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soigneusement chez lui jusque vers le milieu de février 1816. Ce fut alors que Courtois, forcé de s'expatrier en exécution de la loi sur l'amnistie du 12 janvier 1816, échappa quelques mots sur la lettre de la reine. On fit des perquisitions chez lui, et on y trouva non-seulement cette lettre, mais encore plusieurs autres effets qui avaient appartenu à Marie-Antoinette. Le tout fut remis sous les yeux du roi, et S. M. ordonna que l'on communiquât cette lettre à la chambre des pairs et à la chambre des députés; que de plus on en gravât le fac-simile, et qu'on en remît un exemplaire à chaque membre des deux chambres. C'est ce que l'on avait déjà fait pour le testament du roi.

main, cet homme qui avait condamné le roi, offrit son hommage aux mânes du défenseur de ce prince. Il érigea un monument sur lequel on lisait l'inscription suivante qui est de sa composition:

A LA MÉMOIRE DE LAMOIGNON DE MALESHERBES.

Le crime heureux, dans son martyrologe,
Nouveau Socrate, a donc inscrit ton nom!
Sans le vouloir il traçait ton éloge.....
Pour la vertu quel plus beau Panthéon!
Que ce nom, cité d'âge en âge,
Atteste à la postérité,

Qu'au milieu de ces temps d'orage
En France il existait un sage

Qui pensait avec dignité,

Et le prouvait par son courage.

Courtois est mort à Bruxelles, le 6 décembre 1816; et la vente de sa nombreuse bibliothèque a commencé le 5 janvier 1820, et a fini le 12 février suivant.

TESTAMENT D'UNE JUIVE.

(1794)

UNE femme juive, très-riche, mourut à Londres en 1794. Regrettant sans doute de n'avoir pu passer ses jours dans l'antique et célèbre ville illustrée par la présence et les grandes actions des David, des Salomon, des prophètes, des Machabées, elle a voulu du moins que sa dépouille mortelle y attendît le grand jour de la résurrection; en conséquence, elle a ordonné par son testament, que son corps fût transporté d'Angleterre à Jérusalem pour y être enterré. Deux juifs établis à Londres ont été nommés pour accompagner le corps, et remplir les dernières volontés de la défunte, qui a légué une somme de 400 livres sterling ( 9,369 fr.) à chacun d'eux pour frais de voyage,

TESTAMENT

DE PIERRE-ISAAC THÉLUSSON.

(1797-)

Nous ne connaissons ce testament que d'après ce qu'en ont dit les journaux dans différens temps. Les premiers que nous avons consultés ( et il y a plusieurs années), nous apprennent que le célèbre banquier de Londres Thélusson a laissé en mourant une fortune de près d'un million de livres sterling, et il en a disposé par testament d'une manière assez singulière, surtout

ayant femme et enfans. Il ne lègue à ceux-ci qu'une faible partie de cette immense succession (à peu près 100,000 liv.sterl.), et il ordonne que le surplus (que l'on fait monter à 876,000 liv. sterl.), sera placé dans les fonds anglais ; que les intérêts de cette somme, cumulés d'année en année, seront également placés jusqu'à l'instant où son arrière-petit-fils éventuel aura atteint l'âge de trente ans ; et qu'alors il sera mis en possession et du capital et du produit de tous les intérêts accumulés jusqu'à ce moment. A défaut de cet enfant, l'Etat doit hériter.

On prétend que la famille a attaqué ce testament, mais qu'elle a été déboutée. Cependant le parlement, en acceptant par un bill la succession éventuelle de M. Thélusson, a interdit pour l'avenir de pareils testamens.

Les détails suivans nous sont parvenus, toujours par la voie des journaux. On a annoncé au mois de novembre 1817, que l'enfant que portait dans son sein l'épouse de lord Rendelsham, serait, d'après les termes du testament, appelé à la succession; malheureusement lady Rendelsham est accouchée d'une fille. Dès lors a-t-elle eu un fils? nous l'ignorons ; dans ce cas, c'est lui qui, parvenu à trente ans, serait mis en possession (par les exécuteurs testamentaires qui régissent la succession et qui sont à la nomination du gouvernement) d'une somme que l'on évalue à 162,000,000 francs. Ce sera sans doute la fortune la plus colossale que l'on connaisse.

Enfin les journaux français de la fin de sep

tembre 1826, par conséquent très-postérieurs à ceux qui ont fourni les notices précédentes, nous donnent, dans l'article suivant, et l'état de la famille appelée à la succession, et la récapitulation de l'histoire de cette succession extraordinaire.

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L'épouse de l'honorable Arthur Thélusson vient d'accoucher d'un fils à Ribberfordhouse, dans le Worcestershire. Cet événement est fort important, en ce qu'il fixe le sort d'une des plus grandes fortunes qui aient jamais existé, et reporte l'attention sur le singulier testament de feu M. Thélusson, dont nous allons parler avec détail :

>> Pierre-Isaac Thélusson était natif de Genève, et s'était établi à Londres, où il avait fait dans le commerce une immense fortune. Il mourut à Rastow, dans le comté de Kent, le 21 juillet 1797, laissant trois fils et trois filles. Il donna par son testament cent mille livres sterling à sa femme et à ses enfans; mais ses immenses propriétés du Yorkshire et le reste de sa fortune montant à environ cinq cent mille livres sterling, furent confiés par lui à des tuteurs pour qu'il en fût fait emploi jusqu'après la mort de ses fils et de ses petits-fils, ce qui formait une période de temps d'environ cent vingt ans, pendant laquelle on avait calculé que le fonds primitif, par l'accumulation des intérêts, s'éleverait à 140,000,000 sterl. [3,500,000,000 fr. (1)]. Alors

(1) Cette accumulation d'intérêts me rappelle un acte de vente assez singulier de la part d'un Anglais qui pos

s'il n'existait pas de descendant mâle, cette étonnante fortune devait devenir la propriété de l'Etat, et accroître l'amortissement sous la surveillance du parlement. Ce testament fut vivement contesté par la famille du défunt, mais il fut maintenu par un décret de chancellerie : seulement et postérieurement, sur la proposition du chancelier Rosslyn, intervint un acte qui défendait de semblables dispositions, et une accumulation si extravagante d'une fortune privée.

» On voit par ce qui précède, si la naissance de l'enfant mâle de sir Arthur Thélusson a dû être un événement en Angleterre. »

Puisqu'il est ici question d'un testament où la quotité de la fortune entre pour quelque chose dans sa singularité, nous en citerons encore deux traits modernes qui peuvent aller à sa suite.

C'est, 1.° celui de M. Rundell, bijoutier de Ludgate-Hill, dont la validité a été attaquée au

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sédait une belle propriété dans le comté de Norfolk ; il en tirait, par an, 5,000 liv. st. (environ 120,000 fr. ) et cependant il la vendit pour cinq guinées ( à peu près 125 fr.) Quelqu'un à qui l'on racontait ce trait, en faisant observer que ce vendeur était un des meilleurs calculateurs de Londres, s'écria: C'est un fou. Pas si fou, répondit-on; sachez que l'acquéreur ou plutôt ses héritiers ou ayant-cause ne doivent entrer en possession de ce domaine que dans trois cent soixante ans ; et le vendeur a calculé que les cinq guinées, placées à intérêt pendant ce temps, ainsi que les intérêts qu'elles produiront, formeront à cette époque un capital de 1,310,720 liv. st. (ou environ 32,426,280 fr. de notre monnaie ).

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