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mortalium habentur, invidia ex opulentia orta est. Igitur reges popunque finitumi bello tentare; pauci ex amicis auxilio esse: nam ceteri metu percussi a periculis aberant. At Romani, domi militiæque intenti, festinare, parare, alius alium hortari, hostibus obviam ire, libertatem, patriam parentesque armis tegere; post, ubi pericula virtute propulerant, sociis atque amicis. auxilia portabant', magisque dandis quam accipiundis beneficiis amicitias parabant. Imperium legitimum, nomen imperii regium habebant; delecti, quibus corpus annis infirmum, ingenium sapientia validum erat, reipublicæ consultabant : hi vel ætate, vel curæ similitudine, Patres appellabantur. Post, ubi regium imperium, quod initio conservandæ libertatis atque augendæ reipublicæ fuerat, in superbiam dominationemque convertit, immutato more, annua imperia binosque imperatores sibi fecere: eo modo minume posse putabant per licentiam insolescere animum humanum.

l'envie naquit de l'opulence. Les rois et les peuples voisins essayèrent contre eux leurs armes: un petit nombre de peuplades amies leur vinrent en aide; les autres, frappées d'épouvante, se tenaient loin du danger. Cependant les Romains, actifs en paix comme en guerre, de s'agiter, de se préparer, de s'exhorter les uns les autres, de courir au devant des ennemis, de couvrir de leurs armes leur liberté, leur patrie, leurs parents; puis, dès que par leur valeur ils avaient repoussé le péril, ils portaient des secours à leurs alliés et à leurs amis, et se ménageaient des amitiés nouvelles en se montrant plus empressés à rendre des services qu'à en recevoir. Ils avaient un gouvernement fondé sur des lois, un chef revêtu du titre de roi. Des hommes d'élite, dont le corps était affaibli par les ans, mais dont l'esprit était fortifié par l'expérience, veillaient aux intérêts généraux : ces hommes, à raison soit de leur âge, soit de leurs soins tout paternels, recevaient le nom de Pères. Plus tard, lorsque l'autorité royale, instituée pour la conservation de la liberté et le développement de la prospérité publique, eut dégénéré en orgueil et en despotisme, la forme du gouvernement changea le pouvoir devint annuel, et l'on se donna deux chefs à la fois. On espérait ainsi, en limitant l'autorité, rendre impossibles au cœur humain de trop insolents écarts.

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invidia

orta est ex opulentia.
Igitur reges
populique finitumi
tentare bello,
pauci ex amicis
esse auxilio :

nam ceteri percussi metu aberant longe a periculis. At Romani,

intenti domi militiæque,
festinare, parare,
hortari alius alium,
ire obviam hostibus.
tegere armis libertatem,
patriam parentesque ;
post, ubi virtute
propulerant pericula,
portabant auxilia
sociis atque amicis,
parabantque amicitias
magis dandis beneficiis
quam accipiundis.
Habebant

imperium legitimum,
nomen imperii regium;
delecti, quibus corpus
erat infirmum annis,
ingenium
validum sapientia,
consultabant reipublicæ :
hi vel ætate,

vel similitudine curæ, appellabantur Patres. Post, ubiimperiumregium, quod initio fuerat conservandæ libertatis atque augendæ reipublicæ, convertit in superbiam dominationemque, more immutato,

sibi fecere imperia annua imperatoresque binos: eo modo putabant animum humanum posse minume per licentiam insolescere.

l'envie

naquit de l'opulence. Donc les rois

et les peuples limitrophes de les essayer par la guerre, peu de leurs amis

d'être à secours à eux :

[gers.

car les autres frappés d'effroi
étaient-absents (se tenaient) loin des dau-
D'autre part les Romains,
actifs à l'intérieur et en guerre,
de s'empresser, de se préparer,
de s'exhorter l'un l'autre,
d'aller au devant des ennemis,
de protéger par les armes leur liberté,
leur patrie et leurs parents;
puis, dès que par leur courage
ils avaient repoussé les périls,
ils portaient secours

à leurs alliés et à leurs amis,
et acquéraient des amitiés nouvelles
plus en conférant des bienfaits
qu'en en recevant des autres.
Ils avaient à leur téte

un pouvoir réglé-par-la-loi,

et pour nom de ce pouvoir un nom royal, des hommes choisis, à qui le corps était affaibli par les ans,

mais l'esprit

fort par la sagesse,

avisaient aux intérêts-publics : ceux-ci soit par l'âge,

soit par l'analogie de leur administration, étaient appelés Pères.

Ensuite, dès que le pouvoir royal, qui à l'origine avait été le moyen de conserver la liberté

et de développer la prospérité-publique, tourna en orgueil

et en despotisme,

la coutume ayant été changée,

ils se firent (créèrent) des pouvoirs annuels et des gouvernants deux-par-deux : par ce moyen ils pensaient

l'esprit humain

ne pouvoir nullement par abus-d'autorité sortir-des-bornes-ordinaires.

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VII. Sed ea tempestate cœpere se quisque extollere, magisque ingenium in promptu habere. Nam regibus boni quam mali suspectiores sunt, semperque his aliena virtus formidolosa est; sed civitas, incredibile memoratu est, adepta ' libertate, quantum brevi creverit : tanta cupido gloriæ incesserat! Jam primum juventus simul laboris ac belli patiens erat, in castris usu militiam discebat; magisque in decoris armis et militaribus equis, quam in scortis atque conviviis, lubidinem habebant. Igitur talibus viris non labos insolitus, non locus ullus asper aut arduus erat, non armatus hostis formidolosus: virtus omnia domuerat. Sed gloriæ maxumum certamen inter ipsos erat sic quisque hostem ferire, murum ascendere, conspici, dum tale facinus faceret, properabat; eas divitias, eam bonam famam magnamque nobilitatem putabant; laudis avidi, pecuniæ liberales erant; gloriam ingentem, divitias ho

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VII. Cependant vers cette époque chacun commença à relever la tête et à produire plus volontiers au dehors les ressources de son génie. C'est qu'en effet les gens estimables sont plus suspects aux rois que les gens sans valeur, et que le mérite d'autrui leur fait toujours ombrage; mais une fois la liberté conquise, on ne saurait croire quels progrès firent en peu de temps les citoyens à tel point la passion de la gloire s'était emparée de toutes les âmes! Et d'abord les jeunes Romains supportaient à la fois fatigues et combats, se formaient à la milice au milieu des camps par la pratique même, et se passionnaient plus pour de belles armes et des chevaux bien dressés que pour des courtisanes ou des festins. Aussi n'était-il pour de tels hommes ni travail extraordinaire, ni terrain rude ou escarpé, ni ennemi redoutable sous les armes d'avance, leur valeur avait tout dompté. D'ailleurs il existait entre eux une immense rivalité de gloire c'était à qui frapperait un ennemi, escaladerait un mur, se ferait remarquer dans l'accomplissement d'un tel exploit; là ils plaçaient la vraie richesse, la bonne renommée, la noblesse par excellence; avides de louanges, ils donnaient l'argent avec libéralité;

VII. Sed ea tempestate cœpere quisque se extollere, et habere ingenium magis in promptu : nam boni sunt regibus suspectiores quam mali, hisque virtus aliena est semper formidolosa; sed est incredibile memoratu

quantum civitas
creverit brevi,
libertate adepta :
tanta cupido gloriæ
incesserat!

Jam primum juventus
erat patiens laboris
ac simul belli,
discebat militiam
usu in castris,
habebantque lubidinem
magis in armis decoris
et equis militaribus,
quam in scortis
atque conviviis.
Igitur talibus viris
non ullus labor
erat insolitus,

non locus asper aut arduus, non hostis armatus formidolosus :

virtus domuerat omnia. Sed maxumum certamen gloriæ

erat inter ipsos :

sic quisque properabat ferire hostem, ascendere murum, conspici,

dum faceret tale facinus ;

putabant eas

divitias,

eam bonam famam

magnamque nobilitatem; erant avidi laudis, liberales pecuniæ; volebant

VII. Mais à cette époque on commença chacun à s'élever, et à avoir son talent

plus en montre :

car les gens de-mérite sont pour les rois plus suspects que les gens sans-valeur, et à eux le mérite d'-autrui

est toujours formidable;
mais il est incroyable
à être rappelé

combien la cité (la valeur des citoyens)
grandit en-peu-de-temps,
la liberté une fois acquise:
un si-grand désir de gloire
s'était emparé de tous !
Et d'abord la jeunesse
était dure à la fatigue

et en même temps à la guerre, elle apprenait le service

par la pratique dans les camps,

et ils (les jeunes gens) avaient leur passion plus dans des armes belles

et des chevaux bien-dressés-à-la-guerre, que dans des prostituées

et des festins.

Aussi pour de tels hommes ni aucune fatigue

n'était inaccoutumée,

ni aucun lieu raboteux ou roide-à-gravir, ni aucun ennemi armé redoutable :

leur valeur avait dompté tout. Mais une très-grande rivalité de gloire

était entre eux-mêmes :

ainsi chacun avait-hâte de frapper un ennemi, d'escalader un mur, d'être remarqué,

tandis qu'il ferait un tel acte;
ils pensaient celles-là

être les vraies richesses,
celle-là la bonne renommée
et la grande noblesse;

ils étaient avides de louange,
généreux d'argent;
ils voulaient

nestas' volebant. Memorare possem quibus in locis maxumas hostium copias populus Romanus parva manu fuderit, quas urbes natura munitas pugnando ceperit, ni ea res longius nos ab incepto traheret.

VIII. Sed profecto fortuna in omni re dominatur : ea res cunctas, ex lubidine magis quam ex vero, celebrat obscuratque. Atheniensium res gestæ, sicuti ego æstumo, satis amplæ magnificæque fuere, verum aliquanto minores tamen quam fama feruntur. Sed quia provenere ibi scriptorum magna ingenia, per terrarum orbem Atheniensium facta pro maxumis celebrantur : ita eorum qui ea fecere virtus tanta habetur, quantum verbis ea potuere extollere præclara ingenia. At populo Romano nunquam ea copia fuit, quia prudentissumus quisque negotiosus maxume erat: ingenium nemo sine corpore exercebat; optumus quisque facere quam dicere, sua ab aliis benefacta laudari quam ipse aliorum narrare malebat.

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insatiables de gloire, ils se contentaient d'une honnête aisance. Je pourrais rappeler les lieux où le peuple romain, avec une poignée de soldats, mit en déroute des armées considérables d'ennemis, les villes fortifiées par la nature qu'il emporta d'assaut; mais ce récit m'entraînerait trop loin de mon sujet.

VIII. Il faut bien le reconnaître pourtant, la fortune étend son empire sur toutes choses: c'est elle qui partout, au gré de son caprice et en dépit du vrai, donne la célébrité ou l'obscurité. Les actions des Athéniens, j'en suis convaincu, sans manquer ni de grandeur ni de magnificence, n'eurent pas tout l'éclat dont la renommée les entoure; mais parce que l'Attique fut féconde en écrivains d'un grand talent, les exploits des Athéniens sont célébrés par tout l'univers comme autant de prodiges le mérite de ceux qui les ont accomplis se mesure à la hauteur des expressions par lesquelles d'illustres génies ont su les grandir. Le peuple romain, au contraire, n'eut jamais cet avantage, parce que les plus intelligents y furent aussi les plus agissants; nul n'y exerçait l'esprit sans le corps; les citoyens les plus éminents aimaient mieux faire que dire, voir louer par d'autres leurs propres exploits que raconter eux-mêmes ceux des autres.

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