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IV

Page XLVII.

Acte de baptême de CHARLES DE LA FONTAINE, fils du počte (extrait du registre de la paroisse de Saint-Crépin, à Château-Thierry).

Le trente octobre et an que dessus (1653) a esté baptisé par moy prestre et curé de cette église soubsigné, un fils Charles. Son pere Jehan de la Fontaine, maistre des eaux et forêts, sa mere Marie Héricart. Le parin M. François de Mocroix, chanoine de l'eglise cathedrale de Rheims, la marine Geneviefve Her belin, femme de M. Jehan Josse, avocat au Parlement.

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Lettre (inédite) à Mademoiselle de la Fontaine, à Château-Thierry.

« Ma chère sœur, j'arriverai à Château-Thierry, jeudi au soir. Je pars par le coche de Joinville; la voiture répond bien peu à l'élégance de mon papier. Il me conduira à la Ferté, et de là je prendrai des chevaux. Mon voyage ne sera pas long. Les premiers jours du mois prochain, je compte être à Livry

l'avons vu, à Agnès Petit, il eut pour fils Louis Héricart, et Marie Héricart, femme de la Fontaine. Louis Héricart, beau-frère de notre poète, eut, à son tour, l'office de lieutenant de bailliage, conservé, de père en fils, dans cette famille, depuis 1618 jusqu'en 1703. [Un acte de vente du 16 mai 1696 nous apprend qu'il vivait encore à cette date. Il était né en 1629, quatre ans avant Marie Héricart, sa sœur.]

La famille Héricart était une des plus anciennes de la Ferté-Milon, et des plus notables. [Denis Héricart était, en 1589, gouverneur du château de cette ville, et paya de sa vie sa fidélité au service du Roi. Il fut jeté par les habitants du haut des murailles dans les fossés. Cinq ans après, en 1594, son neveu, Jourdain Héricart, fut aussi gouverneur du château; mais pour les ligueurs.] Était-il de ces sages qui crient, selon les temps: Vive le Roi, vive la Ligue? Au siècle précédent, un autre Jourdain Héricart, qui vivait vers 1475, avait épousé une Colette Drouart. Nous notons cette alliance avec une famille de gentilshommes, seigneurs de Norroy et autres lieux, parce que Mlle de la Fontaine, descendante de ces Drouarts, se trouvait par eux parente de Jean Racine: voyez ci-dessus, p. LXX, et ci-après, p. ccix.

où l'on m'attend. Je vous annonce une nouvelle affreuse: Mademoiselle Regnaud est ma compagne de voyage; elle espère loger chez vous, en passant, jusqu'à la fin de ses affaires; tel est son projet. Ainsi, si vous ne pouvez me donner un lit, faites-moi le plaisir d'en faire demander à M. Thierrion de ma part. Je compte être quelques jours à Neuilly; aussi je serai très-peu incommode.

« M. le duc de Bouillon m'a promis que je trouverois à Château-Thierry des ordres pour les bois. Dieu le veuille! En tous cas, voici l'été, et nous avons le temps de les attendre. M. Desfossés m'a juré qu'on ne faisoit pas plus de diligence pour lui que pour vous. Mon papier vous paroîtra fou; je vous écris de chez Mme de Montboissier, où je n'en trouve pas d'autre. Mes respects à ma chère mère. Voici la quittance de Delabarre. Je vous embrasse de tout mon cœur et suis

Ce mardi au soir, »

DE LA FONTAINE.

Voici l'explication des mots « l'élégance de mon papier » et de ceux-ci << Mon papier vous paroîtra fou ». Ce papier a une bordure de fleurs peintes à la gouache; en tête de la lettre, une petite figure de femme, et à la fin, entre et suis et la signature, un gentilhomme en habit rouge, l'épée au côté. Les costumes de ces deux personnages nous ont paru plutôt du dix-huitième siècle que du dix-septième. Sans oser nous prononcer absolument sur l'écriture, nous dirons que celle de notre poëte a quelques caractères que nous n'avons pu retrouver dans la lettre. Ni les personnes, ni les lieux que la lettre nomme ne nous sont familiers dans l'histoire de la Fontaine. La mention de la mère encore vivante, et sans qu'il soit question du père, est loin d'être sans difficultés. Nous trouvons une bien plus grande objection encore dans le passage sur le duc de Bouillon, qui, si l'on suppose la lettre écrite par notre Jean de la Fontaine, donne des ordres pour des distributions de bois à Château-Thierry, bien longtemps avant l'échange qui lui en fit posséder le duché. Nous croyons donc plutôt le petit billet écrit par le petit-fils de la Fontaine, Charles-Louis, à l'une des trois sœurs nées, comme lui, de Charles de la Fontaine et de Françoise-Jeanne du Tremblay. Les petites figures, peintes à la gouache, représentent assez probablement Mme et M. de Montboissier. Celui-ci, avec son habit rouge, pourrait être ce Montboissier-Beaufort, vicomte de Canillac, qui servit, avec grande distinction, dans les mousquetaires, de 1728 à 1751. La lettre aurait été écrite par Charles-Louis de la Fontaine à une date assez voisine de 1740. Né en 1718, il avait perdu son père en 1722. Sa m ère ne mourut qu'en 1763.

I

Page LXX.

TABLEAU GÉNÉALOGIQUE

qui prouve la parenté du poëte Jean 'Racine et de Marie Héricart, femme de la Fontaine, comme descendants de Pierre Drouart de Norroy, vivant en 1400.

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PIERRE DROUART DE NORROY, marié à JEANNE MOREIL DE LA GRAVELLE.

GILLES DROUART, marié à JEANNE DE PLOISY.

MARGUERITE DROUART, mariée à CLAUDE CHÉRON.

MARGUERITE CHÉRON, mariée à PIERRE SCONIN.

JEANNE SCONIN, mariée à JEAN RACINE.

JEAN RACINE, le poëte.

VII

Page cc.

Acte d'inhumation de LA FONTAINE (extrait du registre des sépultures de la paroisse de Saint-Eustache de Paris1).

Le jeudy 14 (avril 1695), deffunct Jean de la Fontaine, un des quarante de l'Acad. françoise, âgé de soixante-seize ans, demeurant rue Plâtrière à l'hoste Derval (sic), décédé du 13o du présent mois, a esté inhumé au cimetierre des Saints-Innocents.

CHANDELET.
R. (recu) 64 1. 10 s.

VIII

Page cc.

Acte d'inhumation de MARIE HÉRICART, veuve de JEAN DE LA FONTAINE (extrait des registres mortuaires de Chateau-Thierry).

L'an 1709, le 9 novembre, a été inhumée au grand cemitiere dame Marie Hericard, veufve de Jean de la Fontaine, genthôme (sic ?) servant ordinaire de Madame la duchesse d'Orleans, âgée de soixante et dix sept ans, au convoy de laquelle ont assisté ses parens et amys avec nous soussignés.

PINTEREL DE Niert.
PINTEREL. DOUCEUR 2.

1. Nous le donnons d'après le Dictionnaire critique d'histoire et de biogra phie de Jal, p. 723 B. D'Olivet s'est trompé, lorsqu'il a dit (Histoire de l'Académie, p. 332) que la Fontaine « fut enterré dans le cimetière de SaintJoseph, à l'endroit même où Molière avoit été mis, vingt-deux ans auparavant,»- On trouvera ci-après, dans l'Appendice, sous le numéro II, une note sur la sépulture de la Fontaine.

2. C'est le nom du curé, Pierre-Louis Douceur, bachelier de Sorbonne.

APPENDICE.

I

Page CCII.

ÉLOGE DE LA FONTAINE PAR FÉNELON.

IN FONTANI MORTEM,

Heu! fuit vir ille facetus, Esopus alter, nugarum laude Phædro superior per quem brutæ animantes, vocales factæ, humanum genus edocuere sapientiam. Heu! Fontanus interiit. Proh dolor! interiere simul Joci dicaces, lasciv Risus, Gratiæ decentes, doctæ Camenæ. Lugete, o quibus cordi est ingenuus lepos, natura nuda et simplex, incompta et sine fuco elegantia! Illi, illi uni per omnes doctos licuit esse negligentem. Politiori stilo quantum præstitit aurea negligentia! Tam caro capiti quantum debetur desiderium! Lugete, Musarum alumni. Vivunt tamen æternumque vivent carmini jocoso commissæ veneres, dulces nugæ, sales attici, suadela blanda atque parabilis; neque Fontanum recentioribus, juxta temporum seriem, sed antiquis, ob amænitates ingenii, adscribimus. Tu vero, lector, si fidem deneges, codicem aperi. Quid sentis? Ludit Anacreon. Sive vacuus, sive quid uritur Flaccus, hic fidibus canit. Mores hominum atque ingenia fabulis Terentius ad vivum depingit. Maronis molle et facetum spirat in hoc opusculo. Heu! quandonam Mercuriales viri quadrupedum facundiam æquiparabunt?

1

Traduction.

SUR LA MORT DE LA FONTAINE.

Hélas! il n'est plus le poëte enjoué, nouvel Ésope, et supérieur à Phèdre dans l'art de badiner, celui qui a donné une voix aux bêtes, pour qu'elles fissent entendre aux hommes les leçons de la sagesse. Hélas! la Fontaine a expiré. Ô douleur! Ont expiré avec lui les Jeux pleins de malice, les Ris folâtres, les Grâces élégantes, les savantes Muses. Pleurez, vous qui aimez le naïf enjouement, la nue et simple nature, l'élégance sans apprêt et sans fard. A lui, à lui seul, les doctes ont tous permis la négligence. Combien chez lui cette belle négligence se montre supérieure à un style plus poli! Que de regrets

I..... Vacui, sive quid urimur.... » (Horace, livre I, ode vi, vers 19.) 2. Si l'on avait trouvé la traduction du duc de Bourgogne, elle eût été curieuse à donner ici, au lieu de celle que nous avons hasardée.

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