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dit ceci est mon corps; ils ne doivent pas s'étonner, si nous ne pouvons consentir à n'entendre ces mots qu'en figure.

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En effet, le Fils de Dieu si soigneux d'exposer à ses Apôtres ce qu'il enseigne sous des paraboles et sous des figures, n'ayant rien dit ici pour s'expliquer, il paroît qu'il a laissé ses paroles dans leur signification naturelle. Je sais que ces messieurs prétendent que la chose s'explique assez d'elle-même, parce qu'on voit bien, disent-ils, que ce qu'il présente n'est que du pain et du vin; mais ce raisonnement s'évanouit, quand on considère que celui qui parle est d'une autorité qui prévaut aux sens, et d'une puissance qui domine toute la nature. Il n'est pas plus difficile au Fils de Dieu de faire que son corps soit dans l'Eucharistie, en disant : ceci est mon corps que de faire qu'une femme soit délivrée de sa maladie, en disant : femme, tu es déli→ vrée de ta maladie ( 1 ); ou de faire que la vie soit conversée à un jeune homme, en disant à son père ton fils est vivant (2); ou enfin de faire que les péchés du paralitique lui soient remis, en lui disant tes péchés te sont remis (3).

Ainsi n'ayant point à nous mettre en peine comment il exécutera ce qu'il dit, nous nous attachons précisement à ses paroles. Celui qui fait ce qu'il veut, en parlant opère ce qu'il dit; et il a été plus aisé au Fils de Dieu de

(1) Luc. 13, 12. (2) Joan. 4, 50. (3) Matth. 9, 2.

forcer les lois de la nature

pour

vérifier ses

paroles, qu'il ne nous est aisé d'accommoder notre esprit à des interprétations violentes qui renversent toutes les lois du discours.

Ces lois du discours nous apprennent que le signe qui représente naturellement, reçoit souvent le nom de la chose, parce qu'il lui est comme naturel d'en ramener l'idée à l'esprit. Le même arrive aussi, quoi qu'avec certaines limites, aux signes d'institution, quand ils sont reçus, et qu'on y est accoutumé. Mais qu'en établissant un signe qui de foi n'a aucun rapport à la chose, par exemple, un morceau de pain pour signifier le corps d'un homme, on lui en donne le nom sans rien expliquer, et avant que personne en soit convenu, comme a fait Jésus-Christ dans la Cène c'est une chose inouïe, et dont ne nous voyons aucun exemple dans toute l'Ecriture sainte, pour ne pas dire dans tout le langage humain.

Aussi messieurs de la Réligion prétendue Réformée ne s'arrêtent pas tellement au sens figuré qu'ils ont voulu donner aux paroles de Jésus-Christ, qu'en même-temps ils ne reconnoissent qu'il a eu intention en les proférant de nous donner en vérité son corps et son sang.

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EXPLICATION DES PAROLES, FAITES CECI EN MÉMOIRE DE MOI.

APRÈS RÈS avoir proposé les sentimens de l'Eglise touchant ces paroles, ceci est mon corps, il faut dire ce qu'elle pense de celles que Jésus

: :

Christ y ajouta, faites ceci en mémoire de moi (1). Il est clair que l'intention du Fils de Dieu est de nous obliger par ces paroles à nous souvenir de la mort qu'il a endurée pour notre salut; et saint Paul conclut de ces mêmes paroles que nous annonçons la mort du Seigneur dans ce mystère (2). Or, il ne faut pas se persuader que ce souvenir de la mort de notre Seigneur exclue la présence réelle de son corps (3); au contraire, si on considère ce que nous venons d'expliquer, on entendra clairement, que cette commémoration est fondée sur la présence réelle car de même que les Juifs en mangeant les victimes pacifiques, se souvenoient qu'elles. avoient été immolées pour eux; ainsi en mangeant la chair de Jésus-Christ notre victime, nous devons nous souvenir qu'il est mort pour nous. C'est donc cette même chair mangée par les fidèles, qui non-seulement réveille en nous la mémoire de son immolation, mais encore qui nous en confirme la vérité. Et loin de pouvoir dire que cette commémoration solemnelle, que Jésus-Christ nous ordonne de faire, exclut la présence de sa chair, on voit au contraire que ce tendre souvenir qu'il veut que nous ayons à la sainte table de lui comme immolé pour nous, est fondé sur ce que cette même chair y doit être prisé réellement, puisqu'en effet il ne nous est pas possible d'oublier que c'est pour nous qu'il a donné son corps en sacrifice, quand nous voyons qu'il nous donne encore tous les jours cette victime à manger.

(1) Ľue. 22, 19. (2) Cor. 11, 24. (3) 1 Cor. 11, 24.

Faut-il que des chrétiens, sous prétexte de célébrer dans la Cène la mémoire de la passion de notre Sauveur, ôtent à cette pieuse commémoration ce qu'elle a de plus efficace et de plus tendre? Ne doivent-ils pas considérer que Jésus-Christ ne commande pas simplement qu'on se souvienne de lui, mais qu'on s'en souvienne en mangeant sa chair et son sang? Qu'on prenne garde à la suite et à la force de ses paroles. Il ne dit pas simplement, comme messieurs de la Religion prétendue Réformée semblent l'entendre, que le pain et le vin de l'Eucharistie · nous soient un mémorial de son corps et de son sang mais il nous avertit qu'en faisant ce qu'il nous prescrit, c'est-à-dire, en prenant son corps et son sang, nous nous souvenions de lui. Qu'y a-t-il en effet de plus puissant pour nous en faire souvenir? Et si les enfans se souviennent si tendrement de leur père, et de ses bontés lorsqu'ils s'approchent du tombeau où son corps est enfermé, combien notre souvenir et notre amour doivent-ils être excités, lorsque nous tenons sous ces enveloppes sacrées, sous ce tombeau mystique, la propre chair de notre Sauveur immolé pour nous, cette chair vivante et vivifiante, et ce sang encore tout chaud par son amour et tout plein d'esprit et de grâce? Que si nos adver saires continuent de nous dire celui qui

que

nous commande de nous souvenir de lui, ne nous donne pas sa propre substance, il faudra enfin les prier de s'accorder avec eux-mêmes.

Ils protestent qu'ils ne nient pas dans l'Eucharistie la communication réelle de la propre substance du Fils de Dieu. Si leurs paroles sont sérieuses, si leur Doctrine n'est pas une illusion, il faut nécessairement qu'ils disent avec nous, que le souvenir n'exclut pas toute sorte de présence, mais seulement celle qui frappe les sens. Leur réponse sera la nôtre, puisqu'en disant que Jésus-Christ est présent, nous reconnoissons en même-temps qu'il ne l'est pas d'une manière sensible.

y

soit

Et si l'on nous demande, d'où vient que croyant, comme nous faisons, qu'il n'y a rien' pour les sens dans ce saint mystère, nous ne que Jésus-Christ croyons pas qu'il suffise présent par la foi, il est aisé de répondre et de démêler cette équivoque. Autre chose est de dire que le Fils de Dieu nous soit présent par la foi, et autre chose de dire que nous sachions par la foi qu'il est présent. La première façon de parler n'emporte qu'une présence morale; la seconde nous en signifie une très-réelle, parce que la foi est très-véritable; et cette présence réelle connue par la foi, suffit pour opérer dans le juste, qui vit de foi (1), tous les effets que j'ai remarqués.

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XII.

EXPOSITION DE LA DOCTRINE DES CALVINISTES SUR LA RÉALITÉ.

LAIS pour ôter une fois toutes les équivoques, dont les Calvinistes se servent en cette matière, (:) Habac. 2, 4.

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