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un podestat, juge étranger qui succède à un vicaire impérial.

Depuis 1250, à la suite de la première expulsion des Gibelins, cet état de choses change au profit des classes bourgeoises. Transformé par l'élément roturier, l'élément féodal n'aspire plus à dominer directement, mais à garder, à étendre son influence en s'alliant à l'une des factions populaires.

Cette seconde période embrasse presque toutes les annales florentines.

C'est d'abord la classe moyenne qui fait la révolution contre la noblesse (1250). Elle guide le peuple armé, sous trente-six caporaux. Le pouvoir est ôté au podestat. Un capitaine du peuple, deux anciens pour chacun des six quartiers, gouvernent les cinquante-six compagnies ou gonfalons, vingt de la ville, trente-six de la campagne.

Malgré le retour des nobles gibelins vainqueurs à l'Arbia (1260), la roture progresse.

Deux podestats jugent, trente-six bons-hommes, marchands et artisans, administrent '. L'industrie, révolution décisive, devient, par la nouvelle organisation des Arts, une des bases de l'institution politique.

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Ce sont d'abord les sept Arts majeurs, puis bientôt, avec eux, les cinq premiers Arts mineurs qui, rangés

1. G. VILLANI, Chroniq., liv. VII, ch. XIII-XVII.

sous des consuls et des capitaines, prennent part à l'administration et à la défense de l'État.

La démocratie gagne du terrain avec les Guelfes (1267). Douze Bons-Hommes gouvernent. La politique italienne prélude à ses combinaisons savantes, où se prendra à son propre piége la liberté par la complication de son organisme cinq Chambres! cinq degrés successifs de délibération! du conseil des cent bons-hommes du peuple à celui des capitaines des Arts majeurs, à celui de la Crédence (quatre-vingt-dix membres plébéiens et guelfes), à celui de la Podesta (huit nobles et plébéiens et capitaines des Arts), enfin au conseil général ou conseil opportun composé de trois cents membres de toute condition. On a vu (à Gênes) une compagnie de prêteurs investie comme telle d'un pouvoir politique. Ici, fait non moins étrange, c'est un parti politique qui s'organise officiellement comme pouvoir public.

A côté des magistrats légaux, le parti guelfe a ses conseils et ses magistratures légalement reconnus et dotés par la confiscation des biens gibelins : 1° Conseil secret de quatorze membres; 2° Grand conseil de soixante nobles et plébéiens nommant au scrutin trois capitaines du parti guelfe pour deux mois, six prieurs du parti gardes des sceaux et des monnaies et syndics accusateurs des Gibelins, - trois plébéiens,

trois nobles.

En 1278, nouveaux changements. Le nombre des Bons-Hommes est porté à quatorze, -huit guelfes, six

LES MÉDICIS.

I.

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gibelins l'élection qui avait lieu d'abord pour un an devient bi-mensuelle.

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Ces modifications préparent une révolution : le triomphe des Arts, la victoire du principe industriel. Ce sont d'abord en 1282 trois prieurs des Arts, un pour la Laine, le second pour le Change, l'autre pour le Drap. Ce qu'il y a de remarquable, c'est que ce dernier représente les fabricants étrangers qui habitent le faubourg de Calimala. Logés et nourris aux frais et dans le palais de la commune, ces nouveaux magistrats entrent en charge en juin pour une durée de deux mois.

Les trois autres Arts majeurs : Médecins, Ouvreurs de soie, Pelletiers, obtiennent bientôt des prieurs nobles ou plébéiens; les candidats, pour être éligibles, doivent réellement exercer l'une de ces professions.

Il ne suffit pas d'une affiliation honoraire à la corporation. Quant à l'Art des Juges et Notaires, il ne fournit pas de prieurs, puisque l'emploi de ses membres est une magistrature incompatible avec la fonction administrative.

Voilà donc le patriciat bourgeois subordonnant, absorbant les nobles, les chefs guerriers subalternisés par les chefs de l'industrie. Aussitôt, la prépondérance de ceux-ci doit compter avec la plèbe. Il se passe ici ce qu'on vit à Rome, quand la lutte des partis se déplaça par le triomphe de l'aristocratie de richesse sur celle de race. La véritable démocratie, le Nombre, revendiquant ses droits contre la fortune, le combat s'engage entre

eux, non plus compétition de castes, mais de classes, où le Nombre a finalement le dernier mot.

D'abord les cinq premiers Arts mineurs obtiennent une organisation politique et militaire semblable à celle des Arts majeurs.

A l'aide de ces auxiliaires: Fripiers, Bouchers, Cordonniers, Charpentiers, Serruriers, les Arts patriciens viennent à bout des nobles. Dès lors, à la démocratie brèche est faite où passeront les neuf Arts restants : Tanneurs, Taverniers, Boulangers,Tailleurs, Tisserands, Armuriers, Fondeurs, Menuisiers, Aubergistes.

De ce moment l'assiette des partis se modifie profon dément. D'un côté, les Grands, les gras; de l'autre côté, le peuple Menu, les maigres.

Dino Compagni a raconté cette révolution. Sa naïve chronique, si pittoresque et si vivante, nous transporte en plein cœur des faits :

<«< Retournés les citadins en Florence (de Campaldino), se dressa le peuple quelque peu d'années en grand et puissant estat. Mais les nobles et grands citadins, enorgueillis, faisoient maintes injures au populaire, le battant et avec autres vilenies. Pour quoy moult bons citadins populaires et marchands, entre lesquels fut grand et puissant citoyen, saige, vaillant et bon homme, appelé Giano della Bella, très-hardi et de bonne lignée, à qui déplaisaient ces injures, 'qui s'en fit chef et capitaine (et avec l'aide du populaire, estant nouvellement élu des seigneurs entrés en charge au jour quinze de février 1292), d'accord avec ses compagnons ils fortifièrent le peuple; et à leur office de prieur adjoignirent un autre officier avec même charge qu'icelle des autres, lequel appelèrent Gonfalonier de Justice. Et ce fut

Baldo Ruffoli, pour le quartier de la porte du Dôme, à qui fut baillé un gonfalon aux armes du peuple, qui est la croix rouge, champ de blanc, et mille gens de pied, tous armés avec la dicte enseigne et les dictes armes, qui eussent à estre prêts à toute requeste du dict Gonfalonier en place ou partout où besoing seroit. Et se firent loix, appelées ordres de la justice contre les puissants qui feroient outrage à aucuns du populaire, et comme quoy l'un parent fût tenu pour l'autre, et que les griefs se pussent asseurer par deux témoings, de publique voix et renommée. Et délibérèrent qu'en toute famille qui aurait eu emmy ses membres des chevaliers, il fût entendu que ceux-là seroient grands et qu'ils ne pourroient estre du nombre des Seigneurs, ni Gonfaloniers de Justice, ni des Collèges. Les dictes familles en tout furent trente-trois. Et establirent que les anciens seigneurs avec certains adjoincts auroient à élire les nouveaux. Et ils accordèrent à ces statuts les vingt-quatre Arts, donnant à leurs consuls une certaine balie (pouvoir)1. »

Passons sur bien des vicissitudes: la dictature de Robert, roi de Naples (1313), Lando d'Agobbio, bargelli ou chefs de police terrorisant la République... Perpétuelle et fatale intervention de l'étranger, dont les factions, lasses de luttes, attendent trop souvent le repos, quand l'une d'elles n'y cherche pas la victoire. « Il est » un personnage que vous rencontrez dans chaque évé>>nement et qui est l'artisan infatigable de cette histoire : >> je veux dire l'émigré. Toujours prêt à livrer cette » patrie qu'il n'a pu gouverner, il sollicite l'ennemi, il » presse, il conduit l'invasion 2. »

A côté de la force constamment invoquée, du droit

1. Chronique Florentine, DINO COMPAGNI, liv. I.

2. Les Révolutions d'Italie, par E. QUINET, chap. III.

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