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courte vie employée à lui plaire. C'eft lui qui ne cesse de crier aux coupables que leurs crimes fecrets ont été vus, & qui fait dire au jufte oublié tes vertus ont un témoin; c'est lui; c'eft fa fubftance inaltérable qui eft le vrai modele des perfections dont nous portons tous une image en nous-mêmes. Nos paffions ont beau la défigurer, tous fes traits, liés à l'effence infinie, fe repréfentent toujours à la raifon, & lui fervent à rétablir ce que l'impofture & l'erreur en ont altéré. R.

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Le fpectacle de la nature, fi vivant, fi animé pour ceux qui reconnoiffent un Dieu, eft mort aux yeux de l'Athée; & dans cette grande harmonie des êtres où tout parle de Dieu d'une voix fi docile, il n'apperçoit qu'un filence éternel. R.

Croire Dieu & les efprits corporels eft une ancienne erreur métaphyfique; mais ne croire abfolument aucun Dieu, ce feroit une erreur affreufe en Morale, une erreur incompatible avec un gouvernement fage. R.

Newton étoit intimement perfuadé de l'existence d'un Dieu, & il entendoit par ce mot non-feulement un Etre infini, tout-puiffant, éternel & créateur, mais un Maître qui a mis une relation entre lui & fes créatures; car fans cette relation la connoiffance d'un Dieu n'eft qu'une idée ftérile, qui fembleroit inviter au crime, par l'efpoir de l'impunité, tout raifonneur né pervers.

Aufli ce grand Philofophe fait une remarque finguliere à la fin de fes Principes. C'eft qu'on ne dit point mon éternel, mon infini, parce que ces attributs n'ont rien de relatif à notre nature; mais on dit & on doit dire: Mon Dieu, & par-là il faut entendre le Maître & le confervateur de notre vie, l'objet de nos pensées. V.

Plufieurs perfonnes s'étonneront peut-être que de toutes les preuves de l'existence de Dieu, celle des cau

fes finales fut la plus forte aux yeux de Newton. Le deffein, ou plutôt les deffeins variés à l'infini qui éclatent dans les plus vaftes & dans les plus petites parties de l'Univers, font une démonstration qui, à force d'être fenfible, en eft prefque méprifée par quelques Philofo

! phes. Mais enfin Newton penfoit que ces rapports in

finis, qu'il appercevoit plus qu'un autre, étoient l'ouvrage d'un artisan infiniment habile. V.

Regardez cette étoile, elle eft à quinze cens millions de lieues de notre petit globe. Il en part des rayons qui vont faire fur vos yeux des angles égaux au fommet; ils font les mêmes angles fur les yeux de tous les animaux; ne voilà-t-il pas un deffein marqué? Ne voilàt-il pas une loi admirable? Or qui fait un ouvrage, finon un Ouvrier? Qui fait des loix, finon un Législateur ? Il y a donc un Ouvrier, un Législateur éternel. V.

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Si la matiere quelconque mife en mouvement suffisoit pour produire ce que nous voyons fur la terre, il n'y auroit aucune raifon pour laquelle, de la pouffiere bien remuée dans un tonneau ne pourroit produire des hommes & des arbres, ni pourquoi un champ femé de bled ne pourroit pas produire des baleines & des écreviffes au-lieu de froment. C'eft envain qu'on répondroit que les moules & les filieres qui reçoivent les femences, s'y oppofent; car il en faudra toujours revenir à cette queftion: pourquoi ces moules, ces filieres font-elles fi invariablement déterminées? Or, fi aucun mouvement, aucun art ne peut faire venir des poiffons au-lieu de bled dans un champ, ni des nefles au-lieu d'un agneau dans le ventre d'une brebis, ni des roses au haut d'un chêne, ni des faules dans une ruche d'abeilles, &c. Si toutes les efpeces font invariablement les mêmes dois-je pas croire d'abord avec quelque raifon que toutes les efpeces ont été déterminées par le Maître du monde; qu'il y a autant de deffeins différens, & que de la matiere & du mouvement il ne naîtroit qu'un cachos éternel fans ces deffeins. V.

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Vous ne trouvez pas que le Créateur foit bon, parce qu'il y a du mal fur la terre. Mais la néceffité qui tiendroit lieu d'un Etre fuprême feroit-elle quelque chofe de meilleur ? Dans le fyftême qui admet un Dieu, on n'a que des difficultés à furmonter, & dans tous les autres fyftêmes on a des abfurdités à dévorer. V.

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Le mot de bon, de bien être eft équivoque; ce qui eft mauvais par rapport à vous, eft bon dans l'arrangement général. L'idée d'un Étre infini, tout-puiffant, tout intelligent & préfent par-tout ne révolte point votre raifon. Nierez-vous un Dieu, parce que vous aurez eu un accès de fiévre ? Il vous devez le bien être dites-vous; quelle raison avez-vous de penfer ainfi ? Pourquoi vous devoit-il ce bien être ? Quel traité avoitil fait avec vous? Il ne vous manque donc que d'être toujours heureux dans la vie pour reconnoître un Dieu ? Vous qui ne pouvez être parfait en rien, pourquoi prétendriez-vous être parfaitement heureux? Mais je fuppofe que dans un bonheur continu de cent années vous ayez un mal de tête; ce moment de peine vous fera-t-il nier un Créateur? Il n'y a pas d'apparence. Or fi un quart-d'heure de fouffrance ne vous arrête pas, pourquoi deux heures? Pourquoi un jour ? Pourquoi une année de tourment vous feroient-ils rejetter l'idée d'un Artifan fuprême & univerfel?

Il eft prouvé qu'il y a plus de bien que de mal dans ce monde; puifqu'en effet peu d'hommes fouhaitent la mort ; vous avez donc tort de porter des plaintes au nom du genre humain & plus grand tort encore de renier votre Souverain, fous prétexte que quelques-uns de fes fujets font malheureux. V.

N. B. Les réflexions de cet article font de M. M. Rouleau & de V.; & nous les avons défignés par les lettres initiales de leur nom nom qui n'étant pas fufpect aux Impies, donnera plus de poids à leurs preuves. (Voyez ATHÉES. )

DOGME S.

Ils font obfcurs & non pas abfurdes. LEs Déiftes prétendent que les dogmes du Chriftianifme font abfurdes. Nos Mystères font obfcurs, il est vrai; nous les donnons auffi comme impénétrables à l'efprit humain, & nous enfeignons qu'il ne les comprendra qu'au tems où celui qui les propofe maintenant à fa foi, les lui dévoilera lui-même. Toutefois de ce qu'ils font obfcurs, il ne s'enfuit pas qu'ils foient abfurdes. Nulle Dialectique n'autorife de pareilles_conféquences; & l'on ne dira jamais, que ce qui eft audeffus de la raifon; foit par cela feul contraire à la raison.

Il eft certain qu'on ne peut affurer d'une propofition qu'elle eft abfurde, à moins qu'on n'ait préalablement une connoiffance parfaite des idées qu'elle renferme. Pour favoir fi ces idées fe contredifent, fi elles s'excluent formellement, & fi elles fe combattent, il en faut connoître les propriétés, & fe tenir bien fûr qu'on les connoît toutes, autrement on s'expose au péril manifefte de fe tromper. On prendra pour abfurde ce qui femblera fe contredire par les côtés apperçus, & l'on ne verra pas dans ceux qui fe dérobent, le nœud fecret qui accorde les difcordances apparentes. Quiconque juge d'un objet fans l'avoir comme épuifé, juge donc en téméraire ; & s'il rencontre le vrai, c'est un préfent du hazard, une découverte fans mérite.

Concluons de-là que pour décider des Mystères qu'ils font abfurdes, l'Incrédule doit fe vanter d'en connoître tous les rapports, & d'en avoir mefuré toute la profondeur, c'eft-à-dire, que l'Incrédule doit foutenir que l'Étre parfait n'a point de fecrets dont l'homme ne foit inftruit que nos foibles lumicres atteignent d'un bout à l'autre à tout ce que Dieu veut & peut; qu'il eft infenfé que la fageffe éternelle connoiffe des vérités inacceffibles à la raifon humaine, même fujette à l'empire des fens; qu'il eft faux que celui qui eft fans bornes ait des vues fupérieures à celui qui a des bornes ;

qu'enfin l'incompréhenfible & l'abfurde n'expriment que la même chofe ; & qu'ainfi avcuer de l'un qu'il eft inféparable des Myftères; c'eft fe ravir toute reffource pour en écarter l'autre. Encore une fois, voilà ce qu'il faut ofer dire avant que d'avilir nos dogmes, jufqu'à leur imputer le contradictoire. Il faut foi-même porter le Paralogifme jufqu'à l'excès de fuppofer contraire à la raison tout ce qui eft manifeftement au-dessus d'elie. C'est donc à ceux qui nous combattent, à fe demander fi rien ne les bleffe dans cette orgueilleufe doctrine. S'ils en font effrayés, pourquoi pofent-ils un principe qui les y mene? & s'ils l'adoptent, qui pourra fe ranger de leur parti, fans démentir ce que fa confcience lui fait connoître de fa foibleffe?

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Examinons ce qui rend une chofe abfurde ou impoffible C'est l'union des propriétés incompatibles, dans le même fujet, ou le retranchement de quelques-unes des propriétés qui lui font effentielles, car rien de ce qui eft, & de ce qui peut être, ne fauroit combattre fes propres principes. Il faut que chaque objet renferme ce que fa nature comporte de néceffaire. Or dites-moi quelle eft la propriété effentielle des Myftères ? n'eft-ce pas de confterner l'efprit humain, & de lui paroître abfurdes? Dieu qui nous demande pour eux le facrifice de nos lumieres, répand exprès fur nos dogmes cette apparence de contradiction qui nous étonne. S'ils étoient évidemment vrais, comme le font les premiers prin cipes, l'économie de la Religion feroit renverfée, nous ne ferions plus conduits par le chemin de l'obfcure foi. Le Chriftianifme cefferoit d'être ce qu'il eft, ee que Dieu veut qu'il folt. Donc pour juger de nos Mystères, s'ils font abfurdes ou non, il n'eft befoin que de favoir, s'ils confondent nos raifonnemens, & s'ils paroiffent, foulever les idées naturelles; car telle eft la propriété de tout mystère, & elle en eft inféparable. Or, nos dogmes produifent ce double effet. L'Incrédulité même ne prend que trop le foin de nous le reprocher. D'où vient donc qu'elle dit de ces mêmes degmes qu'ils font abfurdes? Peuvent-ils l'être dès qu'ils ont ce qui convient, & qu'ils n'ont que ce qui convient à leur effence? N'est-ce pas au contraire le comble de l'abfurdité, d'employer pour détruire une chofe, ce qui conftitue le fond de fa nature, de dire d'elie, qu'elle

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