté fans exemple dans un Souverain, par unebonté, dis-je, égale à l'entêtement de fes. Sujets, veut les rendre libres, malgré eux; & il ne veut pas foufrir, qu'aucun d'eux tombedans l'efclavage, qu'ils paroiffent chercher avec tant d'empreffement & d'opiniâtreté.

Un FREE-HOLDER, en Angleterre, a une averfion naturelle, pour tout ce qui tend à le foumettre à l'autorité de la volonté arbitraire d'un autre. Nous avons, dans toutes nos Hiftoires, un bon nombre d'exemples, qui prouvent évidemment, que rien n'eft plus. du goût de notre Nation, ni plus capable de captiver notre eftime, que de s'opofer avec courage, aux ateintes qu'on voudroit donner à notre Liberté Civile, & à la tiranie compliquée, que le Dupinendroit epercortin new coupes, & fur nos biens. Que dira la Postérité, que penfera-t-elle de ces Compatriotes travestis, quiont la fureur de s'expofer à être pendus, & écartelés, pour nous faire perdre ces Droits. Civils, que leurs Ancêtres ont défendus avec tant de fermeté, jufqu'à aimer mieux fe faire mettre en pièces fur le champ de bataille, que de les abandonner? Que diront ceux qui viendront après nous, de la Religion de ces malheureux, qui ont fi fort dégéneré de la vertu de leurs Prédéceffeurs, que, fi ces grands hommes ont eu le coura-. ge de braver les flammes, & d'y périr, pour écarter de chez nous la Superftition, ceux

ci

ei ofent, à l'envi, afronter les gibts, pour tâcher de l'introduire? Mais, laiffons à part l'avantage & les inftructions, que nos Neveux pouront tirer de l'aveugle conduite de ces lâches Anglois; & atachons-nous à confidérer de plus près la félicité du fiècle où nous vivons. Puisque tant d'indignes Ecrivains ont fait tous leurs éforts, pour pallier, & pour juftifier la mauvaise Caufe, je dois faire de mon côté, tout ce qui dépendra de moi, pour défendre la bonne; & en cela, j'aurai d'autant moins de peine, que, pour fa défenfe, il ne faut que l'expofer fimplement. Tandis que mes braves Compatriotes font ocupés à pourfuivre les Rebelles àdemi défaits, par les remords de leurs confciences, qui leur reprochent leur crime, je tâcherai de faire fervir leurs victoires à l'a vantage de ma Patrie. Je tâcherai de les pouffer, jufques dans l'efprit de mes Lecteurs: & je n'oublierai rien, pour ramener ces Sujets révoltés à l'obeïffance de leur Roi; & pour leur infpirer les juftes fentimens qu'ils doivent avoir pour la Caufe de leur Pays, & de leur Religion.

Pour cet efet, dans le cours de ces Effais dont il en fera publié un, tous les Lundis & les Vendredis, je m'apliquerai à leur faire o uvrir les yeux fur leurs propres interêts: je leur exposerai les priviléges d'un FREEHOLDER Anglois, priviléges dont nous jouïffons tous en commun, & je leur ferai comprendre, combien l'Adminiftration &

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