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» mais dans le ciel. Il n'a pas été appelé à gouverner >> uniquement les seuls fidèles, mais aussi les infidèles, et, » pour abréger, il a été institué et élevé par Dieu tout» puissant et à sa place à la dignité suprême de Dieu, à »sa juridiction et à son empire, à sa souveraine autorité » sur l'univers. »

Un des Pères du concile de Latran (1512) s'adresse ainsi à Jules II: « Tu es le Pasteur, tu es le Médecin,

» tu es le Pilote, tu

>> DIEU sur la terre. »

es le Prêtre, tu es enfin un second

CHAPITRE VI.

LAURENT VALLA.

LA FAUSSE DONATION

DE CONSTANTIN.

A cette puissance colossale édifiée sur la foi des peuples, leur imagination prêtait ses prestiges, emmaillottant de fables l'enfance de la papauté.

La Donation de Constantin figure au premier rang de ces légendes. Le Moyen-Age entier l'admit, compris Dante lui-même, peu suspect d'illusions à l'égard des papes, Dante, qui en damna cinq: Anastase II (496498), Nicolas III (1277-1281), Célestin V (1294), Boniface VIII (1294-1303), Clément V (1305-1314);

Le premier 1, pour hérésie ;

Le troisième 2, pour lâcheté ;

Le second 3, le quatrième 1, le cinquième, pour simonie.

Dante déplore, donc il croit la donation de Constantin :

1. DANTE, Infern., c. xi, t. 3.

2. Ibid., id., c. 111, t. 20.
3. Ibid., id., c. XIX, t. 18-44.

4. Ibid., id., c. XIX, t. 18
5. Ibid., id., c. XIX, t. 11.

Ahi, Costantin, di quanto mal fu matre,
Non la tua conversion, ma quella dote

Che da te prese il primo ricco patre1!

On sait l'origine de la donation.

-

Le monarque a la lèpre: il épuise sans succès tous les remèdes. Après les médecins, les prêtres du Capitole se présentent. « Il y a dans la vieille forteresse une » citerne où ils le plongeront dans le sang de petits >> enfants égorgés. Ce bain le purifiera. » Prévenu par la grâce divine, Constantin renvoie à leurs mères ces enfants. Le soir même, Pierre et Paul lui apparaissent en songe. Parce que, disent-ils, tu n'as pas voulu >> te souiller du sang innocent, le Christ, notre Seigneur » et notre Dieu, nous envoie te dire que, si tu suis nos >> avis, tu seras guéri... Va près de Sylvestre, l'évêque » de cette ville, qui, pour fuir tes persécutions, se ca>> che dans les cavernes du mont Soracte... Il te bai>> gnera trois fois dans la citerne de la vraie religion, et >> tu seras nettoyé de toute lèpre... Et, reconnaissant >> envers ton sauveur, tu feras triompher l'Église par » toute la terre... >>

Ce qui s'accomplit de tout point. Constantin va trouver le Pontife. Il veut savoir quels sont ces dieux qu'on appelle Pierre et Paul. Ils ne sont pas des dieux, mais des envoyés de Dieu.

<< Alors (c'est l'empereur qui le raconte dans le préam

1. Inferno., c. XIX, t. 39.

bule de son édit), j'interrogeai le bienheureux Père: S'il y a, dis-je, des portraits de ceux que tu appelles apôtres, montre-les-moi, que je puisse connaître si ceux qui m'ont apparu sont bien ces apôtres. Aussitôt ce Père, digne de toute révérence, commande à des diacres de m'apporter ces images, et, devant mes satrapes, je reconnais et confesse que c'est bien celles des personnages que j'ai vus en rêve. » L'empereur décrit la pénitence que Sylvestre lui imposa: « à savoir, revêtir un cilice en notre palais de Latran pour que j'expiasse auprès du Seigneur notre Dieu et Sauveur, par jeûnes, vigiles, larmes et oraisons, tous les actes accomplis par moi avec impiété et perpétrés contre la justice. » Il renonce à Satan, à ses pompes, à ses œuvres, et confesse sa foi au Dieu Triple et Un: Patrem omnipotentem factorem cœli et terræ, etc., et in unum Dominum Jesum Christum filium Dei unigenitum, Dominum nostrum, qui genitus est ex Spiritu Sancto et Maria Virgine, spontanea voluntate coram omni populo confessus sum... Plongé dans la piscine sacrée, il voit une main le toucher du ciel. Il est guéri et chrétien, et sa gratitude s'exprime par ce fantastique édit :

« Nous, avec nos satrapes et tout le Sénat, et le peuple sòumis au glorieux Empire, nous avons jugé utile de donner au successeur du prince des apôtres une plus grande puissance que celle que notre Sérénité et notre Mansuétude ont sur la terre. Nous avons résolu de faire honorer la sacro-sainte Église romaine plus que notre puissance impériale qui n'est que terrestre ; et nous attribuons au sacré siége du bienheureux Pierre. LES MÉDICIS. I. - 11

toute la dignité, toute la gloire et toute la puissance impériale. Nous possédons les corps glorieux de saint Pierre et de saint Paul, et nous les avons honorablement mis dans des caisses d'ambre, que la force des quatre éléments ne peut casser. Nous avons donné plusieurs grandes possessions en Judée, en Grèce, dans l'Asie, dans l'Afrique et dans l'Italie, pour fournir aux frais de leurs luminaires. Nous donnons en outre à Sylvestre et à ses successeurs notre palais de Latran, qui est plus beau que tous les autres palais du monde.

>> Nous lui donnons notre diadème, notre couronne, notre mitre, tous ces habits impériaux que nous portons, et nous lui remettons la dignité impériale et le commandement de la cavalerie. Nous voulons que les révérendissimes clercs de la sacrosainte Église romaine jouissent de tous les droits du Sénat. Nous les créons tous patrices et consuls. Nous voulons que leurs chevaux soient toujours ornés de caparaçons blancs, et que nos principaux officiers tiennent ces chevaux par la bride, comme nous avons conduit nous-même par la bride le cheval du sacré pontife.

>> Nous donnons en pur don au bienheureux pontife la ville de Rome, et toutes les villes occidentales de l'Italie, comme aussi les autres villes occidentales des autres pays. Nous cédons la place au Saint-Père; nous nous démettons de la domination sur toutes ces provinces ; nous nous retirons de Rome, et transportons le siége de notre empire à Byzance, n'étant pas juste qu'un empereur terrestre ait le moindre pouvoir dans les lieux où Dieu a établi le chef de la religion chrétienne.

>> Nous ordonnons que cette donation demeure ferme jusqu'à la fin du monde; et, si quelqu'un désobéit à notre décret, nous voulons qu'il soit damné éternellement, et que les apôtres Pierre et Paul lui soient contraires en cette vie et en l'autre, et qu'il soit plongé au plus profond de l'enfer avec le diable. Donné sous le consulat de Constantin et de Gallicanus 1. >>

1. Voy. Edictum Domini Constantini imp., dans les Fausses Décrétales, édit. Merlin, 1535, in-folio: - «< Unde ut pontificalis apex non vilescat, sed

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