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Il se passe au dedans de ce palais un évènement terrible et comparable aux dix années de Troie. Qu'est-ce donc, ô ciel! ranime-toi, mon âme, et jouis de ta fureur prophétique. Troie vaincue triomphe à son tour. C'est bien, Ilion se relève, puisque dans sa chute il entraîne Mycènes; notre vainqueur est terrassé. Jamais l'enthoùsiasme prophétique ne m'a présenté de plus claires images. Je vois, je suis présente, je jouis. Ce n'est point un vain fantôme qui se joue à mes yeux ; c'est un spectacle réel : je vois dans ce palais un festin pareil au dernier festin de Troie; ces lits sont couverts de la pourpre d'Ilion; ils boivent le vin dans les coupes d'or du vieil Assaracus. Agamemnon est au haut bout de la table; ces tapis somptueux sur lesquels il repose, ces riches habits dont il est revêtu, sont les magnifiques dépouilles de Priam. Clytemnestre l'invite à quitter ces vêtemens d'un ennemi, et à en recevoir plutôt un autre tissu, par les mains d'une fidèle épouse. - Je tremble, je frissonne.— Un vil banni tuera-t-il son roi? un infâme adultère pren

Domini videbunt, et cruor Baccho incidet.
Mortifera vinctum perfidæ tradet neci
Induta vestis exitum manibus negat,
Caputque laxi et invii cludunt sinus.
Haurit trementi semivir dextra latus,
Nec penitus egit: vulnere in medio stupet.
At ille, ut altis hispidus silvis aper,
Quum casse vinctus tentat egressus tamen,
Arctatque motu vincla, et incassum furit :
Cupit fluentes undique et cæcos sinus
Dissicere; et hostem quærit implicitus suum.
Armat bipenni Tyndaris dextram furens ;
Qualisque ad aras colla taurorum prius
Designat oculis, antequam ferro petat;
Sic huc et illuc impiam librat manum.

Habet peractum est: pendet exigua male

:

Caput amputatum parte, et hinc trunco cruor
Exundat, illinc ora cum fremitu jacent.
Nondum recedunt : ille jam exanimem petit,
Laceratque corpus : illa fodientem adjuvat.
Uterque tanto scelere respondet suis.
Hic est Thyeste natus, hæc Helenæ soror.
Stat ecce Titan dubius emerito die,
Suane currat, an Thyestea via.

dra-t-il la vie de l'époux légitime? L'arrêt du destin va s'exécuter; la fin de ce repas verra le sang du maître couler avec le vin. Un vêtement perfide le livre sans défense à la mort : ses mains captives ne peuvent sortir, sa tête est enfermée dans des plis larges et sans issue. Le vil Égisthe lui porte un coup d'épée dans le flanc, sa main tremble, il se trouble lui-même, et le fer n'entre qu'à moitié dans la blessure. Comme on voit dans les forêts un sanglier furieux s'agiter pour rompre les filets qui l'entourent, et en resserrer l'étreinte par ses vains efforts; ainsi le roi cherche à déchirer ces plis flottans et inextricables qui l'enferment de tous côtés; il s'agite en ses liens pour trouver son ennemi. Clytemnestre, furieuse, arme ses mains d'une hache, et pareille au sacrificateur qui, avant d'immoler un taureau devant les autels, cherche des yeux la place où il doit frapper, elle balance, pour mieux l'assurer, sa main impie. — Elle a frappé : c'en est fait. La tête tient encore par un lambeau de chair; d'un côté le sang s'échappe du corps avec violence, de l'autre le chef coupé s'agite convulsivement. Mais les assassins ne se retirent pas encore: Égisthe s'acharne sur le cadavre et le déchire; sa complice le seconde. Chacun d'eux, par ses crimes, se rend digne de sa race. L'un est fils de Thyeste, l'autre est sœur d'Hélène. Le Soleil s'arrête au bout de sa course, incertain s'il doit poursuivre ou se retourner comme il a fait pour le festin d'Atrée.

SCENA II.

ELECTRA, STROPHIUS; ORESTES et PYLADES, mutæ

personæ.

ELECTRA.

Fuge, o paternæ mortis auxilium unicum',
Fuge, et scelestas hostium evita manus.
Eversa domus est funditus : regna occidunt.
Hospes quis iste concitos currus agit?
Germane, vultus veste furabor tuos.

Quos, anime demens, refugis? externos times?
Domus timenda est: pone jam trepidos metus,
Oresta amici fida præsidia intuor.

:

STROPHIUS.

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Phocide relicta, Strophius, Elea inclytus
Palma, revertor causa veniendi fuit
Gratari amico, cujus impulsum manu
Cecidit decenni Marte concussum Ilium.

Quænam ista lacrimis lugubrem vultum rigat,

Pavetque mœsta? regium agnosco genus.

Electra, fletus causa quæ læta in domo est?

ELECTRA.

Pater peremtus scelere materno jacet.
Comes paternæ quæritur natus neci.
Ægisthus arces Venere quæsitas tenet.

SCÈNE II.

ÉLECTRE, STROPHIUS; ORESTE et PYLADE, personnages

muets.

ÉLECTRE.

Fuis, ô toi l'unique vengeur de ton père égorgé, fuis, et dérobe-toi aux mains criminelles de nos ennemis. Notre maison est renversée de fond en comble, notre empire est détruit. Mais quel est cet étranger qu'un char rapide amène dans ce palais? Viens, mon frère, cachetoi sous ma robe. Mais que fais-je? craindre des étrangers? Ce sont les membres de ma famille qu'il faut redouter. Rassure-toi, cher Oreste; c'est un ami fidèle qui s'offre à nous.

STROPHIUS.

Je suis Strophius, j'arrive de la Phocide, chargé de ces palmes d'Olympie : ce qui m'amène, c'est le désir de féliciter cet ami dont la main puissante a renversé Troie après dix ans de combats. Mais pourquoi ces larmes qui coulent sur les joues de cette vierge? d'où viennent la terreur et la tristesse peintes sur son visage? c'est une fille du roi. Électre, quel sujet de pleurs y a-t-il dans ce palais qui devrait être si plein d'allégresse?

ÉLECTRE.

Mon père vient d'expirer sous les coups de ma mère. On veut égorger aussi cet enfant. L'amour a fait monter Égisthe sur le trône de Mycènes.

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