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SAINTETÉ DU CONFESSEUR.

L'état de grâce requis, sous peine de sacrilége, dans tous ceux qui sont chargés de la redoutable fonction d'absoudre, ne constitue pas une sainteté suffisante pour travailler efficacement au salut des àmes. Foi vive, piété fervente, ardeur pour le bien, horreur du mal, dévouement à la conversion des pécheurs, ce sont là des qualités indispensables à un confesseur qui doit être, par excellence, un homme de Dieu. Inspirera-t-il à ses pénitents l'attrait pour la vie intérieure, s'il n'a ni l'esprit de son état, ni le goût des choses divines? Ses remontrances et ses avis ne seront-ils pas empreints de sécheresse et d'insensibilité, s'il est habituellement mou, indolent, apathique? Suggérera-t-il aux autres des sentiments qu'il n'a pas lui-même ? Non, mille fois non : c'est le propre des saints de raviver dans les cœurs la foi, la ferveur et l'amour, de conduire les âmes à la vertu et à la perfection. Quelle énergie de zèle pour remuer les pécheurs, les arracher au vice et les rendre à Dieu! pourrait-il l'avoir le prêtre indévot et insouciant? L'homme vraiment apostolique seul travaille avec fruit à l'avancement spirituel de ses dirigés et attire sur eux les bénédictions du ciel. Il n'y a que les saints qui persuadent la sainteté. Comment pénétrer les autres de componction, si l'on n'en est pas pénétré soi-même ? Le feu seul allume le feu. Embrasons nos âmes de l'amour divin, et nous en communiquerons les ardeurs.

Un bon directeur de conscience est comme un de ces gardiens tutélaires que la Providence donne à chacun de nous. Heureux le pécheur qu'elle adresse à quelqu'un de ces Ananies si éclairés, de ces Ambroises si affectueux et

si charitables! A peine a-t-il conversé avec cet ange de la terre, qu'une céleste chaleur ranime son àme et qu'il ouvre les yeux à la lumière.

Ainsi, le prêtre n'eût-il d'autre motif d'être saint que celui de diriger dans les voies de Dieu tant de pauvres pécheurs qui viennent à lui, de les toucher, de les réchauffer, de les convertir; de soutenir, de consoler, d'enflammer chaque jour, d'un feu nouveau, les âmes justes et pieuses, il trouverait, dans l'exercice de cet admirable ministère, un excitateur assez puissant pour le faire marcher lui-même d'un pas ferme et rapide dans le sentier de la perfection.

SCIENCE DU CONFESSEUR.

La science nécessaire pour siéger au tribunal sacré est d'une étendue immense; la morale et la casuistique seules épuiseraient toute la vie d'un prêtre studieux qui n'aurait pas d'autre occupation. Un confesseur doit savoir distinguer avec précision ce qui est bien ou mal, ce qui est grave ou léger, ce qui est de précepte ou de conseil, ce qui est permis, toléré ou condamnable (1). Il a journellement à éclaircir

(1) Saint Augustin, une des plus grandes lumières de l'Eglise, restait souvent incertain et indécis sur plusieurs questions; il avouait qu'il était bien difficile de tracer la ligne de démarcation entre le précepte et le conseil, le péché mortel et le véniel, la faute et la simple imperfection. Ici le confesseur docte et habile n'est pas celui qui ne se trompe point, mais bien celui qui se trompe le moins possible. Ne doutant de rien, l'ignorant tranche sur tout, parce qu'il n'est pas en état d'apprécier les difficultés. En certains cas pratiques fort embarrassants que l'Eglise s'est abstenue de définir comme points de foi, les prêtres les plus éclairés, les théologiens les plus profonds, ou ne décident pas, ou ne prononcent qu'en tremblant; seuls ils doutent et

des doutes, à décider des cas critiques et compliqués, ou á donner des conseils d'une haute importance. Or, quelle vaste instruction théologique ne lui faut-il pas pour résoudre seul et sur-le-champ d'épineuses questions de conscience, découvrir des fraudes usuraires déguisées sous les couleurs de la justice, ordonner des réparations ou en dispenser, discerner les habitudes et les occasions de péché, les fautes de malice, de fragilité, de tempérament, d'affection ou de pur accident, les dispositions réelles ou apparentes, la ferveur passagère et la piété solide! Quelle expérience consommée pour connaitre les diverses voies par lesquelles Dieu appelle à lui ses élus, les innombrables variétés des maladies de l'àme, leurs symptômes, leurs causes, leurs effets et leurs remèdes! Une erreur grave en ce point, une décision inique, pourrait avoir, on le sait, des conséquences incalculables, irréparables même. Aussi, un bon confesseur est-il plus facile à décrire qu'à trouver; et faut-il ne pas s'étonner que sainte Thérèse l'ait cherché pendant vingt ans sans l'avoir découvert, ni que saint François de Sales conseille de le choisir entre dix mille. Tout en retranchant ce que présenterait ici d'exagéré le sentiment de ces pieux personnages, uniquement applicable du reste à la direction de certaines âmes d'élite providentiellement placées en dehors des voies communes, on peut du moins en conclure qu'un confesseur approprié aux besoins respectifs de ses nombreux pénitents ne se rencontre pas toujours.

De là suit pour le prêtre la nécessité de cultiver, toute sa vie, l'étude de la théologie qu'on ne possède qu'imparfaitement encore au sortir des séminaires sans cette culture, le

interrogent. Ah! de quelle intelligence n'importe-t-il pas d'être doué pour guider, à travers les écueils de la vie, les âmes au port de la béatitude éternelle!

souvenir s'en altère si vite! Ce n'est qu'à une mémoire prodigieuse qu'il est donné de tout retenir, et ce prodige est bien rare. Les connaissances qu'on ne rafraichit pas s'obscurcissent; on tombe bientôt au-dessous du médiocre et l'on devient méconnaissable même à ses anciens condisciples. L'ignorance, au surplus, est une irrégularité canonique; c'est encourir de plein droit cette censure que d'exercer le ministère sans une capacité suffisante: Nullus ad sacra venial indoctus aliter ordinaturis et ordinandis imminet Dei el Ecclesiæ ejus vindicta (8 Conc. de Tolède).

Les traités des sacrements en général, de la pénitence, du mariage, des actes humains, de la conscience et des lois, des péchés, du décalogue, de la justice et des contrats, sont indispensables à tout confesseur. Il est, en outre, nécessaire qu'il soit familiarisé avec une bonne méthode de direction, qu'il sache se conduire, non-seulement dans les difficultés ordinaires, mais encore dans les cas embarrassants qui exigent une prompte solution. Peut-on faire avec sûreté et succès ce qu'on fait sans lumière? Le saint tribunal est un dédale d'où l'on ne saurait sortir qu'à l'aide du fil conducteur d'une saine théologie. Pour s'en tirer de manière à remplir convenablement son devoir, ce n'est point assez d'une légère teinture de la morale.

On ne procède avec sagesse qu'en décidant avec le commun des docteurs et des confesseurs éclairés. Il faut donc ne se laisser dominer, ni par des opinions entachées d'esprit de parti, ni par l'enseignement de telle ou telle école, ni par les préjugés d'ecclésiastiques du voisinage, ni par aucune vieille routine qui n'est souvent qu'une vieille erreur. On prendra enfin pour régulateur les sentiments généralement reçus, pourvu qu'ils se rapprochent davantage de l'esprit du Saint-Siége. Ainsi disparaitra cette affligeante diversité qui,

trop souvent, provoque, éternise les divisions entre prêtres, et paralyse des efforts qui ne convergent pas vers un même but.

A la science il importe encore de joindre un esprit droit et exercé par la réflexion, assez étendu pour envisager un objet sous toutes ses faces, faire des règles une juste application, prévoir les suites d'une décision et en éviter dès lors les inconvénients. Malheur à ces esprits étroits et inconsidérés qui tranchent les difficultés les plus graves sans en calculer les conséquences! Ils neutralisent l'activité de leur zèle, échouent jusque dans les moindres tentatives, encourent une immense responsabilité dont rien n'allége le poids, et finissent par se précipiter aveuglément dans l'abîme avec leurs infortunés pénitents: Cœcus autem si cæco ducatum præstet, ambo in foveam cadunt.

De tout ce qui précède, concluons avec saint Grégoire de Nazianze: Scientia scientiarum mihi esse videtur hominem regere; et avec saint Grégoire le Grand : Ars artium regimen animarum.

BONTE ET PATIENCE DU CONFESSEUR,

Image du bon pasteur ramenant au bercail les brebis égarées, le confesseur fortifiera la faiblesse de ses pénitents et encouragera leur timidité. Il y a des fragilités pour la révélation desquelles le cœur manque et la parole expire sur les lèvres. Quand donc le pécheur éprouve un sentiment de gêne au sujet de certains aveux trop couteux à la nature et humiliants pour l'amour-propre, il y aurait de la dureté comme de la maladresse à augmenter sa confusion et à froisser sa délicatesse par des paroles sèches et amères, par des

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