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haute trahison : le consul répond que tandis que Labienus, tribun, veut qu'on inflige à des citoyens le supplice des esclaves; lui, consul, s'oppose à cette cruelle violation de la dignité civique, et prétend écarter de Rome la présence du bourreau et l'appareil infâme de la croix.

A force d'amplifier cette partie de sa discussion, l'orateur s'écarte du vrai, comme l'a remarqué Clément; car, à prendre ses expressions à la rigueur, il semble qu'il faille laisser impunis les crimes de haute trahison, et qu'il n'est jamais permis de condamner un citoyen à mort. Cependant, quelques mois après, Cicéron, toujours l'homme du moment, démentira cette profession de foi, en ordonnant luimême la mort des complices de Catilina. Il ne suffisait pas de prouver que Rabirius devait subir le supplice des esclaves en présence de tout le peuple, il fallait examiner encore si l'on pouvait justement l'exécuter dans la prison.

Toute l'éloquence du défenseur de Rabirius n'aurait pas empêché le peuple de confirmer le jugement des duumvirs, si Metellus Celer, préteur et augure, qui s'aperçut de cette fâcheuse disposition, n'eût rompu l'assemblée, sous prétexte que les auspices n'étaient pas favorables. On ne put recueillir les voix. Labienus ne renouvela point l'accusation, et, comme la conjuration de Catilina bientôt tous les esprits, Rabirius termina en paix sa carrière.

occupa

J'ai déjà parlé de la lacune qui existait à la fin de ce discours : cette péroraison a été découverte il y a quelques années dans un manuscrit du Vatican, insérée, et traduite pour la première fois dans l'édition de M. V. Leclerc. M. Naudet, auteur de cette traduction, a bien voulu nous communiquer la partie qui correspond à cette lacune.

Entre ses discours contre la loi agraire et son plaidoyer pour Rabirius, Cicéron avait prouoncé deux discours qui sont entièrement perdus; l'un avait pour titre, de Lege theatrali Othonis ; l'autre, de Proscriptis liberis (Voyez ci-dessus le préambule de la première loi agraire, t. x, p. 235, et ci-dessous le préambule de la première Catilinaire.) Ainsi le plaidoyer de Rabirius n'est que la septième des harangues consulaires (An de R. 691).

C. D.

PRO C. RABIRIO

PERDUELLIONIS REO

AD QUIRITES.

ORATIO OCTAVA DECIMA.

I. ETSI, Quirites, non est meæ consuetudinis, initio dicendi rationem reddere, qua de causa quemque defendam, propterea, quod cum omnibus civibus in eorum periculis semper satis justam mihi causam necessitudinis esse duxi: tamen in hac defensione capitis, famæ, fortunarumque omnium C. Rabirii, proponenda ratio videtur esse officii mei; propterea quod, quæ justissima mihi causa ad hunc defendendum esse visa est, eadem vobis ad absolvendum debet videri. Nam me quum amicitiæ vetustas, tum dignitas hominis, tum ratio humanitatis, tum meæ vitæ perpetua consuetudo, ad C. Rabirium defendendum est adhortata: tum vero, ut id

POUR C. RABIRIUS

ACCUSÉ DE CRIME D'ÉTAT

DEVANT LE PEUPLE ROMAIN.

DIX-HUITIÈME DISCOURS.

I. JUSQU'ICI, Romains, je n'ai pas eu coutume, en commençant mes discours, de vous rendre compte des motifs qui me faisaient entreprendre une défense; tout citoyen, par cela seul qu'il était en danger, m'a toujours semblé avoir d'assez justes droits à l'empressement de mon zèle : cependant, aujourd'hui que je vais défendre la vie, la réputation et la fortune entière de C. Rabirius, je vous exposerai d'abord les raisons qui m'ont imposé ce devoir : car les justes motifs qui me portent à prendre sa défense, doivent aussi vous déterminer à l'absoudre. Non-seulement la vieille amitié qui m'unit à lui, la considération qui l'entoure, les sentimens de l'humanité, et les principes que j'ai professés constamment, m'ont fait une loi de défendre C. Rabirius; le salut de

studiosissime facerem, salus reipublicæ, consulare officium, consulatus denique ipse, mihi una vobiscum cum salute reipublicæ commendatus, coegit. Non enim C. Rabirium culpa delicti, non invidia vitæ, non denique veteres, justæ, gravesque inimicitiæ civium, in discrimen capitis vocaverunt : sed ut illud summum auxilium majestatis atque imperii, quod nobis a majoribus est traditum, de republica tolleretur : ut nihil posthac auctoritas senatus, nihil consulare imperium, nihil consensio bonorum contra pestem ac perniciem civitatis valeret; idcirco [in his rebus evertendis] unius hominis senectus, infirmitas solitudoque tentata est. Quamobrem, si est boni consulis, quum cuncta auxilia reipublicæ labefactari, convellique videat, ferre opem patriæ, succurrere saluti fortunisque communibus, implorare civium fidem, suam salutem posteriorem salute communi ducere; est etiam bonorum et fortium civium, quales vos omnibus reipublicæ temporibus exstitistis, intercludere omnes seditionum vias, munire præsidia reipublicæ, summum in consulibus imperium, summum in senatu consilium, putare ea qui sequutus sit, laude potius et honore, quam pœna et supplicio dignum judicare. Quamobrem labor in hoc defendendo, præcipue meus est: studium vero conservandi hominis, commune mihi vobiscum esse debebit.

II. Sic enim existimare debetis, Quirites, post homi

la république, mes devoirs de consul, les droits mêmes du consulat, dont la garde m'a été confiée, comme à vous, avec celle de la république, tout me commandait dans cette démarche un entier dévouement. En effet, ce n'est point le résultat d'un délit, ni l'odieux attaché à une vie infâme, ni enfin la vindicte publique, justifiée par de vieilles et de graves injures, qui appelle sur Rabirius une accusation capitale. C'est parce qu'on veut ôter à la république le secours d'une mesure protectrice de votre dignité, de votre empire, et que nous ont transmise nos ancêtres; c'est pour que désormais les décrets du sénat, l'autorité du consul, les efforts unanimes des gens de bien, soient impuissans contre les complots subversifs de la république. Oui, c'est dans l'espoir de renverser ces obstacles, qu'on a tenté de perdre un seul homme, un vieillard faible et sans appui. Si donc un bon consul, lorsqu'il voit saper et abattre tous les soutiens de la république, doit secourir la patrie, pourvoir au salut et aux intérêts communs, faire un appel à la fidélité des citoyens, oublier son salut pour celui de tous, il est aussi du devoir de bons et courageux citoyens, tels que la république vous a trouvés dans tous ses périls, de fermer toute avenue aux séditions, de fortifier les remparts de la république, de songer que le souverain pouvoir est dans les consuls, la suprême sagesse dans le sénat, et enfin d'estimer que celui qui a suivi leur impulsion a mérité vos éloges et une récompense honorable, plutôt qu'un châtiment et un supplice. Ainsi, c'est à moi surtout qu'appartiendra le soin de défendre Rabirius: quant au désir de le sauver, vous devrez le partager avec moi.

II. Oui, Romains, soyez-en sûrs, de mémoire d'homme

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