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annonce que le livre a été imprimé dans une maison particulière faute de privilege. Les deux notes n'existent pas dans l'édition ou dans le tirage qui a souffert des suppressions.

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Rien de pareil n'est arrivé aux Mémoires de Duplessis-Mornay, les secrétaires de ce vaillant capitaine ayant eu soin de supprimer toutes les pièces qui pouvaient compromettre des hommes vivans; et c'est la publication de ces pièces, jusqu'à présent inédites, qui assure la supériorité de l'édition nouvelle; elles sont au nombre de plus de trois mille: aussi les possesseurs de l'édition originale se plairont encore à se procurer celle de MM. Treuttel et Würtz.

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Parmi les mémoires nouveaux que renferment les 4 premiers vol., il en est deux qui méritent toute l'attention des lecteurs. Le 1 er est une relation à la fois touchante et curieuse de la mort de Marie Stuart, reine d'Écosse; le 2o. est un discours sur l'excessive cherté des denrées et des terres, présenté à Catherine de Médicis par un sien serviteur. Nons ne parlerons pas de la première pièce, il faudrait la copier toute entière. Quant à la seconde, elle peut être l'objet d'une étude pleine d'intérêt sur la valeur de l'argent, le prix des denrées, et la richesse de l'état dans le 14°. et dans le 16o. siècles. Quelle différence avec le 19e.! et quel beau sujet de méditation pour les économistes! Par exemple les coutumes d'Anjou, de Poitou, du Bourbonnais, etc., évaluaient, dans le 14°. siècle, une poule à 6 deniers, un mouton gras avec sa toison à un sou, un cochon à 10 deniers, un tonneau de vin à 30 sous, et quinze quintaux de foin à 10 sous. L'auteur de ce mémoire se plaint à Catherine de Médicis que toutes ces choses sont douze fois plus chères qu'elles ne l'étaient à cette époque.

Quant aux terres, elles avaient subi une augmentation bien plus considérable, c'est-à-dire que du temps de Catherine de Médicis, le simple revenu d'une terre pendant un an équivalait à la valeur de cette terre au 14o. siècle. On sait que Humbert, dauphin de Viennois, vendit le Dauphiné, en 1349, à Philippe de Valois 40 mille écus, une fois payés, et 10 mille florins sa vie durant, avec la condition de donner le nom de dauphin (1) à l'héritier de la couronne de France. Le même Philippe de Va

(1) Voyez sur l'origine du titre de Dauphin un passage singulier du Palais des Curieux par Beroald et de Verville, p. 12, 13 et 14.

lois acheta la ville de Montpellier 25 mille florins d'or, somme qui représenterait tout au plus aujourd'hui la valeur de deux ou trois maisons. Enfin, pour avoir une idée de la rareté de l'argent au 14. siècle, il suffit de rappeler que peu de temps avant la funeste bataille de Poitiers, le roi Jean ne put jamais se procurer dans tout le royaume une somme de 60 mille francs dont il avait le plus pressant besoin. Je ne m'étendrai pas davantage sur ce mémoire, il me suffit de l'indiquer à la curiosité des lecteurs instruits et de ceux qui veulent s'instruire.

Qu'il me soit permis de terminer cet article par une observation qui peut paraître minutieuse, mais qui ne laisse pas d'être fort importante. Les éditeurs indiquent dans leur préface une lettre singulièrement curieuse que le roi de Navarre écrivait à l'archevêque de Rouen, depuis cardinal de Vendôme. Cette lettre renferme des protestations d'attachement sincère à la religion réformée; mais une note qui se trouve au titre de cette lettre nous apprend que, signée par Henri IV, elle fut écrite par Duplessis-Mornay. Une lettre au bas de laquelle un roi n'a fait qu'apposer sa signature peut être considérée moins comme l'expression de ses sentimens particuliers, que de ceux du ministre qui l'a écrite; et dès lors la lettre du roi de Navarre à l'archevêque de Rouen ne doit-elle pas perdre de l'importance religieuse qu'on pourrait vouloir lui donner?

Une préface placée à la tête du troisième vol. de cette nouvelle édition des Mémoires de Mornay, prouve que les éditeurs ont su profiter de quelques observations que je leur ai fait par ́venir lors de la publication des deux premiers vol. Qu'ils mé permettent d'insister sur la différence que je trouve entre une lettre que le roi de Navarre n'avait fait que signer, et une lettre qu'il aurait écrite de sa propre main. Ils ne voudront pas, j'en suis sûr, que le nom de Henri iv se trouve compromis dans les Mémoires de son compagnon d'armes et de son ami. L. AIMÉ MARTIN. 68. MEMORIA SOPRA UN ANTICO MONUMENTO ESISTENTE NELLA CHIESA CATTEDRALE DELLA CITTA DI AOSTA; par M. G. F. Gal. NAPIONE DI COCONATO. ( Mém. de l'Acad. de Turin, t. XXV, partie historique et philologique, p. 93.)

Ce monument, décrit et figuré par Guichenon, a été considéré comme le tombeau du comte Thomas de Savoie, qui mourut le 22 janvier 1233 dans la ville d'Aoste. Mais un nouvel examen de

cette ancienne sépulture, fait par M. de Loche, command. en cette ville, et des recherches sur les anciennes armes des maisons de Savoie ont fait naître quelques doutes. Sur le tombeau on voit en effet la figure d'un guerrier armé de pied en cap; son épée, et son écu chargé d'une aigle, sont placés à sa gauche; un coussin soutient sa tête, et ses pieds s'appuient contre un lion ou un chien accroupi, qui porte un collier auquel une croix est suspendue, Le travail n'a pas paru, à M. de Loche, pouvoir remonter jusqu'à l'époque du comte Thomas; la croix, portant le mot mystérieux FERT, si difficile à entendre dans les annales de la Savoie, est l'ancienne croix de Savoie, entourée d'enroulemens et pendante au collier même dont l'ordre fut institué par le comte Amédée VI; le monument ne peut donc être plus ancien, et il paraît au savant auteur du mémoire, et à M. le comte de Loche, que le monument appartient au XVo. siècle, et qu'il peut être une restauration d'un monument plus ancien du même comte Thomas, si même il n'appartient pas à un chevalier de l'ordre du collier, qui avait pris une aigle pour ses armes, et peut-être à ce Jean de Vienne, seigneur de Rollans, amiral de France, l'un des premiers chevaliers qui adoptèrent l'aigle d'or pour leur écu. On sait d'ailleurs par les chroniques que le comte Thomas ne fut pas enterré à Aoste; ces chroniques disent que son corps fut déposé dans l'abbaye de St.-Michel de la Cluse près d'Avigliana. Il reste donc encore quelques doutes sur la destination véritable du monument. Son époque ne paraît pas remonter, d'après la description, au delà du XV. siècle. C. F.

69. Le conseiller privé de S. M. le roi de Bavière, chevalier de Wiebeking, auteur d'un ouvrage sur l'Architecture hydraulique, en 4 volumes, faisant à présent un voyage scientifique en France et en Angleterre, pour visiter les édifices les plus remarquables de ces pays, parce qu'il traitera dans le troisième volume de son architecture civile, l'histoire descriptive de l'architecture civile de ces contrées, a lu le 21 juin dernier, dans la séance de l'Académie royale des sciences de Paris, dont il est correspondant, un Mémoire intitulé Mémoire sur l'état de l'architecture au moyen âge, et sur les moyens par lesquels les monumens de ce temps ont été exécutés avec exactitude. Voici un aperçu de ce travail.

Il est très-remarquable que, tandis que la plupart des branches

du savoir humain étaient en décadence au moyen âge, l'architecture pratique se tenait à une hauteur digne d'elle; la solution de ce problème est l'objet essentiel de ce mémoire. 1o. Comme beaucoup d'ecclésiastiques s'occupaient de l'architecture, ils employaient tous les moyens propres à l'exécution; et l'auteur a trouvé par ses recherches, que même en France il y avait beaucoup d'évêques qui s'appliquaient avec succès à l'architecture. 2o. Le clergé lui-même mettant la main à l'œuvre, les laïques ne pouvaient pas s'en dispenser. D'après les règles de St.-Benoît, une certaine classe de religieux fut obligée à des travaux pour la construction des temples: il était de même naturel que l'impression faite par la religion chrétienne produisit sur l'âme le désir de posséder et d'élever de grandes églises pour l'honneur du culte divin.

3o. Après l'invention des voûtes en ogives et croisées, si sveltes et si légères, c'est-à-dire de la construction de voûtes à la manière tudesque, dont le goût se manifesta en Allemagne vers la fin du dixième siècle et dans les cathédrales de Zeiz, Meissen, Naumburg et Mersebourg; en France, vers 1030, à l'église de Coutances; en Angleterre, vers 1130, à l'église de Sainte-Croix à Winchester et qui était employée dans le douzième siècle à Saint-Denis, Paris, Metz, dans beaucoup d'églises en France, en Allemagne, dans les Pays-Bas, en Suisse, en Angleterre et en Italie, les temples ne demandaient plus de si forts murs ou points d'appui qu'ils l'avaient exigé d'après la manière de bâtir connue jusqu'alors. Par-là on fit une économie considérable dans la masse des murs; on peut l'estimer à un tiers, et cet avantage facilita essentiellement la construction des grandes églises, et contribua à les multiplier.

4°. Celui qui examinera ces monumens d'un œil connaisseur, ne manquera pas d'observer la solidité architectonique de leur exécution, et que le choix soigneux des matériaux, le plan et l'exécution supposent des connaissances profondes en statique et en mécanique. Mais il ne suffisait pas que l'évêque, après avoir projeté le plan, fût pourvu de l'argent et des matériaux nécessaires à l'exécution de l'édifice qui devait faire la splendeur de son diocèse et lui assurer la reconnaissance des contemporains et de la postérité; cette exécution exigeait encore beaucoup d'ouvriers exercés pour réaliser le projet d'une manière solide et exacte. Mais comment, en ces temps où les beaux-arts étaient en

décadence, ces ouvriers pouvaient-ils être trouvés en aussi grand nombre que l'exigeait l'édification de tant de grands temples, couvens et châteaux fortifiés, dans la plupart des pays de l'Europe? Cela mérite d'être dévoilé à ceux qui s'intéressent à l'histoire des hommes et à l'architecture sous tous les rapports.. L'auteur a envisagé ces matières en développant l'influence qu'avait la fraternité des anciens francs-macons sur la pratique de l'architecture et en montrant que cette société mystérieuse était constituée d'après l'exemple des sociétés romaines pour l'édification des édifices, comme on le voit en remontant à leur origine et à leurs rites en Angleterre, en Italie et en Allemagne, en suivant leur histoire et leur décadence. A la place de ces francsmaçons se mirent les corps de métiers, des maçons, des tailleurs de pierres et des charpentiers. Dès-lors la pratique de l'architecture perdit beaucoup; toutefois dans le moyen âge, plus d'un architecte seul, principalement en Italie, exécuta non-seulement des églises, des couvens, des hôpitaux, des palais, des hôtelsde-ville, mais encore des fortifications, des arsenaux, des ponts, des chaussées, des aquéducs et des ports, tandis qu'il y a maintenant, en beaucoup de pays, un corps nombreux d'architectes civils, des ingénieurs, des intendances somptueuses, un grand nombre de contrôleurs, etc., quoique l'occasion pour l'étude des diverses branches de l'architecture manque. M. de W. croit donc, 1o. qu'il y a, surtout en Allemagne, un besoin urgent d'avoir une école d'architecture, où non-seulement l'architecture civile, mais aussi les autres branches de cette science, c'est-à-dire l'architecture hydraulique, militaire et des mines, soient enseignées. Cette école pourrait se former d'après le plan que l'auteur a proposé dans le premier voulume de son ouvrage sur l'architecture civile; elle aurait aussi une classe pratique pour les ouvriers; 2o. que l'établissement des compagnies d'ouvriers sortant d'une école ainsi organisée, serait d'une grande utilité, et qu'ils remplaceraient les sociétés de francs-maçons du moyen âge; ils faciliteraient l'exécution de tous les grands ouvrages, et fourniraient des pontonniers, des charpentiers, et autres ouvriers exercés pour le service de la guerre.

Ce mémoire mérite assurément une attention particulière de la part de tous les administrateurs, des historiens et des hommes qui s'intéressent au bien public et à leur patrie.

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