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Ami constant, plein de douceur et d'aménité, doué d'une mémoire heureuse et bien cultivée, Baudin, qui parloit peu dans les sociétés, étoit aussi gai qu'aimable dans le cercle étroit de quelques amis. Il avoit avec eux ces attentions délicates qui, sans exclure une douce familiarité, craignent sur-tout de déplaire ou de blesser. Il s'entretenoit avec un de ses amis de l'enfance, sur des questions religieuses. Il crut s'être permis, dans la discussion, un trait que lui seul jugea piquant : pendant onze ans qu'il continua de vivre avec cet ami dans la plus douce intimité, il s'interdit de jamais parler de cette matière.

Je pourrois ici lever le voile qui cacha une foule de services désintéressés, d'actes de sensibilité et de bienfaisance, dont Baudin honora d'autant plus sa vie, qu'il chercha davantage à la dérober à la publicité. Mais une défense sacrée nous empêche de les publier ici : elle nous est faite par sa digne épouse, qui en étoit la confidente et le témoin de ses vertus. Ces traits, écrit-elle, étoient le secret de Baudin, que je garde, parce qu'il le veut, et c'est l'héritage le plus précieux qu'il m'a laissé. Quant à sa célébrité, elle n'est pas à moi; et que ne puis-je, en l'abandonnant toute entière, le revoir lui-même !

Mais si je ne puis citer les bons offices de l'ami zélé, je puis dire du moins combien il fut ennemi généreux. Un ennemi furieux, dans les temps de proscription et de sang, le poursuivoit avec acharnement par des délations contínuelles ; il vouloit faire tomber la tête

de Baudin, et celui-ci eut beaucoup de peine à la défendre. Quelque temps après, cet homme est proscrit : mais il ne trouve pas un ami, et ne méritoit pas d'en trouver. Dans son délaissement il a recours à Baudin, dont le cœur n'a jamais su haïr. Baudin lui procure une retraite éloignée, mais sure, et lui prodigue pendant six mois toute sorte de secours et de bons offices; il sollicite même, pour la première fois, avec la vivacité de l'intérêt personnel, la loi sur l'amnistie. A peine est-elle portée, qu'il vole rendre cet homme à la liberté, en se refusant même à ses témoignages de reconnoissance.

Compatissant et sensible aux peines de tout ce qui l'environnoit, Baudin souffroit avec une fermeté philosophique ses propres maux ; il avoit des attaques de goutte longues et fréquentes. C'étoit alors qu'il se livroit à des études agréables, et qu'il se plaisoit sur-tout dans la société de ses amis. Sans rien perdre de sa sérénité, lorsqu'il éprouvoit des douleurs aiguës: «Eh bien! disoit» il tranquillement, je ne suis pas de l'avis de cet ancien philosophe qui prétendoit que la goutte n'est pas » un mal; pour moi, j'avoue qu'elle est douleur. »

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Mais il étoit un genre de peines contre lesquelles venoit échouer, pour ainsi dire, toute sa philosophie : c'étoient les malheurs de la République, dont il identifioit l'existence avec la sienne; peines bien honorables pour le bon citoyen, qui ne met rien dans ses affections avant la patrie ! Dans le cours de l'an 7, le discrédit du Gouvernement, le désordre et la dissipation des finances, 2. T. 3.

I

tant de belles et rapides victoires du héros de l'Italie, changées tout-à-coup dans une suite de revers et de défaites, l'ennemi à nos portes, le découragement au-dedans, affectoient profondément l'ame de cet ami sincère de son pays..

une

Tout-à-coup, vers la fin de vendémiaire an 8, retentissent les nouvelles des plus glorieux succès, que les Anglais, qui ne doivent un premier avantage qu'à la lâcheté, sont vaincus et forcés d'abandonner la Hollande; que l'Autriche a perdu son armée et son général ; que le courage des Russes, trahis par leur alliés, a cédé à la valeur française ; que Bonaparte a vaincu à Aboukir. A ces succès inespérés, l'ame de Baudin tressaille de plaisir. Il s'empresse d'aller en recueillir jusqu'aux moindres détails. Au milieu de ses recherches nouvelle plus heureuse encore, mais bien inattendue, vient redoubler les excès de sa joie. Il apprend qu'un frèle vaisseau est arrivé à Fréjus; que le héros de l'Italie, que le vainqueur de l'Orient a touché le sol de la République. Ivre de félicité, son cœur français se livre à toutes les espérances. Mais oppressé par la vivacité de sa joie, comme par l'accès d'un mal insurmontable, en rentrant dans son paisible asyle, le 21 vendémiaire, il tombe et meurt. Ses dernières paroles sont d'invoquer son vieux père, et de prononcer le nom de victoire et celui de Bonaparte. Honorable victime, qui a vraiment péri pour la prospérité de la République, comme tant de héros qui se sont dévoués pour la défendre que n'a-t-il vécu jusqu'à

ce jour pour être témoin que le héros qu'il invoquoit à son dernier moment a réalisé toutes ses espérances! La France entière a honoré ce vertueux citoyen par des regrets dignes de lui, lorsqu'au milieu de l'ivresse de nos plus brillans succès, sa mort a été pour nous un deuil public, et que tous, en le suivant au tombeau, se disoient : La République a perdu un savant éclairé un excellent citoyen, un modèle de vertu.

PRIX.

La classe avoit proposé pour sujet du prix d'économie politique de l'an 7, la question suivante :

Pour quels objets et à quelles conditions convient-il à un État républicain d'ouvrir des emprunts publics? Les mémoires envoyés au concours n'ayant pas rempli les conditions du programme, la classe a proposé le même sujet pour l'an 9.

La même classe avoit proposé pour sujet du prix de morale de l'an 8, la question suivante:

Quelles sont les institutions les plus propres à fonder la morale d'un peuple?

Elle avoit déja proposé le même sujet pour le prix de l'an 7, et elle avoit fait une mention particulière de trois mémoires qui sont indiqués dans le second volume des Mémoires de la classe.

Les mémoires envoyés au concours n'ayant pas rempli les conditions du programme, la classe a retiré le sujet, et proposé la question suivante :

L'émulation est-elle un bon moyen d'éducation?

Le prix sera distribué dans la séance publique du 15 messidor an 9.

La même classe a proposé pour sujet du prix de science sociale la question suivante :

Quelles doivent être, dans une république bien

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