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déclare plautinissimes. Aulu-Gelle admet aussi comme authentiques la Nervolaria, et la comédie intitulée Fretum. Que de plus il en existât une imitée du grec de Diphile, et inise en latin par Plaute sous le titre de Commorientes, Térence l'atteste dans le prologue des Adelphes. Mais plusieurs productions d'un Plautius, autre poëte comique, avaient été nommées plautianæ, et, par une erreur qu'Aulu-Gelle remarque, confondues avec celles de Plautus. On avait aussi attaché ce dernier nom à des ouvrages d'Aquilius, d'Attilius ou Acuticus. Ainsi, Messieurs, quoique le poëte de Sarsine eût probablement composé plus de vingt-quatre comédies, les quatre intitulées Commorientes, Fretum, Nervolaria et Boeotia, sont les seules qu'on puisse compter avec sécurité après les vingt qui nous sont parvenues. Dans ces vingt même, il se rencontre des lacunes que des latinistes modernes ont remplies par des morceaux, et des scènes entières qu'il faut bien se garder de confondre avec le texte de Plaute. La Harpe s'y est laissé tromper : il a critiqué, comme étant de Plaute, l'acte cinquième de l'Aulularia; acte qui, à l'exception des vingt premiers vers, appartient à un auteur du quinzième ou du seizième siècle, probablement à Urcéus Codrus. Dans les endroits même où il n'y a point de lacunes, le texte a subi des altérations. La preuve en est dans une soixantaine de vers cités par d'anciens auteurs, comme extraits des comédies de Plaute venues jusqu'à nous, et qui néanmoins ne se lisent dans aucun exemplaire manuscrit ou imprimé de ces mêmes comédies. De toutes ces pièces les plus connues sont l'Amphitryon, imité en portugais par Camoëns, en italien par Lodovico Dolce, en anglais par Dryden, en français par Rotrou et par Molière; l'Aulularia, où Molière a trouvé

l'Avare; les Ménechmes, transportés sur la scène italienne par le Trissin, sur l'anglaise par Shakspeare, sur la française par Rotrou, puis par Regnard; et la Mostellaria que P. Larrivey a presque traduite dans la comédie des Esprits, et de laquelle Regnard a tiré le Retour imprévu. On lit peu les Captifs de Rotrou, empruntés aussi de Plaute; mais la pièce latine est un modèle que M. Lemercier recommande aux jeunes poëtes. La Casina, dont on retrouve quelques traits dans les Folies amou reuses de Regnard et même dans le Mariage de Figaro de Beaumarchais, avait fourni à Machiavel le sujet de sa Clizia. L'une des premières scènes du Barbier de Séville en rappelle une du Curculion. Le Mariage interrompu de Cailhava est en partie emprunté tant de l'Epidicus que des Bacchis, l'une des plus spirituelles productions du poëte latin. Corneille, en composant le personnage de Matamore dans sa comédie de l'Illusion, et en général tous ceux qui ont mis des fanfarons sur la scène, ont profité du Miles gloriosus. M. Andrieux dit que trois vers d'Horace et le Trinummus de Plaute lui ont suggéré l'idée de sa comédie du Trésor. Mais on n'a presque rien tiré du Pseudolus ni du Truculentus, quoique ces deux comédies (le Trompeur et le Rustre) soient citées par Cicéron comme celles dont Plaute avait raison de s'enorgueillir. La Cistellaria, malgré la faiblesse de la composition, offre d'intéressants détails. Dix vers en langue punique et six en langue libyque, qui commencent la première scène de l'acte V du Poenulus, ont exercé la sagacité des érudits. Joseph Scaliger, Samuel Petit, Bochart, Soldanis, MM. Bellermann et Vallancey, ont essayé de les expliquer c'est un problème philologique qui peut sembler encore insoluble. Les autres pièces qui nous

restent de Plaute sont le Rudens (le Cordage ou l'Heureux naufrage), le Persa, l'Asinaria et le Stichus (ou la Fidélité conjugale). Ce dernier drame, que Limiers a pris la peine de traduire en vers, a paru peu digne de Plaute; et quelques Hommes de lettres ont soutenu qu'il n'en pouvait être l'auteur. On a peine, en effet, à y reconnaître son esprit, sa gaieté, son style. L'Asinaria a été fort maltraitée par les copistes : des lacunes, des interpolations et des déplacements la défigurent. L'intérêt est faible dans le Persa et n'est pas très-vif dans le Rudens, malgré le caractère romanesque de la composition. A la tête de chacune de ces vingt pièces, se lisent des vers acrostiches qui en indiquent le sujet, et que l'on croit du grammairien Priscien; ils ne sont sûrement pas de Plaute. On a longtemps attribué à ce poëte une vingt et unième comédie, intitulée Querolus; pour s'apercevoir qu'elle ne pouvait lui appartenir, il eût suffi d'observer que Cicéron y est cité, et que Plaute lui-même est désigné comme le modèle qu'on a suivi pour la composer. Une première édition de Plaute a paru dès 1472. On distingue parmi les dernières celle de M. Bothe, publiée à Berlin. M. Naudet en dispose une pour la collection classique de M. Lemaire; et il vient de faire paraître à part le Trinummus, accompagné de notes succinctes et fort instructives. Lambin et plusieurs autres savants ont commenté ces vingt comédies, qui ont, en effet, souvent besoin d'explications. Elles ont été fort difficiles à traduire dans les langues moderues; il en existe néanmoins en français des versions partielles et même des traductions complètes, savoir celles de Gueudeville, de Limiers, et de M. Levée dans le Théâtre latin de MM. Amaury et Alexandre Duval. M. Lemercier a mis

sur la scène Plaute lui-même, dans une pièce où sont retracés, avec certaines circonstances de sa vie, les principaux caractères de son talent. Ce poëte a exercé une grande influence, sinon sur son siècle, au moins sur la littérature des âges suivants; et je crois qu'il tient encore, au-dessous de Molière, un des premiers rangs dans le genre auquel il s'est voué. On voit par ses ouvrages que, durant la seconde guerre punique, le vocabulaire latin tendait à se compléter; que la syntaxe s'établissait; et que si la langue n'acquérait point encore l'élégance et la noblesse que depuis lui ont données Térence, Cicéron, Virgile, Horace, Tite-Live et Tacite, elle exprimait déjà énergiquement un très-grand nombre d'idées. Aucun des contemporains de Plaute n'a contribué plus que lui à ces progrès; et nous devons ajouter que, malgré l'indépendance et la vivacité quelquefois licencieuse de son génie, il a su observer les règles sévères qui sont les conditions naturelles et nécessaires de l'illusion théâtrale, et par conséquent de l'art dramatique. L'originalité de son talent et la profondeur de ses études l'ont dispensé de recourir aux bizarreries et aux monstruosités.

Je commencerai, Messieurs, notre prochaine séance par quelques réflexions sur l'introduction du romantisme dans l'histoire, et je reprendrai ensuite les annales de Rome à l'installation des consuls Quintus Fulvius Flaccus et Appius Claudius Pulcher, le 2 avril 212.

DU TOME DIX-HUITIÈME

DES ÉTUDES HISTORIQUES.

HISTOIRE ROMAINE.

Pages.

I

ib.

II

ib.

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