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et sincère désir de voir aboutir les négociations avec la cour de Rome à un meilleur résultat; il rappelait les promesses explicites faites par le gouvernement dans la dernière législature, et déplorait que les faits eussent démenti complétement les espérances que ses déclarations avaient fait concevoir.

Le vote particulier se prononçait hautement en faveur de la légalité, si souvent violée par les ministres, et exprimait l'espoir que désormais la loi suffirait pour gouverner.

Il réclamait aussi une organisation simplifiée et économique de l'administration. Relativement au nouveau système tributaire, il recommandait la réalisation des réformes, non pas seulement de celles qui étaient jugées indispensables, mais de toutes celles qui seraient possibles.

A ce sujet, le gouvernement avait fait une omission que lui reprochait M. Seijas. Le discours de la couronne avait gardé le silence relativement aux comptes annuels. qui sont l'indispensable complément du budget; ces comptes, exactement présentés, seraient pourtant l'un des moyens les plus efficaces contre les abus et les dilapidations.

L'administration de la justice, la législation sur la presse, la marine, les relations extérieures, en un mot, toutes les questions importantes, étaient traitées dans ce document.

De son côté, la fraction Bravo-Murillo, composée des amis personnels du général Narvaez, et qui comptait plusieurs membres dans la commission de l'adresse, introduisit dans sa réponse au discours royal quelques réserves consenties avec peine par le gouvernement. De graves discussions s'élevèrent à ce sujet dans le conseil, et, sans la crainte de dissoudre la majorité, les deux programmes eussent été également repoussés.

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Au sénat, le duc de Frias, président de la chambre, donna aussi, par un vote particulier, le signal d'une opposition plus calme et plus modérée que celle du congrès, mais qui n'en devait pas moins être embarrassante dans certaines questions délicates, surtout dans la question du mariage de la reine.

Telles étaient les dispositions des partis lorsque la discussion

de l'adresse commença, pour le sénat, le 30 décembre, et pour le congrès, le 3 janvier. Ces difficultés furent encore augmentées par des manifestations aussi graves qu'inattendues relatives à la question qui dominait toute la politique de l'Espagne, le mariage de la reine.

Pendant le séjour de la reine aux eaux de Caldas, don Enrique Maria de Borbon. fils de l'enfant don Francisco, arriva à Barcelone, où il fut reçu avec éclat. A ce moment même, un grand nombre de députés conservateurs se réunissaient à Madrid chez M. Pacheco, pour protester contre la candidature des comtes de Montemolin et de Trapani. La popularité de don Enrique fit de lui le point de ralliement de toutes les oppositions. Dans cette situation délicate, le jeune prince, cédant à la fois au mécontentement que lui avaient causé certains procédés du ministre de la marine, son chef hiérarchique, aux éloges des journaux et à des conseils imprudents, adressa à trois journaux progressistes un sorte de manifeste politique. C'était là compromettre son avenir, et il y avait une haute imprudence à se jeter ainsi dans les bras d'un parti extrême.

Le jeune prince fut immédiatement envoyé par ordre supérieur au Ferrol. Quelque temps après, il se démit du commandement du brick la Villa de Bilbao, et fut envoyé en exil. D'un autre côté, une réunion de députés protesta contre l'alliance du comte de Trapani, frère du roi de Naples, que rendaient probable à cette époque les négociations actives du prince Carini ambassadeur des Deux-Siciles.

Placé en face d'une opposition imposante qui se manifestait contre la candidature du prince italien, le ministère dut s'expliquer. Le 26 janvier, le ministre des finances, M. Mon, prit la parole devant le congrès pour affirmer que le cabinet n'avait pas été un seul instant divisé sur cette question. Ceci répondait à des bruits de crise ministérielle qui avaient couru pendant plusieurs jours. Puis, le général Narvaez déclara que jamais les ministres de Sa Majesté ne consentiraient à l'exclusion d'un prince quelconque, et qu'ils respectaient trop la prérogative

royale pour chercher à influencer le choix de la reine. Quant à la question du mariage, elle n'existait encore ni pour eux, ni pour la chambre, puisqu'elle n'était pas encore un objet de discussion. En résumé, le gouvernement s'engageait à porter à son temps la question devant les cortès, qui devraient la résoudre.

La majorité se montra satisfaite de ces explications, et plusieurs membres de la minorité accueillirent les paroles du président du conseil avec des témoignages de la plus formelle approbation.

La discussion de la nouvelle loi électorale proposée par le gouvernement (voyez l'Annuaire précédent, p. 385) commença au congrès le 4 février.

M. Martinez de la Rosa s'attacha à prouver qu'il y avait un grand progrès dans la substitution de l'élection directe à l'élection indirecte. L'élection par districts réunissait, selon lui, tous les avantages : elle était la plus simple, elle exprimait plus clairement la volonté des populations, elle contribuait à mettre en lumière l'opinion publique et à vaincre cette indifférence électorale qui n'était que trop ordinaire.

La discussion des articles commença le 5.

L'article 1er constituait à lui seul toute la loi. Il substituait l'élection par districts ou collèges à l'élection par provinces jusqu'ici en vigueur.

A ce moment, éclata une complication attendue depuis longtemps. Les germes de désunion qui existaient entre quelquesuns des membres de l'administration enfantèrent une crise ministérielle. Le 10 février, le général Narvaez donna sa démission, qui fut acceptée. Les cinq autres ministres refusèrent d'imiter cet exemple, et, forts de la majorité qu'ils avaient obtenue dans les chambres, ils ne voulurent sortir du pouvoir que par une destitution. Le marquis de Miraflorès, nommé président du conseil et ministre des affaires étrangères, fut chargé de former une administration nouvelle. Il s'adjoignit les généraux Topete et Roncali pour la marine et pour la guerre; M. Istu

ritz, président du conseil à l'époque de la révolution de la Granja, fut appelé à l'intérieur, MM. Peña-Aguayo aux finances, et Arrazola à la justice.

Une position spéciale fut faite au général Narváez. Il fut nommé commandant en chef de l'armée. Le général avait, au reste, constamment dominé la crise. Aussitôt après sa démission, la mission avait été donnée par la reine au marquis de Viluma de former un ministère : celui-ci n'avait pu y parvenir. Alors le général Narvaez avait été rappelé, et ce n'avait été que sur son refus d'entrer dans une combinaison nouvelle, que M. le marquis de Miraflorès avait accepté la tâche de reconstituer une administration.

Mais la dignité conférée au général entraînerait-elle quelques attributions réelles, quelque délégation du pouvoir exécutif? Si cela devait être, quelques-uns exprimaient la crainte que les habitudes d'indépendance et de domination, ainsi que la haute influence du général, ne rendissent cette position dangereuse pour le pays.

Interpellé sur cette nomination, le nouveau ministère répondit que le titre de généralissime accordé au général Narvaez était purement honorifique, et qu'il ne pourrait s'y rattacher aucune attribution, aucun commandement, si ce n'est dans des cas spéciaux, et en vertu d'un ordre royal contresigné du ministère de la guerre. Ces réserves ne purent satisfaire le général Serrano, qui soutint qu'une dignité semblable était contraire. aux ordonnances et à toutes les règles de la hiérarchie, et qu'elle ne pourrait avoir aucune valeur sans l'approbation des

cortès.

Dans la même journée (16 février) le ministère eut à s'expliquer sur les nécessités de sa formation, et à donner le programme de ses idées politiques et administratives. Sur le premier point, le général Narvaez déclara qu'il avait donné sa démission parce qu'il n'avait pu s'entendre avec ses collègues. Il est vrai que toutes les questions visibles avaient été résolues d'un commun accord; mais il y avait eu entre lui et ses collè

gues des dissentiments sur lesquels le général refusa de s'expliquer d'une manière plus catégorique.

Quant aux idées de l'administration nouvelle, M. de Miraflorès ne sortit guère des généralités. Il déclara qu'il acceptait les bases du système tributaire, sauf quelques modifications indispensables qu'il ne fit pas connaître. Il annonça l'intention probable du gouvernement de retirer le budget de 1846, pour l'examiner à nouveau, et voir s'il ne serait pas possible de faire quelques réductions aux chapitres des dépenses. Pour la loi relative à la liberté de la presse, il se contenta de déclarer que le projet chercherait à concilier la liberté de la pensée et l'intérêt public.

Cette crise ministérielle amena quelque confusion dans les partis. L'ancienne minorité des conservateurs, réunie sous la direction de M. Pacheco, renonça à se ranger du côté de l'opposition et s'apprêta à soutenir le ministère Miraflorès. L'ancienne majorité conservatrice, guidée par M. Bravo-Murillo, décida qu'il convenait de voir le gouvernement à l'œuvre avant de lui donner ou de lui refuser son appui.

Le premier soin du nouveau ministère fut la situation financière du pays. Le 23 février, M. Peña-Aguayo communiqua au congrès le budget de l'année. Le ministre avait fait subir au projet de M. Mon des modifications assez importantes : la contribution immobilière était réduite de 50 millions; la contribution dite de consumos était fixée à 150 millions; l'impôt sur les loyers était complétement supprimé; le droit d'hypothèque avait subi une réduction considérable: enfin, les contributions étaient divisées en nouvelles catégories qui rendaient la perception de l'impôt plus facile et plus équitable. Ces diminutions représentaient une somme de 76 millions, et pour combler ce vide, une somme égale était supprimée au budget des dépenses.

L'une des parties les plus importantes du nouveau budget était celle qui traitait de la dette publique. Les cortès avaient donné au ministère Narvaez l'autorisation de régler cette dette sous sa responsabilité. M. Peña-Aguayo déclara que l'adminis

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