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,, jamais le peuple Romain en conférant aux Empereurs le Confulat impérial ne prétendit renoncer à fa liberté, ni faire des Monarques de fes Généraux.

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ARTICLE CINQUIEME.

ANNALES POLITIQUES de feu Mr. CHARLES IRENE'E CASTEL Abbé de ST. PIERRE, de l'Académie Françoife. Londres 1757. in-8. 2 Vol. qui contiennent 678 pag.

l'eft ici un ouvrage pofthume que les

as pres la mort de l'Auteur. Le manufcrit eft tout entier de fa propre main, & ils n'y ont fait aucun changement. L'Abbé DE S. PIERRE le deftinoit à l'impreffion, & il efpéroit bien qu'il lui furvivroit de quelques fiécles, puisque dans la Préface qu'il a lui même dreffée, il s'en flatte en difant, 59 celui qui dans quelques fiécles lira cet ,, ouvrage, fe contentera de favoir les événemens que je raconte avec la même ,, certitude que je les fai, moi qui cherche avec foin d'être inftruit de ce qui eft ,, important, & dont je veux inftruire les " autres." Ce font ici,, les Obfervations

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,, qu'il a faites fur les bons & fur les mauvais fuccès qui font arrivés au Royaume de France, de fon tems, & pour

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ainfi dire fous fes yeux;" Et fon but a été en les écrivant, & en liant toujours fes préceptes moraux à des faits parlans,

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d'inftruire des meilleures maximes po,, litiques ceux qui feront un jour employés ,, au gouvernement des Etats." Sans fe piquer d'une exactitude fcrupuleufe dans les minucies, il s'eft fait un devoir d'être toujours vrai dans ce qu'il avance; & il nous invite à faire fonds fur fes récits. Entre

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les perfonnes qui ont le loifir d'écrire, ,, nous dit-il, je fuis, je crois, des mieux inftruits de mon tems des faits princi,,paux que je raconte. J'ai paffé plus de cinquante ans ou à la Cour ou dans la ,, ville Capitale; j'ai connu perfonnelle,,ment la plupart des Princes, des Minif,, tres, des Généraux, & ceux qui ont fait les principaux perfonnages de mon ,, tems; j'ai médité fur la plupart des affaires dont j'écris; j'ai été témoin, ou j'ai parlé aux témoins." Il a donc eu toutes les facilités propres à être lui même bien informé des événemens & des refforts qui les ont produits; & fon impartialité doit être d'autant moins fufpećte, que, n'ayant aucune part au gouvernement, il n'avoit point à fe juftifier; & que d'ailleurs il a toujours paffe pour avoir beaucoup de droiture, de franchife, d'humanité & d'a

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mour pour le bien public. Refte à favoir fi l'humeur, fi l'imagination, fi l'intérêt caché qu'un faifeur de projets prend toujours aux fiftèmes qu'il s'eft formés, n'ont point. influé dans les jugemens qu'il porte fur les perfonnes & fur les événemens.

La méthode que l'Auteur a fuivie, eft indiquée par le titre d'Annales; il rapporte année par année & même fur la fin de l'ouvrage, mois par mois, ce qui eft arrivé de plus important, en y joignant fes refléxions. Nos lecteurs n'attendent pas que nous le fuivions pied à pied; ce feroit entrepren dre l'abregé d'un abregé de l'hiftoire de France depuis la naiffance de l'Auteur en 1658 jufqu'à la fin dé 1739, ce qui n'eft pas faifable dans un Extrait; ainfi nous. nous bornerons à quelques obfervations pour faire connoitre le caractere de ce livre, & l'utilité qu'on peut en tirer.

1. D'abord Mr. l'Abbé DE ST. PIERRE fait une courte description du royaume de France tel qu'il étoit en 1735; & il peint les mœurs, les coutumes & les principaux réglemens qui y avoient lieu & qui en font connoitre l'état intérieur. Quoiqu'il n'y ait rien dans ce tableau d'abfolument neuf, il y a cependant plufieurs chofes dignes d'attention, & qui ne fauroient étre trop fouvent répétées, parcequ'elles pourroient contribuer à rendre le royaume plus floriffant, la religion plus pure, & le peuple plus vertueux & plus heureux. Il relève

plu

plufieurs défauts très communs en France & très préjudiciables à l'Etat, & qui ont lieu dans la collation des grandes charges eccléfiaftiques, dans le nombre exceffif de Religieux & de Religieufes, dans l'éducation des jeunes gens, dans la distribution des marques d'honneur & des récompenfes accordées aux Politiques & aux Militaires; dans l'administration de la justice, dans la perception des revenus royaux, dans les réglemens qui concernent le commerce foit intérieur, foit maritime; dans la conftitution des Académies, dans le maniement des affaires publiques dont le foin eft confié aux Miniftres. Après avoir dévelopé le tort que tous ces défauts font au royaume, il montre les changemens qui font arrivés dans les mœurs depuis un fiécle, les inconvéniens qui en réfultent, & la néceffité d'en prévenir les fuites funeftes. C'eft ainfi qu'il peint les progrès & les dangers du luxe. Comme Paris en ,, 1658 n'étoit pas fuffifamment pavé, & ,, qu'il n'y avoit point encore affez de tombereaux pour ôter les boues, il n'étoit prefque pas poffible d'aller autrement ,, qu'à cheval & même en bottines dans la ville: les bottines & éperons dorés durè,, rent même encore dans les vifites ordi,, naires, & ceux qui n'avoient ni chevaux ni caroffes, ne laiffoient pas de faire leurs 99 visites en bottines blanches. Les carof"" fes à vitres aux portières & au devant

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furent inventés, il y a quatre vingt ans, & feu Mr. le Prince de Condé en amena un de Bruxelles vers l'an 1660, où il y ,, avoit des vitres: on a inventé depuis les ,, glaces & plufieurs commodités pour les caroffes & les berlines entre deux bran,, carts: ces voitures ont fervi à augmenter le luxe & la molleffe: or ces commodités nouvelles ont contribué à diminuer la force & la fanté par la diminution de l'exercice du corps: c'eft depuis cette diminution d'exercice & depuis ,, l'augmentation de la bonne chère, que l'on fe plaint des vapeurs & des migrai,, nes, & que les différentes efpéces de petites maladies fe font multipliées parmi les riches." (1) C'est ainfi encore qu'il décrit les excès & les inconvéniens des jeux de cartes. On commença vers 1648 ,, à jouer aux cartes à la Cour: le Cardinal Mazarin étoit fin joueur, il engagea ,, le Roi & la Reine Regente à jouer: & ,, le jeu devint une occupation & une paffion ruineufe tant pour la fortune que ,, pour la fanté. Ce qui fut de plus facheux, c'eft que les jeux de cartes qui étoient paffés de l'armée à la Cour, pafférent bientôt de la Cour à la Ville, & de la Ville capitale dans toutes les petites villes des Provinces. Avant cela il a y avoit de la converfation; les uns apprenoient

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(1) pag. 60. 61.

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