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Les savants basques croient ce curieux fragment à peu près contemporain de la guerre des Cantabres. Humboldt en doute cependant à cause du nom de Biscaye, qu'on ne trouve que plus tard dans l'histoire. Il reconnaît toutefois la haute antiquité de la langue et du rhythme, et remarque que les mots employés dans ce fragment sont tous originairement basques, et purs d'alliage étranger (à l'exception d'un seul, grandoja, qui peut encore venir de gora, haut, et andia, grand). On n'y trouve point de rimes ni d'assonantes comme dans toutes les autres chansons basques imitées de l'espagnol (sauf le dernier vers, qui finit toujours en a). On remarquera l'énergie et l'âpreté toute primitive du rhythme, l'extrême concision et la simplicité de l'expression, enfin l'absence de liaisons artificielles entre les phrases et même entre les idées, indices certains de la haute antiquité de ce fragment. Il semble qu'on respire dans cette sauvage poésie quelque chose de la rude indépendance des Cantabres et de l'âpre brise de leurs montagnes.

Nous citerons en terminant quelques inductions fort ingénieuses que tire M. Fauriel des noms empruntés à l'astronomie usuelle des anciens Basques: « Il y a long-temps, dit-il(tome II, page 351), que les montagnards des Pyrénées ont adopté la semaine de sept jours; mais ils marquent ces sept jours d'une manière qui leur est propre, et qui constate qu'il fut un temps où ils divisaient le mois d'une autre manière. Ils ont pour les jours deux sortes de noms : d'abord des noms étrangers à leur langue; puis des noms tirés de leur propre langue, et qu'ils employèrent primitivement pour nommer les jours de la période adoptée par eux avant la semaine. Or, du nombre et du sens de ces noms, il résulte que les Basques n'eurent autrefois pour division du mois lunaire qu'une période de trois jours, qu'ils nommaient aste, et dont il fallait neuf pour un mois lunaire. Les trois jours de cette période se nommaient aste-lehena, le premier de l'aste,

aste artea ( Astarté, déesse des Phéniciens), le jour intermédiaire de l'aste; aste azquena, le dernier jour de l'aste.

» Les noms basques des mois, à l'exception de deux ou trois empruntés aux idiomes romans, sont tirés de la langue nationalc, et sont les mêmes dont les Basques se servaient du temps du paganisme. Chez eux comme chez les anciens, ces noms variaient de peuplade à peuplade; tous étaient tirés de l'aspect ou des productions de la nature à l'époque de l'an qu'ils désignaient, ce qui indique un état de société peu avancé, et une race d'hommes morcelée en petites tribus indépendantes.

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Quelques mois ont deux noms. Celui de septembre signific chef-mois, la tête ou le premier du mois, et suppose un temps où chez les Basques l'année commençait par ce mois. Les noms des signes du zodiaque sont basques. Le cancer se nomme argui-marra, la borne de la lumière ; la lune hillarguia, lumière morte. » Depping traduit ce mot par lumière périodique. Il cite aussi quelque dénominations curieuses, et qui, par leur sens complexe autant que pittoresque, et leurs ingénieuses périphrases, indiquent un peuple primitif et qui vit sans cesse avec la nature. Dieu s'appelle Jaun-goicoa, seigneur du haut; la nuit gab-a, absence de lumière; la mort eriotza, maladie froide; le soleil, eguzquia, créateur du jour; la lune qui monte, ilgoria; la lune qui descend, ilberia, elc.

II.

APPENDICE SUR LA LANGUE GOTHIQUE.

(Voyez liv. I, chap. 1, page 130.)

Tous les historiens du bas empire1 s'accordent à dire qu’Ulphilas fit aux Goths deux présents inappréciables, l'alphabet

↑ Philostorgius, 1. II, c. 5; Socrates, 1. IV, c. 27: Sozomenus, VI, 36.

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grec et une traduction de la Bible en langue gothique. Aschbach remarque avec beaucoup de sens qu'en disant qu'Ulphilas inventa l'alphabet gothique, il ne faut pas prendre ce mot d'inventer dans un sens trop absolu: car une Bible écrite dans des caractères étrangers au peuple goth n'aurait pu de longtemps lui devenir familière, et la lettre ici aurait fait tort à l'esprit. Il est plus naturel de penser qu'Ulphilas modifia, en la rapprochant de l'alphabet grec et romain, l'ancienne écriture des Goths, qui se servaient sans doute auparavant des caractères runiques, les plus rudes et les plus primitifs de tous les alphabets connus. Les fréquents rapports des Goths avec les provinces grecques du Danube avaient dû leur rendre familière la langue des Grecs et les monuments de leurs arts, et la prédication religieuse vint encore resserrer ces liens. Zahn 2 dans son savant commentaire sur la Bible d'Ulphilas fait observer avec grande raison la ressemblance frappante entre l'alphabet gothique, que nous donnons ci-joint, et l'alphabet grec, qui a donné également naissance à l'alphabet romain 3. Il faut donc penser qu'Ulphilas compléta, d'après le modèle grec, l'alphabet imparfait des Goths, et conserva leurs anciens caractères, là où les caractères grecs ne répondaient pas exactement au son de la lettre gothique 4. Là se borna probablement cette invention dont parlent tous les historiens.

Quant à la traduction de la Bible par l'évêque Ulphilas, elle est la meilleure preuve que les caractères qu'il inventa n'étaient pas entièrement nouveaux pour le peuple goth. Aurait-il en effet employé pour répandre chez ce peuple barbare les vérités de la religion des caractères avec lesquels leurs yeux ne fussent pas déjá familiarisés ?

L'authenticité de la précieuse Bible gothique si connue dans

1 Geschichte der West-Gothen, p. 33.

2 Zahn. Ulphila's gothische Bibel Uebersetzung. Weissenfels, 1805, in-4o, p. 22 de l'Introduction.

5 Les lettres F, R et S, paraissent empruntées au latin; mais il n'en est pas ainsi : car la lettre F était connue des Grecs sous le nom de digamma éolique, ou double gamma, et on trouve, quoique rarement, les signes R et S au lieu de

Pet Σ; le Q seul paraît emprunté au latin. (Note d'Aschbach, p. 34.)

4 Il en est ainsi, par exemple, des signes qui représentent I, HW, et U: car le signe pour W vient évidemment de l'r, et celui pour O de l'. Le signe pour HW vient peut-être du wau syrien, et celui pour U du runique.

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