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l'autorisation bienveillante de S. Exc. M. le comte de Cholex, ministre de l'intérieur, j'ai été introduit dans le musée royal égyptien. J'avais déjà reconnu dans la cour du palais de l'université une belle statue de Sésostris en granit rose, de huit pieds de hauteur; la partie supérieure d'une statue de la femme de ce roi, la reine Ari, et une autre statue à tête de lion, semblable aux deux statues du musée de Paris, et portant une dédicace du règne d'Aménophis II. C'est le 9 juin que j'ai visité le musée égyptien pour la première fois; rien n'est comparable à cette immense collection. Je trouvai la cour remplie de colosses en granit rose et en basalte vert; l'intérieur est encore peuplé de colosses: un premier examen m'a fait reconnaître un groupe de huit pieds de hauteur, c'est Amon-Ra assis, ayant à ses côtés le roi Horus, fils d'Aménophis II, de la XVIII. dynastie ; travail admirable; je n'avais encore rien'vu d'aussi beau; une statue colossale du roi Misphra-Thouthmosis, conservée comme si elle sortait de l'atelier; 3°. un monolithe de 6 pieds: c'est Ramsès-leGrand Sésostris), assis sur un trône, entre Amon-Ra et Néith, granit rose, travail parfait; 4°. un colosse du roi Moris, basalte vert, d'une exécution parfaite; 5o. une statue en pied d'Aménophis II; 6o. une statue du dieu Phtha, exécutée du temps de ce dernier prince; 7°. un groupe en grès, c'est le roi Aménoftep, de la XIXo. dynastie, et sa femme, la reine Atari; 8o. une statue, plus forte que nature, de Ramsès-le-Grand (Sésostris), en basalte vert, travaillée comme un camée; sur les montans du trône sont sculptés en plein relief son fils et sa femme. Le nombre des statues funéraires en basalte, grès rouge, grès blanc, calcaire blanc et granit gris, est très-considérable, et parmi ces statues, on remarque celle d'un homme accroupi, dont la tunique porte une inscription égyptienne démotique de 4 lignes. Les stèles de 4,5 et 6 pieds de hauteur dépassent le nombre de 100: un autel est chargé d'inscriptions hiéroglyphiques, les autres objets divers d'antiquités sont extrêmement nombreux. Ce n'est encore là qu'une partie de la collection. Il reste à ouvrir de 2 à 300 caisses ou paquets. Le nombre des manuscrits est de 171, en a déjà 47 de déroulés; j'y ai reconnu environ 10 contrats en écriture démotique; un papyrus grec qui ess un procès entre deux habitans de Thèbes, sur la propriété d'une maison; les prétentions des parties plaidantes et les moyens des avocats y sont analysés, et les lois favorables à ces prétentions citées textuel

il y

lement. (V. suprà, tom. Ioг., no. 387, la Notice de ce papyrus et de la stèle bilingue ). A la fin est le texte du jugement qui est de la 54°. année de Ptolomée Évergète II. Une inscription bilingue, en égyptien et en grec, est un décret en l'honneur d'un préfet de la banlieue de Thèbes, et rendu sous le règne de Cléopâtre, et de son fils Césarion dont j'avais déjà reconnu le nom et constaté le règne effectif par la lecture d'un cartouche sculpté sur le temple de Denderah. Mais ce qui doit intéresser au plus haut degré, c'est que parmi les papyrus de la collection se trouve un manuscrit phénicien; malheureusement ce ne sont que des fragmens; peut-être en trouvera-t-on d'autres parmi ceux qui ne sont pas enencore déroulés. (Les renseignemens employés dans la notice suivante sont tirés de la lettre de M. Champollion le jeune, du 30 juin.) 25.SUPPLÉMENT AUX OBSERVATIONS SUR LES COUDÉES ÉGYPTIENNES découvertes dans les ruines de Memphis. (Suprà, tom. 1er., n°. 332.)

La nouvelle opinion que j'ai émise sur les coudées égyptiennes, en bois ou en pierre, apportées d'Égypte, et d'après laquelle ces monumens curieux ne seraient que des simulacres de ces mesures, de simples monumens funéraires, dont les dimensions et les divisions ne doivent être considérées que comme des approximations des coudées réelles, se trouve pleinement confirmée par d'autres renseignemens. J'ai donc cru devoir ajouter à mes premières observations, les notions subséquentes qui mettent ce point d'archéologie égyptienne dans tout son jour.

Ces nouvelles notions sont tirées, 1o. de l'examen fait par mon frère, de la coudée originale de la collection Drovetti qui forme aujourd'hui le Musée royal égyptien de Turin; 2°. des renseignemens que lui a donnés M. Nizzoli lui-même, sur la coudée de sa collection, et d'une empreinte (1) de la stèle funéraire trouvée dans le même tombeau que cette seconde coudée.

I. Coudée Nizzoli, ou de 6 palmes (24 doigts). La plus considérable de ses fractures, la seule qui laisse une lacune (à l'avantdernier palme de droite à gauche) dans ses légendes funéraires

(1) Empreinte en papier ; on les prend très-facilement : mouiller légèrement le papier peu ou point collé, enlever avec un linge l'humi. dité extérieure, l'appliquer sur le monument, et frapper d'aplomb avec une brosse douce; lever le papier et laisser sécher. Cette manière nouvelle très-expéditive et d'un succès assuré, ne saurait être trop répandue.

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hieroglyphiques, n'avait pas permis de reconnaître la qualité du défunt Aménoph ou Aménophtép, nommé dans ces légendes. Leur rapprochement de celle que porte une palette de scribe du cabinet du roi autorisait à croire qu'Aménophtép était aussi un scribe. Cette conjecture est confirmée par la stèle funéraire du même personnage, tirée de son tombeau en même temps que la coudée qui porte aussi son nom. Cette stèle est très-belle, ses hieroglyphes sont très-soignés, et on y lit: Chef ou directeur des scribes (peut-être le Βασιλικοσ γραμματεὺσ des inscriptions grecques), de la grande demeure ou grand temple de Mannoufi (Memphis), et cette stèle a été consacrée à Aménophtép, par son fils Aspia ou Aspyé, qui est aussi directeur des Scribes de la grande demeure ou du grand temple, succédant vraisemblablement à son père.

Ainsi l'analogie de l'inscription funéraire de la stèle avec l'inscription funéraire de la coudée, ne permet pas de douter non plus de l'analogie des deux monumens, et laisse les coudées de ce genre dans les simulacres funéraires qui marquaient la profession du défunt. Le texte hiéroglyphique de la stèle servira aussi à remplir la lacune de la légende semblable de la coudée, et il prouve que cette lacune ne tombe que sur le groupe scribe, les traces du carré contenant une figure debout étant encore visibles; la coudée est donc complète, malgré ses fractures, comme l'a dit la Biblioth. italienne, et ne se composait en effet que de six palmes.

II. Coudée Drovetti. Celle-ci porte sept palmes ou 28 doigts, et aussi le groupe hiéroglyphique coudée royale. Le cartouche du roi nommé sur l'inscription de la bande postérieure, est bien celui d'Horus, fils d'Aménophis II, comme je l'ai déjà dit; les titres nombreux de ce roi forment le reste de cette inscription, qui donne ainsi l'époque de la coudée, et celle du défunt pour qui elle a été faite.

M. Jomard (Étalon métrique, p. 10) a déjà dit que, parmi les hiéroglyphes que porte la seconde bande du plat, de la coudée, on peut montrer des caractères qui correspondent aux dieux du pays. Cette observation est très-juste, et cette bande hiéroglyphique ne contient en effet dans son entier que des noms de divinités égyptiennes, au nombre de quinze, placés dans les quinze premiers doigts de la coudée ( de droite à gauche). En voici la liste complète, et l'indication exacte dans les 15 cases.

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successives: 1. case Phré (le Soleil); 2°. Gom (Hercule ); 3o. Mars; 4°. Seb (Saturne); 5o. Netphé (Rhéa); 6o. Osiris ; 7. Isis; 8°. Typhon ; 9o. Nephthys; 10o. Horus; 11o. Amset; 12o. Api; 13o. Satmauf; 14o. Nasnev; 15e. Thoth. Les divinités dont le nom est dans les cases 11, 12, 13 et 144, sont les mêmes que les quatre génies de l'Amenti ou enfer égyptien, dont les quatre têtes, d'homme, de cynocéphale, de schacal et d'épervier, couvrent les quatre vases, dits canopes, qui accompagnent les momies; et comme ces mêmes quinze premières cases des coudées sont celles qui portent les divisions fractionnaires du doigt de un demi jusqu'à un seizième, il paraît que ces divinités présidaient à ces mêmes nombres fractionnaires, ces cases divisées en fractions étant les seules, des 32 que porte la coudée, qui contiennent des noms de divinités également au nombre de quinze, et les chiffres fractionnaires étant écrits immédiatement audessous de ces noms.

La troisième bande de la même coudée est encore occupée par une longue inscription hiéroglyphique. J'ai dit dans mes Observations que l'on pouvait conjecturer, avec quelque vraisemblance, que les inscriptions de la coudée Drovetti confirmeraient, quand on les connaîtrait, la destination commune que j'ai assignée aux monumens de ce genre, en ne les considérant que comme des monumens funéraires, et non comme des mesures réelles absolument exactes (1). Cette conjecture est pleinement justifiée par le monument même : l'inscription de la troisième bande n'est qu'une inscription funéraire, comme celle de la coudée Nizzoli, de la palette du scribe du cabinet du roi, des momies, etc. Elle porte en effet, selon la lecture de mon frère, la légende ordinaire de tous ces monumens des morts: Que soient approuvans les dieux, seigneurs de la région supérieure, qu'ils accordent toutes sortes de biens, etc., à AMÉNÉMOPHT défunt. Ainsi, 1o. la coudée Drovetti est un monument funéraire, comme celle de Nizzoli et le fragment du cabinet du roi ; 2o. elle

(2) J'apprends que M. le comte de Balbe, président de l'académie royale de Turin, avait déjà remarqué, dans ses Lezioni Academiche, intitulées Del metro sessagesimale, antica misura Egizia, rinnovata n'el Piemonte (23 novembre 1823), que l'inégalité des divisions de ces coudées ne permet pas de croire qu'elles aient jamais servi de mesure réelle.

a été faite pour Aménémopht, et déposée dans son tombeau après sa mort, selon l'usage pratiqué pour les personnes de sa profession; 3°. cet Aménémopht est mort durant le règne du roi Horus, de la XVIII. dynastie, vers l'an 1600 avant l'ère chrétienne.

La nature véritable de ces simulacres de coudée (1) ne paraît plus douteuse; mes observations précédentes sont ainsi justifiées, et l'importance des recherches de quelques savans modernes sur les mesures des anciens, donnera peut-être quelqu'intérêt à ces nouveaux documens. J. J. CHAMPOLLION-FIGEAC.

26. MONUMENTI ETRUSCHI O DI ETRUSCO NOME DISEGNATI..... Monumens étrusqúes, ou désignés sous ce nom; gravés, expliqués et publiés par le chev. Fr. INGHIRAMI. In-4. avec des pl. enlum. 2o. et 3o. séries. Badia Fiesolana; 1821-23.

Les objets de la 2o. série sont les disques qu'on a appelés patères, et que l'auteur veut qu'on appelle miroirs mystiques. Déjà en 1814 le professeur Schiassi avait publié un ouvrage sur les patères des anciens; M. Inghirami a cherché à faire connaître encore d'autres vases semblables, et il résume les opinions de ses savans prédécesseurs avant de donner la sienne sur la destination de ces vases. L'un a cru qu'ils servaient aux sacrifices, l'autre que c'étaient des couvercles d'urnes cinéraires. Mais ils sont presque tous de bronze, et ont la partie concave lisse et luisante; on les trouve toujours dans les tombeaux. C'est ce qui avait déjà engagé le savant suédois Akerblad à conjecturer que c'étaient des miroirs qu'on enterrait avec les belles femmes mortes à la fleur de l'âge. M. Inghirami croit aussi que c'étaient des miroirs, mais non de la toilette des femmes, parce qu'autrement on en aurait trouvé d'argent, comme on trouve des colliers, bracelets et autres objets de parure de ce métal. Or il n'y a eu que des miroirs de bronze parmi tous ceux qui ont été trouvés dans les tombeaux de Volterra; on voit pourtant par les ornemens en or, par les pierres précieuses et par les inscriptions, que ces tombeaux avaient appartenu à de riches familles. Les figures symbo

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(1) Une autre palette de scribe, nouvellement arrivée à Paris, bois dit de Méroé comme la coudée Droveiti, est du même genre. On y voit le mort implorant Osiris, et derrière, une belle inscription hieroglyphique encore funéraire.

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