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rique du sort de cet ouvrage, annonce que dans le principe il devait avoir 4 vol. in-8.° On y voit comment il a traité cette affaire avec M.lle Collot. Il y a encore d'autres détails curieux. Il paraît que l'abbé Maydieu n'a pas agi avec beaucoup de délicatesse dans l'enlèvement des papiers de Grosley, cinq jours avant sa mori; le mémoire fourni par la veuve Duchesne, à la succession, ne fut pas de deux cent et quelques livres, mais de cinq cents livres, etc.

(B) M. Patris de Breuil a donné une très-bonne édition des OEuvres inédites de Grosley, augmentées d'articles biographiques, de remarques et d'un discours prélimi– naire, Paris, 1812-1813, 3 vol. in-8.° Les deux premiers de cette édition sont consacrés aux Mémoires pour servir à l'histoire des Troyens célèbres. Ce sont ceux dont il est question dans le testament et qui étaient restés manuscrits dans les papiers de Grosley. M. Patris les a enrichis de bonnes notes et y a ajouté des articles intéressans. Le troisième volume se compose du Voyage de Grosley en Hollande, d'un extrait de sa correspondance pendant ses deux voyages d'Italie, et de la réfutation d'une critique grossière que Grimm (tom. I de sa Correspondance, seconde édition) avait fait des voyages d'Italie et de Hollande, de Grosley. Cette réfutation péremptoire est de M. Patris, qui a très-bien vengé son savant compatriote, des injures tudesques de M. le baron aux gros yeux troubles et à la figure dégingandée, comme dit Rousseau.

Puisqu'il est ici question des voyages d'Italie de Grosley, nous permettra-t-on de rapporter deux anecdotes qui dédommageront un peu de l'aridité des détails bibliographiques qui nous occupent en ce moment? Le premier de ces voyages eut lieu avec M. Billard Dumonceau, munitionnaire général de l'armée d'Italie, en 1745; il l'accompagna en qualité de sous-caissier des équipages de l'armée (1). Voici la première anecdote; il la raconte

(1) L'esprit observateur de Grosley ne resta point oisif dans cette campague admis au conseil militaire, il fit le journal des opérations

dans la partie de ses Mémoires rédigée par lui-même. Ce fait, assez plaisant par la manière dont il l'expose, offrirait quelque intérêt s'il éclaircissait réellement les doutes qui ont plané sur la naissance d'une femme dont la malheureuse célébrité, quoique brillante sur la fin du règne de Louis XV, a été cruellement expiée au commencement de la révolution. Laissons parler Grosley.

« Dans mes campagnes d'Italie, je ne négligeais aucune des occasions qui pouvaient prêter à la gaîté. Telle fut celle que m'offrit le baptême d'un enfant qui fut depuis la fameuse comtesse du B.....

» A notre passage en Italie, elle venait de naître dans le mariage d'une ancienne cuisinière de M. Dumonceau, et d'un homme pâle et gravé de petite-vérole, auquel, en considération de ce mariage, il avait conféré le magasin d'Albenga. (Grosley aurait dû dire le nom de cet homme.)

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› Le garde-magasin d'Albenga proposa à M. Dumonceau d'être le parrain de la nouvelle née; mais pressé de continuer sa route, il promit de faire la chose au retour, et tint parole. Je fus chargé comme caissier, de l'arrangement et de la dépense de la cérémonie. En faisant cet arrangement avec le curé, je lui dis qu'il était d'usage en France de demander le catéchisme aux

de cette guerre, conduite par le maréchal de Maillebois, et vendit son manuscrit à Marc-Michel Rey, libraire très-connu d'Amsterdam, qui le publia sous le titre suivant: Mémoire sur les Campagnes d'Italie de 1745 et 1746, auquel on a joint un Journal des mémes campagnes, tenu dans le bureau du maréchal de Maillebois, avec une explication de tous les passages et cols du Dauphiné versant en Savoie et en Piémont. (Sans nom d'auteur.) Amsterd. M.-M. Rey, 1777, in-12. Ce volume est rare; il a été vendu 36 fr. à la vente des livres de M. Caillard, en 1810. L'abbé May dieu en a parlé dans la Vie de Grosley (d'où est tirée l'anecdote ci-dessus), Paris, 1787, in-8.o, p. 270. M. Patris de Breuil le mentionne aussi dans son Précis de la vie et des écrits de Grosley, en tête de son édition des Ephémérides, p. 9; mais il n'en porte pas un jugement avantageux, car il dit : « C'est le moins connu et peut-être le moins in» téressant de ses ouvrages. » Alors sa rareté ferait tout son prix.

parrains, et que je l'engageais d'autant plus à en agir ainsi avec M. Dumonceau, qu'il était très-délicat sur ces pieux usages, et qu'il se trouverait choqué si on y manquait à son égard.

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» L'enfant fut porté à l'église par sa mère, qui suivait M. Dumonceau donnant le bras à la marraine, et escorté des chefs des vivres. Il trouva à l'église le curé, cantonné d'une part par moi qui tenais un grand cierge, et de l'autre par Billard portant une chandelle. Le cortége arrivé aux fonts, le curé se tourna vers M. Dumonceau, et lui demanda en mauvais français : « Combien y a-t-il » de sacremens? Le baptême en est un, reprit M. Du» monceau, je ne me rappelle pas les autres. » Le curé se retournant, lui demanda : « Combien y a-t-il de pé» chés capitaux? -Bon, bon, M. le curé, répliqua » M. Dumonceau, si nous nous mettions à les compter, »> nous en aurions pour la journée. » Le bon curé désarçonné ne poussa pas plus loin ses questions, et finit la cérémonie, au retour de laquelle M. Dumonceau furieux, chanta pouilles au père et à la mère, qui augmentèrent son chagrin, en l'assurant que ces questions n'étaient pas d'usage. « C'est donc un tour qu'on m'a jouó, s'écria-t-il; et me fixant, il ajouta : « Je parie que c'est à ce grand nigaud avec son grand cierge que j'en ai l'obligation. » Je ne m'en défendis point; et cet événement nous apprêta à rire pour le reste de la route. Ainsi fit son entrée dans ce monde la comtesse du B.... »

du

Ce récit est amusant, mais le fond en est-il vrai, moins quant à l'identité de l'enfant nouveau-né, avec la comtesse du B....? Il est permis d'en douter. L'événement, selon Grosley, se serait passé en 1745, ou au plus tard en 1746; et lorsque la malheureuse du B..... parut au tribunal révolutionnaire le 17 frimaire an II (7 décembre 1793), elle déclara se nommer Vaubernier, femme du B...., et être âgée de 42 ans. Elle serait donc née en 1751 et non en 1745 ou 1746. De plus, on a toujours dit qu'elle était née à Vaucouleurs, et elle-même l'a déclaré au tribunal qui l'a envoyée à la mort, comme ayant conspiré en portant à Londres le deuil du tyran-roi!!!

La seconde anecdote est relative au second voyage que Grosley fit en Italie avec M. Belly, négociant à Troyes, en 1758, et dont il a donné la relation en 1764, sous le titre d'Observations de deux gentilhommes Suédois sur l'Italie, 3 vol. in-12; réimprimée en 1770, avec des augmentations, 4 vol. in-12. Grosley, dans ce voyage, étant à Naples, avait cueilli sur le tombeau de Virgile deux branches de laurier. A son retour en 1759, il envoya l'une à l'académie des sciences à Paris, et fit présent de l'autre à un jeune rhétoricien qui, cette année, avait remporté le prix de poésie latine au collège de Troyes. Le jeune lauréat, quelques jours après, adressa un remercîment en vers latins à Grosley, qui l'embrassa et lui fit présent d'un exemplaire du Virgile de la Rue, en lui disant: Vous avez la sauce; tenez, voilà le poisson (1). » Ce jeune rhétoricien était M. Bouillerot, qui, en 1811, exerçait encore les fonctions du saint ministère, comme curé de Romilly-sur-Seine. La Société académique de l'Aube le comptait au nombre de ses membres les plus distingués.

Revenons aux éditions modernes des ouvrages de Grosley. M. Patris a encore publié une nouvelle édition des Ephémérides, ouvrage historique mis dans un nouvel ordre, corrigé sur les manuscrits de l'auteur et augmenté de plusieurs morceaux inédits, avec un précis de sa vie et de ses écrits, et des notes. Paris, 1811, 2 vol. in-8.", et tiré également 2 vol. in-12. Cet ouvrage plein d'érudition, avait paru périodiquement depuis 1757 jusqu'en 1768, 12 vol. in-32; mais il y avait peu d'ordre dans les matières, inconvénient

(1) Cette branche de laurier et ce Virgile me rappellent qu'à la vente de la bibliothèque de M. Firmin Didot, en 1810, on a adjugé pour la somme de TROIS CENT SOIXANTE-SIX francs, un exemplaire du Virgile Elzevir, de 1676, 1 vol. in-12, ch. max., avec deux portraits; de plus, il avait une feuille de laurier collée sur le feuillet blanc, en tête du volume, avec cette note:

«

<< Feuille du laurier qui couvre le tombeau de Virgile dans le › royaume de Naples, près de Naples.

» Cueillie en 1755, par M. Bordes, de l'académie des sciences,

» belles-lettres et arts de Lyon. »

(V. le catalogue de M. F, Didot, p. 72, n.o 476.)

inévitable dans un ouvrage dont les parties paraissent à longs intervalles sous la forme d'almanach. M. Patris, en réunissant toutes ces parties en 2 vol., a réparé le désordre primitif, et en a fait un tout plus agréable à la lecture et plus instructif, surtout avec les notes et les additions. Si l'érudition, la variété des matières, et même l'amusement, sont la garantie du succès d'un livre, il en est peu qui présentent ces avantages à un plus haut degré que les Ephémérides de Grosley, et l'on en peut dire autant de presque tous ses autres ouvrages, parmi lesquels nous avons distingué sa Vie de MM. Pithou, Paris, 1756, 2 vol. in-12; son Eloge historique de M. (Remi) Breyer, chanoine de l'église de Troyes (auteur des vies de sainte Prudence, sainte Maure, etc.), Troyes, 1753, in-12;—ses Recherches pour servir à l'histoire du Droit français, suivies de Recherches sur la Noblesse utérine de Champagne, Paris, Etienne, 1752, in-12; son voyage en Angleterre, sous le titre de Londres, 1770, 3 vol. in-12, réimprimé en 1774, 4 vol. in-12, etc. etc. Grosley a remporté le premier accessit au fameux concours ouvert en 1750, par l'académie de Dijon, sur cette question : « Le rétablissement » des sciences et des arts a-t-il contribué à épurer les » mœurs? » Sans J.-J. Rousseau, dont les éloquens paradoxes ont été couronnés, Grosley (sous le nom de Duchasselas ) eût remporté le prix. Ce savant Troyen a été membre associé de l'académie de Châlons-sur-Marne, en 1754; de celle de Nancy, en 1757; de l'académie des inscriptions et belles-lettres de Paris, en 1761; agrégé à l'académie de la Crusca, en 1764; et membre de la société royale de Londres, en 1766. Tous ces titres, dont on n'était pas très-prodigue dans ce temps-là, prouvent le cas que l'on faisait des talens variés de Grosley. Ses divers ouvrages, tant imprimés que manuscrits, y compris un certain Farrago inédit, formeraient bien vingt volumes in-8.°

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