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vence, le Lyonnais, le Bourbonnais sont autant de groupes nouvellement formés, dont aucun n'a de véritable prépondérance, mais où fourmillent les artistes de valeur; et, la paix une fois retrouvée, après Charles VII, c'est de nouveau une belle floraison d'œuvres d'art de toutes sortes. Jamais, dit encore M. Georges Lafenestre, jamais «<< notre génie ne se sentit si jeune, si franc, si libre, si prêt à profiter des exemples d'autrui, mais si décidé à reprendre tranquillement et honnêtement la belle route droite, lumineuse et verdoyante, un instant barrée par le malheur, qu'avaient ouverte les ancêtres ».

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Les organisateurs de l'exposition avaient eu la très louable idée de répartir les tableaux par salles, suivant ces groupements d'écoles provinciales, et le XVe siècle français se présentait ainsi très riche et très varié.

C'est d'abord la Bourgogne, unie aux Flandres sous les mêmes princes, et bénéficiant naturellement des mêmes talents: tout au début du siècle, on y rencontre Jean Malouel, peintre gueldrois, il est vrai, mais établi à Dijon vers 1398, qui était, croit-on, l'oncle des trois frères de Limbourg, les célèbres miniaturistes, venus se former et résider à Paris à la fin du XIVe siècle, les frères de Limbourg, auteurs des peintures de ce recueil, si justement nommé, les très riches heures du duc de Berri (musée Condé, à

Chantilly). Les productions de Jean Malouel (Le Martyre de Saint-Denis) et de son école procèdent d'ailleurs de l'école parisienne, du moins au début; avec leurs couleurs légères, leurs fonds d'or, leur façon un peu sèche de draper les personnages, ces artistes rappellent aussi les procédés habituels des miniaturistes d'alors.

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En Artois et dans le Hainaut, où brille à Tournai Rogier de La Pasture (Rogier van der Weyden), on trouve le Maître de Flémalle, revendiqué à la fois par les Flamands et par les Français. Peut-être, un jour viendra-t-il où les documents apporteront leur lumière sur ce débat, comme ils l'ont fait, en ces dernières années, pour d'autres maîtres, bien autrement importants et bien français, ceux-là, des écoles de la Loire et du Midi.

L'école de la Loire était représentée par le peintre « le plus national » que nous ayons au XVe siècle, Jean Fouquet, et telle fut la générosité des collectionneurs français et étrangers que tout l'oeuvre du célèbre maître tourangeau se trouva pendant quelques mois réuni à Paris. Outre ses portraits, merveilleux de vie et de liberté, comme l'Étienne Che

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LE MAÎTRE DE MOULINS. UNE DAME PRÉSENTÉE PAR LA MADALEINE.

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(Musée du Louvre).

valier du musée de Berlin, le Portrait de Charles VII et celui de Jouvenel des Ursins du Louvre, outre les portraits d'hommes appartenant, l'un au duc de Lichtenstein (Jean Robertet, croit-on) et l'autre au comte Wilczeck, outre la Vierge sous les traits d'Agnès Sorel du musée d'Anvers, il faut signaler les admirables manuscrits enluminés par cet artiste : les Antiquités juives de Josèphe (deux volumes, l'un à la Bibliothèque nationale,

l'autre dans la collections Yates Thompson); Les Grandes Chroniques de France (Bibliothèque nationale); les Heures d'Étienne Chevalier (un feuillet à la Bibliothèque nationale; deux au Louvre; un au British Museum; les quarante autres, au musée Condé, à Chantilly); les Cas des nobles hommes et femmes, de Boccace (Bibliothèque royale de Munich); les Statuts de l'ordre de Saint-Michel (Bibliothèque nationale). Là, Jean Fou

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quet se révèle sous un jour nouveau miniaturiste, il l'a été avec une habileté consommée dans l'invention comme dans la facture; il a élargi ce genre au point de faire de chaque feuillet d'un livre d'heures comme celui d'Étienne Chevalier, un véritable tableau, aussi riche et frais de ton que joliment et ingénieusement composé. On n'a jamais fait, on ne fera jamais mieux : c'est l'expression la plus complète d'un art parvenu à sa plus parfaite expression, mais qui n'est pas encore prêt de décliner ni de disparaître.

À côté de Jean Fouquet, dont on a pu reconstituer l'oeuvre à l'occasion de l'exposition des Primitifs, il faut mettre celui dont l'exposition a permis la véritable révélation, et peut-être l'identification: le peintre des Bourbons, ou le Maître de Moulins, artiste délicat, d'une grâce exquise dans l'expression comme dans l'arrangement, comme dans la couleur, splendidement représenté, par des œuvres capitales et tout à fait digne de prendre rang auprès des maîtres de la Renaissance italienne, La Nativité de l'évêché d'Autun, fraîche et transparente comme une aquarelle; les deux petits portraits de Pierre, duc de Bourbon, et de sa femme Anne de Beaujeu (musée du Louvre); l'AvouéChevalier et Saint Victor (musée de Glasgow); la Donatrice et Sainte Madeleine, tout ré

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cemment acquis à M. Agnew, par le musée du Louvre); la Vierge et les quatre anges (musée de Bruxelles); et surtout le grand triptyque de la cathédrale de Moulins, avec, au centre, une vierge glorieuse entourée d'angelots charmants, et, sur les deux volets, le duc et la duchesse de Bourbon accompagnés de saint Pierre et de sainte Anne, telles sont les œuvres principales de ce «< maître de Moulins », un très grand artiste, en qui MM. Georges Lafenestre, Henri Bouchot, E. Durand-Gréville, Paul Durrieu, après MM. de Maulde La Clavière et G. Hulin, veulent voir ce Jean Perréal, peintre de Charles VIII, Louis XII et François Ier, collaborateur de Michel Colombe pour le tombeau de François II, duc de Bretagne, à la cathédrale de Nantes, - ce même Perréal« auquel les Gonzague de Mantoue demandaient un portrait, presque du vivant même de Mantegna ».

Là encore, les documents viendront un jour, comme ils sont venus pour Nicolas Froment, d'Uzès, et pour Enguerrand Charonton, de Villeneuve-lès-Avignon. Avec ces deux artistes, en effet,

et avec Pierre Villate dont on commence à démêler la vie

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