ac, quum dissentirem malis moribus reliquorum, nihilominus eadem cupido honoris fama atque invidia, ubi animus requievit et decrevi reliquam ætatem officiis servilibus; res gestas populi Romani, carptim, ut quæque videbantur quod animus erat mihi De moribus cujus hominis pauca sunt explananda priusquam faciam initium narrandi. et, quoique je fusse éloigné-d'inclination des mauvaises mœurs des autres, néanmoins le même désir d'honneurs me tourmentait par les propos mauvais et par l'envie, dès que mon âme se reposa au sortir de beaucoup de tourments et que je résolus le reste de la vie à des fonctions serviles; mais étant revenu là-même (à ce travail), duquel travail commencé une ambition funeste m'avait tenu-éloigné, je résolus d'écrire-en-détail les choses faites (les actes) du peuple ropar-extraits, selon que chaque fait me semblait digne de mémoire; d'autant plus que l'esprit était à moi affranchi d'espérance, de crainte, des partis de la république. [main, -V. Lucius Catilina, nobili g genere natus', fuit magna vi et animi et corporis, sed ingenio malo pravoque. Huic ab adolescentia bella intestina, cædes, rapinæ3, discordia civilis, grata fuere; ibique juventutem suam exercuit. Corpus patiens inedia, vigilia, algoris, supra quam cuiquam credibile est j animus audax, subdolus, varius, cujuslibet rei varius, cujuslibet rei simulator ac dissimulator*, ·, alieni appetens, sui profusus, ardens in cupiditatibus; satis loquentiæ, sapientiæ parum. Vastus animus immoderata, incredibilia, nimis alta semper cupiebat. Hunc post dominationem Lucii Sullæ lubido maxuma invaserat reipublicæ capiundæ ; neque id quibus modis assequeretur, dum sibi regnum pararet, quidquam pensi habebat. Agitabatur magis magisque in dies animus ferox inopia rei familiaris et conscientia scelerum; quæ utraque his artibus auxerat, quas supra memoravi. Incitabant præterea corrupti civitatis mores, V. Lucius Catilina, issu d'une famille noble, était d'une grande vigueur d'âme et de corps, mais d'un naturel méchant et dépravé. Dès sa jeunesse les guerres intestines, les meurtres, les rapines, la discorde civile, eurent pour lui des charmes, et ce furent là les exercices de son âge mûr. Robuste de corps, il supportait la faim, les veilles, le froid, avec une incroyable facilité; au moral, il était audacieux, rusé, plein de souplesse, habile à tout feindre comme à tout dissimuler, avide du bien d'autrui, prodigue du sien, ardent dans ses passions; il avait la parole assez facile, mais peu de jugement. Rien d'excessif, rien d'incroyable, rien d'inaccessible, où ne tendît constamment cette âme insatiable. Depuis la domination de Lucius Sylla, il était possédé du plus violent désir de s'emparer du pouvoir suprême; et quant aux moyens d'y parvenir, pourvu qu'il se fit souverain, il n'avait point de scrupules. De jour en jour la farouche violence de sa nature s'aigrissait davantage par le dépérissement de son patrimoine et par les remords de sa conscience, double fléau cruellement développé par les habitudes que je viens de signaler; il était excité d'ailleurs par la corruption des mœurs publiques, que V. Lucius Catilina, natus genere nobili, fuit magna vi et animi et corporis, sed ingenio malo pravoque. supra quam est credibile V. Lucius Catilina, né d'une race noble, fut d'une grande force et d'esprit et de corps, mais d'un caractère méchant et dépravé. A lui dès son adolescence les guerres intestines, les meurtres, les rapines, la discorde civile, furent choses agréables; et c'est là qu'il exerça son âge-mûr. Son corps était dur à la diète, à la veille, au froid, plus qu'il n'est croyable son esprit était audacieux, et habile-à-la-dissimulation ardent dans ses désirs; assez de facilité-d'élocution, peu de jugement était à lui. Son âme vaste (insatiable) toujours aspirait-à des buts démesurés, incroyables, trop haut-placés. Depuis la domination de Lucius Sylla, une immense passion de saisir l'administration-publique s'était emparée de lui, et il n'avait rien de pesé (aucun scrupule pourvu qu'il se procurât la royauté. par le manque de bien de-famille que j'ai rappelés ci-dessus; outre-cela les mœurs corrompues de la cité (des citoyens) avari quos pessumą ac diversa inter se mala, luxuria atque tia', vexabant. Res ipsa hortari videtur, quoniam de moribus civitatis tempus admonuit, supra repetere, paucis instituta majorum domi militiæque, quomodo rempublicam habuerint, quantamque reliquerint, utque, paulatim immutata, ex pulcherruma pessuma ac flagitiosissuma facta sit, disserere? 3 VI. Urbem Romam, sicuti ego accepi, condidere atque habuere initio Trojani, qui, Ænea duce profugi, sedibus incertis vagabantur; cumque his Aborigines, genus hominum agreste, sine legibus, sine imperio, liberum atque solutum. Hi postquam in una monia convenere, dispari genere, dissimili lingua, alius alio more viventes, incredibile memoratu est quam facile coaluerint. Sed postquam res eorum civibus, moribus, agris aucta, satis prospera satisque pollens videbatur, sicuti pleraque travaillaient incessamment deux vices opposés, mais également funestes, la prodigalité et la cupidité. Et ici, puisque l'occasion m'a amené à parler des mœurs publiques, mon sujet même semble m'inviter à reprendre de plus haut, à exposer en peu de mots les principes qui guidèrent nos ancêtres soit en paix soit en guerre, à faire voir ce que fut la République entre leurs mains, combien ils la laissèrent florissante, et comment, dégénérant peu à peu, elle est tombée d'un tel degré de splendeur à un tel degré d'abaissement et de honte. VI. La ville de Rome, d'après les documents qui me sont parvenus, fut fondée et occupée d'abord par des Troyens, qui, fugitifs sous la conduite d'Énée, erraient çà et là sans demeures fixes; et avec eux par les Aborigènes, race sauvage, sans lois, sans gouvernement, libre et indépendante. A peine se trouvèrent-ils réunis dans une même enceinte, que malgré la disparité des races, malgré la différence des langues et la diversité des usages, ils se fondirent en une seule nation avec une incroyable facilité. Mais quand le nouvel État, devenu plus important par le nombre des citoyens, par les progrès de la civilisation, par l'extension du territoire, parut assez prospère et assez florissant, comme il arrive en général parmi les mortels, incitabant, quos mala pessuma Res ipsa videtur hortari, habuerint rempublicam, quantamque reliquerint, utque paulatim immutata facta sit ex pulcherruma pessuma ac flagitiosissuma. VI. Trojani, l'excitaient encore, lesquelles mœurs des vices détestables et opposés entre eux, la prodigalité et la cupidité, ils administrèrent la chose-publique, et combien-grande ils la laissèrent, et comme peu-à-peu changée elle fut faite de très-belle très-mauvaise et très-honteuse. VI. Des Troyens, qui, profugi, Ænea duce, qui, fugitifs, Enée étant leur chef, vagabantur sedibus incertis, condidere, sicuti ego accepi, atque habuere initio urbem Romam ; cumque his Aborigines, genus hominum agreste, sine legibus, sine imperio, liberum atque solutum. Postquam hi convenere in una monia, genere dispari, lingua dissimili, viventes alius alio more, est incredibile memoratu quam facile coaluerint. Sed postquam res eorum, aucta civibus, moribus, agris, videbatur satis prospera satisque pollens, sicuti habentur pleraque mortalium, erraient-çà-et-là dans des lieux-de-séjour incertains, fondèrent, comme moi je l'ai appris, et possédèrent d'abord et avec eux les Aborigènes, furent réunis dans de mêmes murs, quoique de race différente, de langue dissemblable, |