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en avant ses enseignes, refoule la ligne romaine; il y voit plus d'ennemis mourans que de fuyards.

XXXVIII. Cependant de toutes parts on plie; en vain le consul Sempronius menace et encourage: l'autorité, la majesté n'ont plus d'empire; et on allait tourner le dos à l'ennemi, si Sex. Tempanius, décurion de cavalerie, n'eût relevé l'affaire, et tout sauvé par un élan de courage. D'une voix forte, il s'écrie: « Que les cavaliers qui veulent le salut de la république, sautent à bas de cheval! » A ces mots, comme à la voix puissante du consul, de tous les escadrons, les cavaliers s'ébranlent. « Si votre cohorte avec ses petits boucliers n'arrête point, dit-il, la fougue de l'ennemi, c'en est fait de la république. Pour étendard, suivez ma lance. Montrez aux Romains et aux Volsques qu'il n'est point de cavaliers, vous à cheval, ni de piétons, vous à pied, qui vous vaillent. » Une acclamation générale approuve la proposition; il marche donc, portant haut sa lance. Partout où ils passent, la force leur ouvre un chemin. Ils s'élancent, à l'abri de leurs boucliers, là où ils voient leurs camarades le plus en peine. Le combat se rétablit sur tous les points où leur emportement les entraîne, et nul doute que si une troupe aussi peu nombreuse eût pu agir en tous lieux à la fois, l'ennemi n'eût tourné le dos.

XXXIX. Et comme nulle résistance déjà ne tenait devant eux, le général volsque fait signe aux siens d'ouvrir à cette cohorte aux petits boucliers, à cette infanterie improvisée, un espace où l'emporterait son ardeur, et de la séparer ainsi du reste de l'armée. Cela fait, les cavaliers, enveloppés, ne purent rompre la

confertis hostibus, qua viam fecerant : et consul legionesque romanæ, quum quod tegumen modo omnis exercitus fuerat, nusquam viderent, ne tot fortissimos viros interclusos obprimeret hostis, tendunt in quemcumque casum. Diversi Volsci, hinc consulem ac legiones sustinere, altera fronte instare Tempanio atque equitibus; qui quum sæpe conati nequissent perrumpere ad suos, tumulo quodam occupato, in orbem se tutabantur, nequaquam inulti. Nec pugnæ finis ante noctem fuit; consul quoque, nusquam remisso certamine, dum quidquam superfuit lucis, hostem tenuit : nox incertos diremit : tantusque ab inprudentia eventus utraque castra tenuit pavor, ut, relictis sauciis et magna parte inpedimentorum, ambo pro victis exercitus se in montes proximos reciperent. Tumulus tamen circumsessus ultra mediam noctem est; quo quum circumsedentibus nunciatum esset, castra deserta esse, victos rati suos, et ipsi, qua quemque in tenebris pavor tulit, fugerunt. Tempanius metu insidiarum suos ad lucem tenuit; degressus deinde ipse cum paucis speculatum, quum ab sauciis hostibus sciscitando comperisset, castra Volscorum deserta esse, lætus ab tumulo suos devocat, et in castra romana penetrat; ubi quum vasta desertaque omnia, atque eamdem, quam apud hostes, fœditatem invenisset, priusquam Volscos cognitus error re

masse et se rouvrir le même passage, les rangs ennemis, qui leur avaient fait jour, s'étant resserrés et multipliés derrière eux. Le consul et les légions romaines, qui ne voient plus cette troupe, dernière égide de l'armée entière, craignant que tant et de si vaillans hommes, ainsi enveloppés, ne fussent écrasés par l'ennemi, chargent à tout hasard. Par cette diversion, les Volsques out, d'un côté, à tenir tête au consul et aux iégions, et, sur une autre face, à refouler Tempanius et ses cavaliers, qui, après de nombreux et inutiles efforts pour percer jusqu'aux Romains, envahirent une éminence, où, formés en cercle, ils surent se défendre et se venger long-temps. La lutte ne cessa point avant la nuit. Comme eux, le consul ne ralentit pas un instant le combat, et, tant que lui dura le jour, il tint l'ennemi en haleine. La nuit les sépara, mais incertains du succès; et cette ignorance de l'évènement saisit les deux camps d'un tel effroi, que, laissant là les blessés et une grande partie des bagages, l'une et l'autre armée, se supposant vaincue, se retira sur les montagnes voisines. L'éminence cependant resta cernée pendant plus de la moitié de la nuit; alors les soldats qui la cernaient ayant appris que le camp était abandonné, s'imaginèrent que leur armée était vaincue, et, comme les autres, chacun ne prenant que sa frayeur pour guide au milieu des ténèbres, ils s'enfuirent. Tempanius, de peur d'embuscades, demeura, avec ses soldats, jusqu'au jour. Il descend alors, avec quelques hommes, pour faire une recounaissance; il interroge des blessés ennemis, il apprend que le camp des Volsques est désert. Joyeux, il rappelle sa troupe de l'éminence, et pousse au camp romain. Il retrouve là même solitude,

duceret, quibus poterat sauciis ductis secum, ignarus quam regionem consul petisset, ad Urbem proximis itineribus pergit.

XL. Jam eo fama pugnæ adversæ castrorumque desertorum perlata erat: et ante omnia deplorati erant equites, non privato magis, quam publico, luctu: Fabiusque consul, terrore Urbi quoque injecto, stationem ante portas agebat: quum equites, procul visi non sine terrore ab dubiis, quinam essent, mox cogniti, tantam ex metu lætitiam fecere, ut clamor Urbem pervaderet gratulantium, salvos victoresque redisse equites : et ex moestis paulo ante domibus, quæ conclamaverant suos, procurreretur in vias; pavidæque matres ac conjuges, oblitæ præ gaudio decoris, obviam agmini obcurrerent, in suos quæque, simul corpore atque animo vix præ gaudio compotes, effusæ. Tribunis plebi, qui M. Postumio et T. Quinctio diem dixerant, quod ad Veios corum opera male pugnatum esset, occasio visa est per recens odium Sempronii consulis renovandæ in eos invidiæ. Itaque, advocata concione, quum proditam Veiis rempublicam esse ab ducibus, proditum deinde, quia illis inpune fuerit, in Volscis ab consule exercitum traditos ad cædem fortissimos equites, deserta fœde castra vociferati essent; C. Julius, unus ex tribunis,

même abandon, même désordre que chez l'ennemi: sans donc laisser aux Volsques mieux éclairés le temps de revenir, il emmène les blessés qui le peuvent suivre, et, comme il ignore de quel côté s'est dirigé le consul, il marche droit à la ville par les plus courts chemins.

XL. Déjà la nouvelle du combat malheureux et de l'abandon du camp s'y était répandue; avant toutes choses, on avait regretté les cavaliers, également pleurés des familles et de la patrie; et le consul Fabius, dans la crainte où l'on était pour la ville même, avait pris position en avant des portes, quand apparurent au loin les cavaliers. Dans l'incertitude, on ne fut pas d'abord sans frayeur; mais, une fois reconnus, la crainte fit place à une telle allégresse, qu'un cri d'actions de grâces courut par toute la ville : « Sauvés et vainqueurs, les cavaliers sont de retour! » Du fond des maisons désolées, qui, un peu auparavant, leur adressaient de funèbres adieux, on se précipitait dans les rues; et les tremblantes mères et épouses, oubliant de joie la bienséance, volaient au devant de la cohorte, et s'élançaient à bras ouverts, chacune au cou des siens, maîtresses à peine, en leur ravissement, et de leurs sens et de leur cœur. Les tribuns du peuple, qui avaient cité

jugement M. Postumius et T. Quinctius, pour leur malhabile conduite au combat de Veïes, virent, dans la haine qui s'élevait contre le consul Sempronius, une occasion de ranimer contre eux les ressentimens. Ils convoquent donc une assemblée, montrent la république trahie à Veïes par des généraux ; ensuite, et à cause de leur impunité, l'armée trahie devant les Volsques par un consul, et les plus braves cavaliers livrés au massacre, et le camp honteusement aban

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