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AVERTISSEMENT

Ce livre n'est pas (le titre l'indique) une histoire, à la fois générale et détaillée, de la Renaissance en Italie.

Une telle œuvre est à faire.

Pour répondre aux exigences de l'érudition moderne, elle veut de celui qui l'entreprendra l'esprit. du philosophe, la couleur du peintre, l'étendue de recherches qui pénètrent sur tous les points aux sources premières.

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Ma visée est forcément plus modeste. Elle s'attache surtout à mettre en lumière, dans le cadre de l'histoire générale et des annales de l'art résumées avec soin, et le dirai-je? - avec amour, d'après les autorités les plus légitimement reconnues, quelques types d'une grande et attrayante époque. On a trop parlé d'eux sur parole. Analysées après une lecture attentive, leurs productions diverses,

et particulièrement leurs théories métaphysiques, prennent l'importance de documents de première main précisant les tendances, le mouvement idéal, la portée de l'évolution qu'ils représentent. Ces ouvrages éclairent la Renaissance italienne sous son double aspect le renouveau qu'elle donnait au monde, et sa continuité, ses liens avec les traditions du Moyen-Age dont on a trop voulu la séparer.

Pour atteindre les fleurs de ce beau jardin, il faut parfois traverser des broussailles; mais souvent ces broussailles portent des fleurs.

LES MÉDICIS

INTRODUCTION.

LA PREMIÈRE RENAISSANCE.

Le nom des Médicis résume une période longuement racontée par de savants annalistes.

On n'a pas la prétention de recommencer leur travail. Ces études se concentreront sur un groupe d'élite aux efforts rénovateurs duquel présidèrent Cosme l'Ancien, Laurent le Magnifique, Léon X. On tentera de restituer par le détail (il est la vie en histoire) quelques hommes et quelques œuvres.

Il les faut saisir dans le milieu qui les forma. La scène est double où nous voudrions transporter le lecteur. Elle est à Rome, entre le Forum dont Raphaël fouille les ruines et le Vatican où il retrace les fastes du polythéisme et les symboles de la religion chrétienne que l'éclectisme de quelques papes sembla vouloir réconcilier. Elle est à Florence, foyer principal de la Renaissance dont l'esprit s'accentue, dont les formes s'affinent sous un ciel propice.

On comprend mieux ce caractère de sobre élégance

LES MÉDICIS.

I.

- 1

propre aux écrivains, aux artistes de l'Athènes italique, quand on le saisit sur les lieux mêmes, dans les palais, surtout dans les cloîtres... Montez à San-Miniato, et regardez vers l'Arno.

Ils sont si limpides, si nets, les horizons toscans, que la tristesse religieuse s'y rassérène. En dépit de Boileau, l'imagination y prête « aux mystères terribles des ornements égayés1».

Contemplez la mort, la belle et froide déesse des anciens, si laide, si édentée en ses représentations gothiques. Dans les cloîtres de Florence les morts dorment, comme à ciel ouvert, au chant des oiseaux.

A l'aube du monde moderne, l'Italie opposa la première le culte de la nature à la religion qui immolait la chair. Au spectacle de l'antiquité retrouvée, pendant qu'un monde s'ouvre à Colomb, les sources de l'imagination se renouvelèrent. Tout un peuple de statues, héros exhumés prêchant la gloire et l'action, reçut les hommages des intelligences charmées.

La mort, dans l'idéal des anciens, est moins le terme d'une épreuve que le repos après l'œuvre. L'immortalité qui leur est chère est celle qu'on gagne dans la mémoire des hommes. Lisez les inscriptions qu'ils gravaient sur les tombes, en exemple aux vivants. La sculpture décora ces monuments des scènes de la vie active. Bardés de

1.

De la foi d'un chrétien les mystères terribles
D'ornements égayés ne sont point susceptibles.

(BOILEAU, Art poétique.)

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