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du premier ordre; un Dieu qui tenoit beaucoup audeffous de lui les Dieux inférieurs. Il ne daigne pas en effet affister à un facrifice Théurgique, où l'invite fon Difciple Amélius. Ce n'eft point à moi, lui dit-il, à faire aux Dieux les premieres avances, c'est à eux à me prévenir. Le moyen de foupçonner que celui qui refufoit ainfi de traiter d'égal à égal avec les Dieux, ne fût pas un Dieu lui-même ? Il l'étoit fi conftamment, qu'après fa mort, ( car ce Dieu mourut) Apollon fe chargea de fon éloge funébre. Il mit Plo tin dans l'affemblée des immortels ne pouvant le mettre aux petites maifons, & le plaça auprès de Minos, de Rhadamante, d'aque, de Platon & de Pythagore.

Voilà les impofteurs qu'on ofe mettre en parallele avec le fils de Dieu; qu'on examine & qu'on décide.

IDOLATRIE.

Définition de ce mot; il y a eu beaucoup d'Idolâtres.

IL n'étoit pas befoin certainement de faire un grand

étalage d'érudition Grecque, pour prouver qu'Idolâtre fignifie adorateur des Idoles. C'eft-là le fens propre de ce mot; mais il fe dit auffi de tous ceux qui rendent un culte divin à des créatures. Les Perfes qui adoroient le feu, les Egyptiens qui adoroient les Crocodiles, étoient Idolâtres. C'est ce que dit le Dictionnaire de l'Académie Françoife, édition de 1762, au mot Idolâtre. Ainfi on peut donner ce nom à plufieurs peuples auxquels M. de V. veut le refufer. Toutes fes brillantes differtations là-deffus ne font que des erreurs de termes; & s'il avoit voulu nous entendre, il fe feroit épargné de longues difcuffions qui ne menent à

rien.

Nous convenons que dans le commencement de l'idolâtrie, lorfque les hommes n'adoroient que les aftres & les élémens ils n'avoient point d'idoles

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ni d'images pour les répréfenter, parce que ces objets leur étoient préfents. Ils n'avoient pas même de Temples; mais dès que les hommes eurent commencé à adorer des Héros qui étoient morts, ils voulurent les rendre préfents par des repréfentations & des fimulacres. C'eft de là que font venues les Idoles pofées dans des Temples où les hommes. s'affembloient & fe profternoient devant elles. Les uns rapportoient ce culte aux objets que les Idoles repréfentoient; mais quelques-uns adoroient l'Idole même; d'autres enfin la regardoient feulement comme un mémorial, que quelques uns prétendoient fervir à attirer l'ame ou la vertu des Dieux.

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Ceux qui reconnoiffoient la vanité des Idoles ne laiffoient pas d'être idolâtres , puifque nous dons par idolâtrie le culte des faux Dieux. Pythagore étoit Payen, les anciens Romains étoient Payens; cependant Pythagore, par un effort de la raifon naturelle, foutenoit que la Divinité ne pouvoit tomber fous les fens corporels, mais qu'elle étoit feulement intelligible; & fur ce principe, il défendoit de faire aucune figure pour représenter les Dieux. Numa fuivit cette doctrine dans la Religion qu'il établit à Rome ; & les premiers Romains ont été l'efpace de cent foixante-dix ans avec les Temples bâtis en l'honneur de leurs Dieux, fans ftatue, figure, ou image d'aucun de ces Dieux, ni peinte. ni taillée, ni jettée au moule. Leur idolâtrie confiftoit alors au culte de plufieurs faux Dieux; qu'ils adoroient. Dans la fuite du tems, les peuples adorerent mêmes les Idoles, & respecterent comme des Divinités les ftatues qu'ils avoient eux-mêmes fabriquées. Comment M. de V. peut-il en douter lui qui dit, qu'il y a eu de tout tems une foule de fuperftitieux & un petit nombre de fages? lui qui prétend que le gros genre humain a été très-longtems infenfe & imbécille; & que peut-être les plus infenfés de tous ont été ceux qui ont voulu trouver de la raifon dans la folie.

dut

Quoi! pourrions-nous lui dire : vous êtes portés à croire tout ce qu'on vous rapportera de plus bizarre, de plus infâme, de plus fuperftuieux, de plus abomina ble de la nature humaine ; & vous ne voulez pas

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qu'une partie de cette efpece humaine ait pu fe profterner devant des Idoles? Il eft conftant ditesvous, que plus des trois quarts des habitans de la terre ont vécu trés-long-tems comme des bêtes féroces; ils font nés tels. Ce font des Singes que l'éducation fait danfer, & des Ours qu'elle enchaîne. Pourquoi n'avouerez-vous donc pas que ces Singes & ces Ours ont dû avoir la croyance la plus ridicule, avant que la lumiere du Chriftianifme eût éclairé leurs ténébres?

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Nous convenons avec vous, que la vanité des Idoles n'a pas été inconnue à quelques-uns des Gentils, comme à Maxime de Tyr, au Philofophe SaLufte & à Celfe, à l'Empereur Julien à ceux dont St. Ambroise dit, qu'ils ne rendent leur culte au bois que comme à l'image de Dieu; mais convenez avec nous que le commun des Payens a cru que la Divinité habitoit véritablement dans ces ftatues d'or, d'argent, de pierre ou de bois. On difoit qu'elles avoient la vie, le fentiment, qu'elles mangeoient, qu'elles buvoient. On leur portoit tous les jours une grande quantité d'alimens qui étoient confommés par les Prêtres. Daniel rapporte ( ch. 14.) qu'on voulut le faire mourir à Babylone parce qu'il découvrit la fourberie de ces Miniftres impofteurs. Les Phéniciens fe berçoient de la même chimere à l'égard d'Hercule & d'Apollon. Une foule de peuples donnoient dans la même illufion; vous le favez mieux que nous, & fi vous aviez vécu de leur tems, vous auriez exagéré ces mêmes abominations que vous tâchez aujourd'hui d'exténuer.

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Vous êtes furpris du nombre prodigieux de déclamations débitées contre l'Idolatrie des Romains & des Grecs; mais ces reproches même prouvent que ces peuples étoient réellement idolâtres. Car, par qui ces reproches leur étoient-ils faits par des Philofophes contemporains, qui connoiffent le peuple, avec lequel ils vivoient, auffi-bien que vous pouvez connoître celui de nos jours; par des Payens convertis au Chriftianifme qui avouoient eux-mêmes avoir adoré les Idoles; par des Peres de l'Eglife, entre les mains de qui les Idolâtres avoient déposé leurs

erreurs.

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Ignorez-vous que Socrate fût en partie la victime

de fon zèle contre les Idoles? Une des principales accufations intentées contre lui fut, qu'il ne croyoit point que Minerve fût préfente réellement dans fa statue. Il y a cent exemples & cent autorités qu'on pourroit vous citer; mais vous les connoiffez mieux que nous; & fi vous feignez de les ignorer, c'est que vous voulez abfoudre les fiécles paffés & les pays lointains, pour accufer vos Contemporains & vos Compatriotes.

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L'Idolâtrie a été dans tous les tems & dans tous les lieux un amas monstrueux de vice & de folie. Les Fétiches de l'Afrique, le Manitou des Sauvages, le Brama des Indiens le Fo des Chinois, l'Amida des Japonois ne le cédent en extravagances & en horreurs ni au Jupiter du Capitole, ni à la Vénus de Paphos, ni à la Diane d'Ephèfe. M. de V. en voulant juftifier les peuples anciens & modernes du jufte reproche d'Idolâtrie, prouve feulement qu'il connoît très-peu les uns & les autres. Il en juge en Poëte dont l'imagination embellit tout; & non en Philofophe qui ne voit dans les objets que la vérité fans fard & fans nuages.

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JEPH TÉ.

Ou des Sacrifices du fang humain.

»L eft évident, dit M. de V., par le texte du » Livre des Juges, que Jephté promit de facrifier la » premiere perfonne qui fortiroit de fa maison pour » venir le féliciter de fa victoire contre les Ammo>> nites. <<

M. de V. nous cite le Texte facré ; & c'eft auffi par ce Texte que nous prouverons, qu'il eft faux que Jephté ait égorgé fa fille. La confécration qu'il en fit, n'étoit pas pour la mort; mais pour l'état de virginité, ce qui étoit un grand facrifice dans une nation où l'attente du Meffie rendoit la ftérilité un opprobre. L'Ecriture le marque bien clairement. Pendant deux mois elle pleura fa virginité avec fes Compagnes. Après ces deux mois elle retourna dans la maison de fon Pere, qui fit la confécration qu'il avoit promife

par

par fon vau, & fa fille refta dans l'état de virginité. (Livre des Juges, chapitre XI.)

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Le motif de la condamnation d'Agag que M. de V, cite encore fut fa barbare cruauté. Comme tu as fait couler les larmes de tant de meres, en massacrant leurs enfans, lui dit le Prophête Samuel, ainfi ferat-on couler les larmes de celle qui t'a donné le jour. (Liv. I. des Rois, chap. 15.)

Les Amalecites du tems de Saül étoient coupables des mêmes injuftices que leurs Peres avoient exercées quatre cens ans avant eux. Qu'on fuive ce Peuple à la trace on le verra depuis Moyfe jusques à Saül, acharné contre les Ifraélites. Qu'on fe rappelle toutes les expéditions qui donnerent occafion aux exploits de Gédéon, à ceux de Jephté, & à ceuxmême de Saul; on reconnoîtra fans peine, que les Amalecites renouvelloient pour ainfi dire, dans chaque moment de leur exiftence, l'indigne traitement que leurs Peres avoient fait aux Ifraélites fortans d'Egypte. Dieu n'avoit différé de les punir, que par un effet de fa miféricorde; mais cette indulgence même, loin de devoir déformais adoucir leur fentence, ne fervoit, par l'àbus qu'ils en avoient fait, qu'à la rendre plus rigoureufe & qu'à en preffer

l'exécution.

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Agag, Roi de ces Infidéles, étoit un tyran fanguinaire & cruel, qui ne fut pas puni purement à caufe des péchés de fes ancêtres, commis quatre cens ans auparavant, mais à caufe de fa propre cruauté. Adorons le jugement de Dieu dans la punition de ce monftre; & ne nous avifons pas d'appeller un facrifice de fang humain un châtiment, dont il y a des exemples dans d'autres hiftoires.

Saul, dit M. de V., pag. 67. Tom. II., fut réprouvé pour avoir obfervé le droit des gens avec ce Roi. C'eft une étrange fauffeté; Sail ne fut réprouvé que pour avoir épargné Agag contre l'ordre exprès de Samuel, & non point pour avoir obfervé le droit des gens avec ce Roi. Il étoit défendu à Saül de faire aucun pacte avec Agag; il en fit: il fut coupable; Dieu le rejetta.

Dieu êtoit le maître d'ordonner à Saül & ce Prince ne devoit qu'obéir. « Ce ne font pas les victimes

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