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et construisant les murs de la cité; voyez encore les apôtres et les prophètes du Psautier latin-français, du duc de Berri (français 13091), œuvres d'André Beauneveu ; et ces merveilles les Grandes Heures du duc de Berri (latin 919), si splendidement décorées par

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Jacquemart de Hesdin que, malgré les mutilations qu'il a subies les grandes peintures ont été arrachées à la fin du XVe siècle le livre est encore un des plus précieux de cette époque; les Petites Heures du duc de Berri (latin 18014), avec leurs petites

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figures marginales au coloris éclatant, les Très belles Heures très richement encluminées du duc de Berri (Bibliothèque royale de Belgique, ms. 11060) sont également du même artiste.

C'est encore pour le duc Jean que travaillèrent le brugeois Haincelin ou Hansslein de Haguenau, fixé à Paris au début du XVe siècle; Jacques Coene ou Cône, aussi originaire de Bruges, mais de bonne heure établi en France et connu par sa décoration du Livre des merveilles du monde (français 2810), donné au duc de Berri, en 1413, par son neveu Jean-Sans-Peur, duc de Bourgogne, et plus encore par son illustration des Heures du maréchal de Boucicaut (collection de Mme Édouard André); enfin les trois frères de Limbourg, auteurs des peintures justement célèbres, qui ornent les Très riches Heures du duc de Berri (musée Condé, à Chantilly). « Les peintures exécutées par Pol de Limbourg et ses frères, dans les Très riches Heures du duc de Berri, écrit M. le Comte Paul Durrieu, qui publie en ce moment ce manuscrit en facsimilés constituent un monument capital, non seulement au point de vue français, mais pour l'histoire générale de la naissance de l'art moderne, tel qu'il doit se développer dans le nord avec les Van Eyck, en Italie avec les Gentile da Fabriano et les Pisanello.... Avant tout, l'œuvre est essentiellement française de caractère, et, étant donnée sa date, elle n'aurait pu naître nulle part ailleurs que dans le milieu groupé autour de la cour des Valois. Mais les auteurs appartenaient à la catégorie de ces nombreux artistes qui sont venus des pays du nord dans la France royale. Ainsi que je l'expose dans la publication mentionnée plus haut, les trois frères enlumineurs étaient très vraisemblablement des neveux du peintre Jean Malouel, originaires d'une localité du « païs d'Allemagne », située près de la Meuse. Enfin, ces artistes ont été extrêmement préoccupés par des productions de l'art italien et s'en sont inspirés parfois dans une très large mesure ». Et M. Durrieu ajoute: « Avec les miniatures des Très riches Heures, l'art de la peinture en France avait atteint à un très haut degré de perfection. Il semblerait qu'une ère nouvelle dût s'ouvrir, à la suite de l'apparition de ces premiers chefs-d'œuvre. Mais hélas! Pol de Limbourg et ses frères étaient loin d'avoir terminé le manuscrit de Chantilly, que le duc de Berry mourait, le 15 juin 1416, et que son trépas faisait interrompre le travail d'illustration du volume ». Cette mort coïncidait avec une des périodes les plus terribles qu'ait traversées la France la guerre de Cent-Ans se compliquait de dissensions intestines, et le règne de Charles VI allait s'achever, en 1422, au milieu de la ruine générale. Paris allait perdre sa suprématie artistique; d'autres centres allaient se créer, modifiant ainsi, comme nous l'avons dit précédemment, les conditions suivant lesquelles la peinture se développait en France. C'est une nouvelle période qui va s'ouvrir, mais avant de l'aborder, il convient de préciser où en est l'art des miniaturistes et de mesurer chemin qu'il a parcouru en un siècle.

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Le naturalisme le plus exquis en est la marque principale: plus de types généraux de costumes conventionnels, d'ornements purement décoratifs. Tout est observé, bien vu, rendu fidèlement. Nobles dames et grands seigneurs, hommes du peuple, soldats ou men

diants, tous nous sont présentés avec leurs costumes exacts, leurs armes pour ceux-ci, leurs outils pour ceux-là, L'ornementation ne reste pas en arrière; toute la faune et toute la

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(Grande miniature du Missel de Saint Magloire, ms. 623 de la Bibliothèque de l'Arsenal).

flore s'introduisent pittoresquement dans les rinceaux qui encadrent les pages. Bien plus, avec Haincelin de Haguenau et Jacques Coene, une innovation considérable vient modifier l'aspect des scènes peintes: au lieu de disposer leurs figures devant des fonds d'ornements

conventionnels, où les ors jouaient le principal rôle, ils ont comme « crevé la toile de fond », introduisant, pour la première fois en leurs compositions, le paysage. C'est une introduction timide et modeste, d'abord (voyez le Jardin du Vieux de la montagne dont nous donnons la reproduction); la perspective y est gauche et les lointains réduits à leur plus simple expression. Mais voici venir les frères de Limbourg, et dans les Très Riches Heures, le dernier mot va être dit par ces véritables créateurs de l'art moderne.

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Il y a quelque plaisir pour nous, a écrit fort justement M. Émile Mâle, à penser; que c'est la figure de la France qui la première inspira à un artiste le désir d'en reproduire les traits. Le livre nous en montre quelques beaux aspects. Voici la Seine à Paris avec la Sainte-Chapelle et le Louvre; voici la forêt de Vincennes dominée par de hautes tours; le fabuleux château de Mebun-sur-Yèvre, le Mont-Saint-Michel....

<< Voilà ce qui se faisait à Paris, de 1390 environ à 1416. On eut vainement cherché quelque chose de pareil dans le reste de l'Europe. Ni Gentile da Fabriano, ni Pisanello, si étroitement apparenté à nos maîtres, n'avaient fait encore leurs chefs-d'œuvre. Les Van Eyck se formaient, et se formaient chez nous sans aucun doute. Si on isole les Van Eyck, si on les enferme dans les Flandres, ce sont des prodiges, des monstres. Mais si on admet qu'ils ont été à l'écoledes miniaturistes parisiens, malgré tout leur génie, ils s'expliquent. D'ailleurs, est-ce là seulement une hypothèse, et pas déjà presque une certitude?

n'est-ce

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M. le Comte Paul Durrieu n'-at-il pas démontré que l'atelier des Van Eyck avait con tinué un manuscrit commencé par l'atelier de duc du Berri? »

Autre remarque importante: l'introduction de plus en plus fréquente du portrait dans les manuscrits, qui s'étend, à partir de Charles V, aux princes et aux seigneurs, et participe, en vérité et en précision, aux progrès réalisés par les artistes en observation devant la nature. Le musée Meermanno-Westreenen, de La Haye, avait envoyé à l'exposition la photographie du portrait de Charles V, par Jean de Bruges, qui sert de frontispice à la Bible historiale, que Jean de Vaudetar offrit au roi en 1372; les Grandes Heures du duc

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