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de l'efprit & dans un ordre purement humain, d'avoir fait d'auffi grandes chofes ? Il eft remarquable que deux Philofophes auffi fublimes que M. Defcartes & M. Pafcal, ont été en même tems infiniment éloignés de l'efprit libertin qui a depuis animé tant de prétendus Philofophes. Defcartes a toujours été très-foumis aux lumieres de la révélation: pour M. Pafcal, fa piété fut encore plus fublime que fon génie. (Voyez fon article.)

Quelques Incrédules ont voulu compter Descartes pour un de leurs Chefs. Ils ont cru qu'il avoit étendu le doute philofophique, dont il recommandoit tant la pratique, jufqu'aux vérités révélées; mais c'est une calomnie. On fait qu'il les refpecta toute sa vie, comme il le devoit ; il les regardoit comme d'un ordre trop fupérieur à la raison, pour vouloir les y affujettir. On voit par-tout dans fes ouvrages & dans fes lettres, qu'il diftinguoit le Philofophe du Chrétien; & que s'il parloit avec hardieffe fur tous les objets de la raison il ne parloit qu'avec foumiffion fur tous les objets de la foi.

On eft obligé de détruire une autre impofture que Defcartes fe vit lui-même forcé de réfuter. Il n'avoit point parlé dans fes Méditations Métaphyfiques de l'immortalité de l'ame; on l'accufa de n'y pas croire; mais il répondit, fuivant M. Thomas, dont nous emprunterons les paroles, qu'ayant établi clairement dans cet Ouvrage la diftinction de l'ame & de la matiere, il fuivoit néceffairement de cette diftinction, que l'ame par fa nature ne pouvoit périr avec le corps. » Ce n'é» toit donc pas feulement comme Chrétien, mais mê »me comme Philofophe, qu'il croyoit que l'ame eft >> immortelle. Eh comment fe refufer à un dogme fi » confolant & fi doux ! Peut-on croire à un premier » Etre jufte & bienfaifant, fans croire qu'il récompen>> fera l'homme vertueux qui tâche de lui reffembler? » Cette espérance n'eft-elle pas le foutien de l'hom» me dans le malheur, fon appui dans fa foibleffe » fon encouragement dans fes vertus? Ah! fans doute, » il faut qu'il y ait un monde tout différent, où les » inégalités cruelles de celui-ci foient réparées, où » l'homme jufte foit remis à fa place, où les oppref>> fions ceffent, où les perfécuteurs n'aient plus de pou

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» voir, où l'homme soit enfin l'égal de l'homme, fans 131 » ne pouvoir plus être ni tourmenté ni avili. Il faut » que celui qui a fouffert, ou qui eft mort pour la >> vertu puiffe dire à Dieu : Etre jufte & bon, je ne me » répens pas d'avoir été vertueux. Comment donc peut-il >> y avoir des hommes, qui renoncent volontairement » à une fi douce espérance? Pour moi fi j'avois le mal>> heur de douter de ce dogme, je chercherois bien » plutôt à me faire illufion. Je me garderois bien d'ôter » cette confolation aux foibles, ce frein aux hommes » puiffans, cette reffource d'un avenir à tous les mal>> heureux. Je me garderois bien de m'avilir à mes » propres yeux : car plus l'homme aura une grande » idée de fon Etre, plus il fera difpofé à ne rien faire » d'indigne de lui-même. (Eloge de Defcartes, note 21.), «

DEVOTION. (Apologie de la ) Voyez PIETISTES. TION.

DID. ***

Caractère de cet Auteur & de fes Ouvrages. PArmi les Héros du parti, les Chefs de l'incrédulité, aucun n'a montré autant d'enthousiafme que celui-ci. On l'a comparé, déchirant les Livres Saints, à Charles XII, qui veut couper le feuillet où Boileau blâme les Conquérans. Il y a du vrai dans cette comparaifon, & M. Did.*** aujourd'hui plus modéré, a paru pendant quelque tems auffi Fanatique contre la Religion, que le Monarque Suédois l'étoit pour la gloire. Cet ennemi du Chriftianifme préluda dans de petites brochures & dans des Romans obfcènes; car c'eft dans ces Livres, que les Philofophes modernes apprennent & débitent leur Catéchifme; mais il porta les grands coups dans fes Penfies Philofophiques (1748. petit in-12. qui lui procura le malheureux avantage de philofopher à la Baftille.) Un Journaliste célébre a mis cet Ouvrage en parallele avec les Lettres Philofophiques de M. de V. En effet, fi ces deux livres différent peu par le titre, ils différent encore moins par le but de leurs Auteurs.

Il y a dans les Penfees bien plus de feu & d'énergie que dans les Lettres; celles-ci, toutes fondues ensemble, feroient à peine quelques lignes des autres. De part & d'autre, ce font cependant les mêmes traits; mais dans les Penfées, ils reçoivent une meilleure trempe, ils font décochés avec bien plus de vigueur que dans les Lettres. Le ftyle des Lettres éblouit par fes agrémens ingénieux; celui des Penfées étonne par fes tours finguliers. Là, c'eft un critique amufant, qui égaie fa bile par des obfervations facriléges; ici, c'eft un enthoufiafme éloquent qui exhale en blafphêmes raisonnés une colere réfléchie. L'un développe & étend fes idées avec complaifance; l'autre ferre fes penfées & les lance avec violence pour les graver plus profondement; mais le poifon de l'un & de l'autre s'écoule à la vue de la Religion.

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Les principales erreurs de l'Auteur des Penfées font, 1°. Que les paffions font bonnes, & que la raison qui en eft la régle, & la Religion qui en eft le frein, n'infpirent qu'une baffeffe honteufe & une ftérile indolence. 2°. Que le Dieu des Superftitieux, c'est-a-dire, des Chrétiens, ne décernant que des récompenfes & des peines éternelles, révolte l'Athée, qui feul peut être ramené par le Déifte Anti Chrétien. Son Dieu n'eft ni trop bon ni trop méchant ; ainfi fuivant ce judicieux Moralifte, il fait un fort égal à l'innocent & au coupable. 3°. Ce n'eft que depuis les nouveaux Philofophes, qu'on a trouvé des preuves fatisfaifantes d'un Etre intelligent. Graces aux travaux de ces grands hommes & de M. Did.*** fur-tout, le monde n'est plus un Dieu c'eft une machine qui a fes poulies, fes refforts & fes poids. Les Auguftin, les Chryfoftome les Bafile n'ayant pas connu cette machine, n'ont pas connu la Divinité. 4°. Le Scepticisme eft le premier pas vers la vérité il doit être général, car il en eft la pierre de touche.... Il feroit à fouhaiter qu'un Scepticisme univerfel fe répandît fur la furface de la terre;... Un demi-Scepticisme eft la marque d'un efprit foible. 5°. Le Chriftianifme n'eft point démontré à quiconque n'a eu aucun commerce avec la Divinité, & n'a jamais été témoin d'aucun miracle. Pourquoi donc exiger qu'on croie le Myftére de la Trinité auffi fermement qu'on croit une vérité de Géométrie ? L'Au

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teur fuppofe ici que le Chriftianifme ne peut être mis en évidence, que par des prodiges. Mais i cette Religion fainte peut être démontrée auffi par des raisons invincibles, les miracles ne font qu'un fupplément à ces raifons, à l'appui defquelles on les fait venir.

Ce n'est là que le précis des faux principes de l'Auteur des Penfées, mais il les a développés dans fes différens Ouvrages, & fur-tout dans fes Lettres fur les aveugles & fur les fourds, par un homme qui ne voit ni n'entend, du moins en matiere de Religion. Le style de ces Lettres étoit peu capable de féduire; il n'a ni la netteté ni la nobleffe de celui des Penfées Philofophiques. Il eft obfcur, amphibologique, chargé de latinifme, de conftructions vicieufes, de penfées entortillées, d'expreffions fingulieres, de fimilitudes recherchées. Mais l'Auteur attaquoit la Religion, & il étoit fûr d'être bien accueilli.

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L'ENCYCLOPÉDIE a été encore le champ de bataille de M. Did.***, un des chefs de cette dangereufe entreprise. On lui attribue auffi une partie de la These de l'Abbé de Prades & de la défenfe de cette Thefe. Ces différens attentats contre la Religion prouvent dans l'Auteur un acharnement bien horrible; & que veut-on fubftituer à cet édifice divin? la chimere monftrueufe du Matérialisme, chimere qui ouvre la porte à tous les vices & à tous les crimes. Dans quel abîme ne tombe-t-on pas lorfqu'on s'écarte de la route de la Religion? Prions le Pere des lumieres d'y ramener M. Did.*: *** qui a d'ailleurs des vertus, une ame forte & élevée un génie étendu & une imagination brillante. Sa Lettre fur les aveugles n'annonce pas à la vérité toutes ces qualités; mais on peut fe négliger dans une brochure ténébreuse, & montrer tout fon génie dans un ouvrage public. M. Did.*** érige dans celle-ci les brutes en créatures raisonnables, & les met à notre niveau. Il entreprend d'anéantir la raifon même, en infinuant que fes principes varient autant que nos organes. Il porte la licence jufqu'à y avancer que l'impudence cynique, fi détestée des prétendus petits efprits, est l'effort généreux d'une fublime philofophie, qui débarraffe les hommes de préjugés très-incommodes. Il y raye du catalogue des vertus, l'humanité,

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compaffion. Il dit que nos vertus fe réduisent à des fentimens aveugles, à des difpofitions machinales qui doivent par conféquent varier felon la différence des organes & les fenfations qu'on éprouve. Les fauffes idées, les Paralogifmes, les Paradoxes infenfés, les vaines fubtilités, tout eft employé avec art pour foutenir ces abominables principes. Il s'y propofe de regarder les aveugles en Philofophe, pour tirer des fingularités qui leur font propres, une théorie à l'ufage de ceux qui ont des yeux; mais quand on eft foimême aveugle fur les principes de la Religion & de la Morale, on ne peut, en traitant un tel fujet, que donner dans les égaremens les plus affreux; & c'eft ce qui eft arrivé à M. Did.*** malgré fes lumieres & fa fagacité.

DIE U.

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Réflexions fur fon existence & fes attributs. PLus je m'efforce de contempler fon effence infinie,

moins je la conçois; mais elle eft, cela me fuffit; moins je la conçois, plus je l'adore. Je m'humilie & lui dis: Etre des êtres, je fuis parce que tu es ; c'eft m'élever à ma fource que de te méditer fans ceffe. Le plus digne ufage de ma raifon eft de s'anéantir devant toi; c'est mon raviffement d'esprit, c'est le charme de mà foiblesse de me fentir accablé de ta grandeur. R.

Voulons-nous pénétrer dans les abîmes de métaphyfique qui n'ont ni fond ni rive, & perdre à difputer fur l'eflence divine, ce tems fi court qu'il nous donne pour l'honorer Nous ignorons ce qu'elle eft, mais nous favons qu'elle eft, que cela nous fuffife. Elle fe fait fentir au-dedans de nous.. Nous pouvons bien difputer contre elle, mais non pas la méconnoître de bonne foi. R.

Rien n'exifte que par celui qui eft. C'est lui qui donne un but à la juftice, une bafe à la vertu, un prix à cette

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