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»O Emile, où eft l'homme de bien

qui ne doit rien à fon pays! Tes Compatriotes te protégerent enfant, » tu dois les aimer étant homme «, &c. Emil. T. 4. p. 410, 411, 412, &c. Si un ftile plus concis, ne fait pas une autre morale, j'attends que l'on m'affigne les vérités que notre Genevois fuggére à mon cœur, dont la lecture des Ouvrages de M. Formey ne l'ait pleinement convaincu. Car il eft certain que leur doctrine fympatife de telle forte, en cette occafion, que l'ordre grammatical en conftitue la plus grande différence.

Il est tems de terminer ce Chapitre; il deviendroit à la fin ennuyeux. Les paffages que j'ai tâché de vérifier, font tout le retranchement de notre Genevois, & ce feroit m'égarer avec lui que de le fuivre plus loin. Je vais donc changer d'objet, pour foulager l'attention du Lecteur & adoucir un peu mon travail.

CHAPITRE VII.

Profeffion de Foi du Savoyard.

LE Vicaire Savoyard, dont notre Genevois fait tant de cas, eft un perfonnage chimérique, & fa profeffion de foi, un piége groffiérement tendu à la piété des fidéles. M. Rouffeau, fe garde de les avertir qu'on a cent fois battu en ruine fes objections contre nos dogmes, & qu'il eft dans l'impuiffance de répondre aux preuves par lefquelles on les établit. Dejà MM. Formey, Bitobé, Vernes, ont vangé le Chriftianifme des fcandaleufes affertions du Philofophe de Geneve. Un fi foible Athléte n'ajoute rien à leur gloire ; elle étoit cimentée par des travaux de plus grande importance. Grotius, Abbadie, Houtteville, M. du Guer, l'Abbé François, Méfangui, nous ont mis en état de réfifter aux attaques des impies, & quelques redoublés que foient

leurs efforts, ils nous trouveront avec l'appui de ces grands hommes affez fermes pour n'en être jamais ébranlés.

Au milieu des plus étonnantes contrariétés, M. R. fe vante d'avoir toujours écrit dans les mêmes principes, & fi l'on veut, dans les mêmes opinions. Lettr. à M. de Paris. C'eft donc une même croyance qui lui fait inventer au fecond Tome

d'Emile p. 317. " Que le Polythéisme » a été la premiere religion des hommes, » & l'Idolatrie leur premier culte; & au Contrat Social, L. 4. C. 8. que le

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Polythéifme naquit de la divifion des » Nations qui ne purent longtems fe ré

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foudre à fervir un maître commun. Cette diffonance de paffages, fur un point capital, marque un grand défaut d'attention dans un homme qui exige avec empire celle de fes lecteurs.

M. Rouffeau ne fonge gueres à fa réputation quand il s'affocie, un Bayle, un Voltaire, defquels on reconnoît l'affreux libertinage à travers les impiétés

du Vicaire Savoyard : apprécions-les à l'échantillon. Bayle foutient, que nous formons fur la nature de Dieu mille jugemens auffi faux que la fauffeté elle-même. Que nos Peuples font antropomorphites, & qu'il n'y a point de payfan, qui après avoir appris par cœur que Dieu eft un efprit, & que Jefus-Chrift eft Dieu & homme tout enfemble, ne forme des idées toutes contradictoires à ce qu'il dit, comme un perroquet. Œuv. div. in-fol. T. 3. p. 127.

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Selon M. Rouffeau, » le mot efprit » n'a aucun fens pour quiconque n'a pas philofophé.... Nous-mêmes avec nos » termes de perfonnes, de trinité, fom» mes la plupart de vrais Antropomorphites..... Sitôt qu'on accoutume les » gens à dire des mots fans les entendre, il eft facile après cela de leur faire dire » tout ce qu'on veut «. Emil. T. 2. pag. 315. Ce dernier principe eft incontestable; mais on peut en abuser, parce qu'il fuppofe dans fon application des réserves fans lefquelles il est très-aifé de con

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fondre les juftes droits de la religion, avec l'abus que les hommes peuvent faire de leur raifon.

Voici un autre lieu commun, qui depuis longtems fert de batterie aux incrédules & aux efprits forts. C'eft un des endroits les plus frappans de tout l'ouvrage de notre Genevois ; il y étale tout ce qu'il a d'éloquence & paroît très-content de lui-même.

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» La foi des enfans & de beaucoup d'hommes, eft une affaire de géographie. Seront-ils récompenfés d'être nés » à Rome plutôt qu'à la Mecque. On dit » à l'un que Mahomet eft le Prophéte de » Dieu. On dit à l'autre que Mahomet » est un fourbe, & il dit que Mahomet » eft un fourbe. Chacun des deux eût » affirmé ce qu'affirme l'autre, s'ils fe » fuffent trouvés tranfpofés. Emil. Tom. » 2. pag. 323. La force des argumens dépend absolument fur ce point, du » pays où l'on les propofe, &c. «, Emil. Ibid.

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