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chaussures; aux écoliers qui ne peuvent fournir aux frais de leurs études; aux orphelins, aux veuves, au petit peuple; aux églises pour des calices et des ornemens; à ses officiers pour récompense de leurs services; enfin à ses clercs jusqu'à ce qu'ils aient obtenu quelque bénéfice. Et tous ces legs devaient être payés, tant sur les meubles qui se trouveraient à son décès que sur le revenu des bois de son domaine; le prince successeur ne pouvait y rien prétendre que tout ne fût acquitté.

Le saint roi nomme pour ses exécuteurs testamentaires Etienne (II Tempier), évêque de Paris; Philippe (I.

er de Chaources), élu à l'évêché d'Evreux; les abbés de Saint-Denis et de Royaumont, avec deux de ses clercs, Jean de Troyes et Henri de Verzel.

On voit par le précis de ce testament que presque tout le royaume eut part aux pieuses libéralités du mo

narque.

Cependant il s'embarqua avec ses fils le mardi 1.er juillet 1270, et, après une navigation un peu orageuse, il arriva, ainsi que son armée, sur la côte de Tunis. Son aumônier, Pierre de Condé, fit le cri public, qui marquait la prise de possession et l'autorité souveraine. Le roi l'avait dicté lui-même; il commençait ainsi : Je vous dis le ban de Nostre Seigneur Jesus Christ, et de Louis, roi de France, son sergent (son serviteur), etc. On s'empare d'abord du château et de la ville de Carthage; pendant quelque temps, on est exposé à la perfidie et aux supercheries des infidèles; il n'y eut que des escarmouches; bientôt les excessives chaleurs amènent la peste dans le camp des chrétiens; plusieurs grands seigneurs en sont les victimes, entre autres le comte de Nevers, fils chéri du roi; son fils aîné Philippe et lui-même en sont atteints. Dès le premier jour Louis sentit que l'attaque était mortelle; jamais il ne parut plus grand que dans ses derniers momens. Il n'en interrompit aucune des fonctions de la royauté; il donna

toujours les ordres avec autant de précision que s'il eût été en parfaite santé; et songeant plus aux maux des autres qu'aux siens propres, il n'épargna rien pour leur soulagement. Enfin ses forces l'abandonnèrent, et il fut obligé de garder le lit. Philippe son fils, quoique abattu de la fièvre quarte, était toujours près de lui. Le roi l'aimait et le regardait comme son successeur. Il ramassa toutes ses forces pour lui adresser cette belle instruction, que tous les auteurs anciens et modernes ont jugée digne de passer à la postérité la plus reculée. On assure qu'il écrivit ces ENSEIGNEMENS de sa propre

main :

« Beau fils, dit-il à Philippe, la première chose que » je te recommande à garder, c'est d'aimer Dieu de > tout ton cœur, et de désirer plutôt souffrir toutes > manières de tourmens que de pécher mortellement. > Si Dieu t'envoie adversité, souffre-le en bonne grâce, » et pense que tu l'as bien desservi (mérité). S'il te donne » prospérité, n'en sois pas pire par orgueil; car on ne > doit pas guerroyer Dieu de ses dons. Vas souvent à > confesse; surtout élis un confesseur idoine et prudhom> me (habile), qui puisse t'enseigner sûrement ce que > tu dois faire ou éviter, ferme, qui ose te reprendre de > ton mal et te montrer tes défauts. Ecoute le service de > sainte église dévotement, de cœur et de bouche, sans » bourder (causer) ni truffer (regarder ça et là); entends » volontiers les sermons et en apert et en privé (en pu>blic et en particulier); aime tout bien; hais toute pré> varication en quoi que ce soit. » Ensuite il engage son fils à ne donner sa confiance qu'à gens qui en soient dignes, et à bannir de sa présence les courtisans, « pleins de convoitises,» vils flatteurs, toujours occupés à déguiser la vérité, objet le plus précieux pour un roi. « Enquiers> toi d'elle, beau cher fils, (continue-t-il ), sans > tourner ni à dextre ni à senestre; sois toujours pour > elle encontre toi. Ainsi jugeront tes conseillers plus > hardiment selon droiture et selon justice. Veille sur

> tes baillis, prévôts et autres juges, et t'informe sou> vent d'eux, afin que s'il y a en eux à reprendre, tu > le fasses. Que ton cœur soit doux et piteux au pau» vre; fais-lui droit comme au riche; à tes serviteurs » sois loyal, libéral et roide de parole, à ce qu'ils te > craignent et aiment comme leur maître. Protége, » aime, honore toutes gens d'église, et garde bien > qu'on ne leur tollisse (enlève) leurs revenus, dons >> et aumônes que tes anciens et devanciers leur ont > laissés........ Garde-toi, beau cher fils, de trop grandes > convoitises; ne boute pas sur tes peuples trop grandes > tailles, ni subsides, si ce n'est par grande.nécessité, » pour ton royaume défendre. Alors même, travaille> toi à procurer que la dépense de ta maison soit rai> sonnable et selon mesure. Observe les bonnes anciennes > coutumes, corrige les mauvaises. Regarde avec toute > diligence comment tes gens vivent en paix dessous > toi, par espécial ès bonnes villes et cités. Maintiens >> les franchises et libertés èsquelles tes anciens les ont » gardées; plus elles seront riches et puissantes, plus

tes ennemis adversaires douteront de t'assaillir, et » de méprendre envers toi, espécialement tes pareils > et tes barons. Que ton premier soin soit d'éviter > guerre contre homme chrétien sans grand conseil » (mûre délibération) et qu'autrement tu n'y puisses > obvier. Si nécessité y a, garde (épargne) les gens > d'église et ceux qui en rien ne t'auront méfait. > Cette instruction finit par ces tendres paroles « Je te supplie, mon cher enfant, qu'en ma >> fin tu aies de moi souvenance et de ma pauvre ame, » et me secoures par messes, oraisons, prières et bien» faits par tout ton royaume. Je te donne toutes les > bénédictions que bon père et preux peut donner à son > fils. Que le Seigneur te garde et défende de tout mal. » La maladie du roi empirait; il sentait ses forces l'abandonner. Après avoir reçu l'extrême-onction, puis le

saint viatique, étant à genoux au pied de son lit, il se fit étendre sur la cendre, où, les bras croisés, les yeux fixés au ciel, il prononça distinctement ces belles paroles du psalmiste: Seigneur, j'entrerai dans votre maison, je vous adorerai dans votre saint temple, et je glorifierai votre nom; puis aussitôt il expira, vers trois heures après midi, le lundi 25 août 1270.

Ainsi mourut, dans la cinquante-sixième année de son âge, la quarante-quatrième de son règne, Louis IX, le meilleur des princes, celui dont on a dit avec justice, qu'il eut tout ensemble les sentimens d'un vrai noble, la piété du plus humble des chrétiens, les qualités d'un grand roi, les vertus d'un grand saint, et toutes les lumières d'un sage législateur.

Nous pourrions encore donner ici le testament d'Alphonse, comte de Poitiers, frère de saint Louis, et de Jeanne de Toulouse sa femme, qui, l'un et l'autre voulant suivre le roi dans sa dernière croisade, lui amenèrent une grande quantité de vaisseaux bien équipés, et firent leur acte de dernière volonté; mais nous ne parlerons substantiellement de cet acte.

que

Il commence, selon la coutume de ce temps-là, par des legs pieux pour la plupart des monastères de France. La princesse lègue tout le pays Venaissin au roi de Sicile (Charles I.er, dernier fils de Louis VIII, frère de S. Louis), et aux enfans qu'il a de Béatrix de Provence {sa première femme, morte en 1267); donne tous ses bijoux à Philippe sa cousine, fille du vicomte de Lomagne et de Marie d'Anduse, alors comtesse de Périgord; la nomme héritière universelle de tous ses domaines situés en Agenois, en Querci, en Albigeois, en Rouergue; et laisse au comte Alphonse, son mari, la jouissance de tous ses biens jusqu'à ce que la jeune Lomagne soit parvenue à l'âge nubile. Quant audit prince Alphonse,

il institue ses héritiers ceux qui doivent l'être par droit et par coutume; affranchit tous ses serfs et leurs enfans, quelque part qu'ils soient; abandonne toutes les dimes qu'il tient en sa main en faveur de ceux à qui elles doivent appartenir; accorde de nouveaux priviléges à la ville de Riom, s'oblige de n'en rien tirer que du consentement des habitans; enfin leur donne des lois que toute l'Auvergne a longtemps suivies : c'est ce qu'on appelle l'Alphonsine, ou coutume de Riom, distribuée en trente-huit articles. Voilà tout ce que nous avons découvert sur les testamens du comte et de la comtesse de Poitiers. Ils ont peu survécu à Louis IX; Alphonse, né le 11 novembre 1220, est mort le vendredi 21 août 1271, et Jeanne de Toulouse, le mardi suivant 25 du même mois; l'un et l'autre revenaient de la terre sainte; ils sont morts en route à Savone. Dom Vaissette dit : « Qu'Alphonse fut un prince débonnaire, chaste, pieux, > aumônier, juste et équitable. Il ne manquait d'ailleurs > ni de valeur, ni de fermeté; il marcha sur les traces > du roi son frère, dans la pratique des vertus chré> tiennes. Il paraît que la comtesse sa femme était d'un caractère à peu près semblable.

TESTAMENT D'OLIVIER DE CLISSON.
(1407.)

QUICONQUE Connaît l'histoire du célèbre Olivier de Clisson, l'un des plus intrépides guerriers de son siècle, mais aussi le plus implacable et le plus sanguinaire, ne verra pas son testament sans quelque intérêt. Disons en peu de mots que, né en 1336, d'Olivier III, à qui Philippe de Valois fit trancher la tête (en 1341), et appartenant à l'une des familles de Bretagne les plus distinguées, Clisson fit ses premières armes

Jeanne sa mère, véritable héroïne, qui, pour venger

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