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L'auteur en compte jusqu'à trente-deux dans ce pays, les uns éteints tout-à-fait, les autres qui ne le sont pas entièrement. Ces derniers indiquent un reste de chaleur, par les eaux chaudes qui en sortent. On est étonné sur-tout à la vue de l'immense cratère connu sous le nom de la Cave d'Averne, décrite par Aristote. Le Vésuve, avec ses éruptions redoutables, n'offre donc qu'un très-foible reste de l'embrasement presque général de la Campanie. L'auteur étoit sur les lieux, lors de celle qui eut lieu en 1794. On ne peut lire qu'avec beaucoup d'intérêt, la relation qu'un observateur si attentif nous a donnée de ce phéno

mène.

A ce savant voyageur nous devons encore la connoissance de la nature du sol de Rome. Il a examiné celui sur lequel cette ville est assise, en naturaliste et en physicien, comme Petit Radel l'a étudié en antiquaire profond (1). Cet examen l'a conduit à remarquer que les sept collines renfermées dans Rome, portent encore l'empreinte d'éruptions volcaniques, puisqu'il a trouvé des laves dans tout le voisinage. Suivant lui, ces collines ont fait partie d'un cratère ou de jetées volcaniques, qui n'ont la configuration actuelle, que par le travail des eaux et par d'autres accidens physiques, tels que des secousses et des tremblemens de terre. Tout ce qu'il dit à ce sujet, s'accorde parfaitement avec les traditions historiques. L'un des plus beaux épisodes de Virgile, sert d'appui aux savantes conjectures de l'auteur : l'antre de Cacus lui paroît être l'une de ces cavernes qui se trouvent assez ordinairement audessus des laves.

D'après l'examen approfondi de la constitution physique du terrein de Rome, l'auteur a cru pouvoir assigner quatre époques bien antérieures aux temps historiques. La première, où la mer couvroit encore les montagnes les plus

(1) Dans un Mémoire sur les anciennes époques des volcans éteints du Latium, et sur les rapports qui lient la tradition de ces phénomènes aux événemens de l'histoire.

élevées de Rome; la seconde, où d'abondantes alluvions descendant des Apennins, avoient charié sur ce sol une quantité considérable de matières hétérogènes; une troisième, où il avoit été recouvert d'eaux stagnantes; une quatrième enfin, qui est celle des éruptions volcaniques.

Des faits recueillis par le voyageur, donnent une grande vraisemblance à cette théorie véritablement destructive de tous les systêmes de chronologie, en ce qu'elle donne à la Campagne de Rome une antiquité effrayante pour nos foibles conceptions.

A des descriptions où dominent tour à tour une vigoureuse touche, ou des couleurs plus adoucies par une imagination riante, suivant la nature des objets imposans ou agréables qu'offrent au voyageur les superbes et terribles environs de Naples, il ajoute des observations profondes, principalement sur les Lazzaronis. Dans aucune relation, l'on ne trouve des détails aussi piquans et aussi neufs sur cette singulière et méprisable classe d'hommes.

S. IV. Voyages communs au royaume de Naples et à celui de la Sicile. Descriptions communes à ces deux pays.

VOYAGE dans la Sicile et la Grande-Grèce, par le baron de Riedesel: (en allemand) Reise durch Sicilien und Gros-Griechenland. Zurich, 1771, in-8°.

Ce Voyage a été traduit en français sous le titre suivant: VOYAGE en Sicile et dans la Grande-Grèce, par le baron de Riedesel, traduit de l'allemand. Paris, 1773, in-12 (1).

(1) Ce Voyage et celui du Levant, par le même auteur, ont élé réimprimés récemment, comme on l'a vu (Partie deuxième, section 11), et se trouvent chez Jansen, réunis en un seul volume.

Ce Voyage est composé de plusieurs lettres adressées par Riedesel à son ami le célèbre Winkelmann, avec lequel il partageoit une profonde connoissance de l'antiquité, et le goût le plus passionné pour les ouvrages de l'art. Ce voyageur est le premier qui nous ait fait connoître les restes de ces magnifiques monumens qui ajoutoient les richesses de l'art à celles qu'a prodiguées la nature à cette île.

En décrivant les ruines des villes, des ports, des aqueducs, des temples, des théâtres, des amphithéâtres, répandus sur tous les points de la Sicile, le voyageur, avec le secours des notions éparses chez quelques auteurs de l'antiquité, rappelle sans cesse l'ancien état de ces monumens du goût et de l'industrie des Siciliens, dans les temps de leur antique splendeur.

Syracuse, qui renfermoit dans ses murs trois villes importantes bien distinctes, ne présente presque plus aucuns vestiges de ces édifices, dont la magnificence frappoit tous les étrangers. De tant de temples qui décoroient cette grande cité, il ne reste plus que quelques colonnes; de. tant de théâtres qu'elle renfermoit dans sa vaste enceinte, il ne subsiste du plus grand taillé dans le roc, que la partie destinée aux spectateurs, la scène est entièrement détruite. Tous les embellissemens des trois ports, les aqueducs, les fontaines, ont entièrement disparu. Ainsi, par une fatalité singulière, la plus magnifique des villes de l'ancienne Sicile est la plus déchue.

Les ruines de l'antique Selinus permettent de distinguer les trois temples qu'on y avoit élevés : l'un des trois surfout est encore imposant, dans sa dégradation même, par ses proportions colossales. A six milles de ce temple, on voit les carrières d'où les énormes colonnes de ce temple ont été tirées on peut s'y assurer, dit le voyageur, de la manière dont les anciens procédoient à ce genre de travail; car on y voit encore des colonnes à moitié taillées et saillantes hors du rocher, tandis que le reste y tient encore.

C'est à Girgenti que les débris de l'ancienne Agrigente offrent les monumens les mieux conservés. Les temples de

Junon - Lacinienne, d'Hercule et de la Concorde ont encore toutes leurs colonnes. Il n'en est pas ainsi de celui de Jupiter-Olympien, le plus vaste et le plus magnifique peut-être de tous ceux de l'antiquité, et auquel le voyageur n'hésite pas d'accorder la supériorité sur Saint-Pierre de Rome. Aucune partie de ce magnifique édifice n'est restée entière; mais dans ses débris, on peut vérifier les proportions que lui donne Diodore de Sicile. A une légère inexactitude près sur l'étendue de ce temple, tout le reste se trouve conforme à la description de cet écrivain. Les colonnes, qui ont vingt-huit pieds de circonférence, peuvent faire juger de l'immensité de l'édifice. Beaucoup d'autres ruines, telles que les 'restes du cirque et plusieurs canaux souterrains, attestent encore la magnificence de l'ancienne Agrigente.

A Taureminium, aujourd'hui Tavormina, de tous les monumens antiques qui subsistent encore, le plus curieux et le plus rare, est l'ancien théâtre de cette ville, où la scène, qui manque à tous les autres que le temps n'a pas détruits, subsiste encore dans toute son intégrité. Le voyageur a donné la description de cet édifice; il a constaté que la voix des acteurs se transmettoit distinctement de la scène aux parties les plus éloignées du théâtre.

Toutes les autres antiquités de la Sicile moins importantes que celles dont je viens de donner une légère idée, ont été visitées par Riedesel; mais en s'attachant sur-tout aux beautés de l'art, il n'a pas fermé les yeux sur la fertilité extraordinaire de la Sicile, et sur le caractère physique et moral de ses habitans. Au mois d'avril, dit-il, les blés le couvroient, lui et son cheval, lorsqu'il les traversoit, et il a mesuré des tiges hautes de dix palmes (environ sept pieds). Toutes les productions des divers pays réussissent en Sicile : on assura même au voyageur que le canelier et l'arbre du café se trouvoient sur le mont Etna, dans leur état de sauvageons : il y a les plus fortes raisons aussi de croire que le froment et plusieurs autres espèces de grains, y sont indigènes.

La fécondité des femmes en Sicile, répond à la fertilité de la terre. Le voyageur y vit avec surprise la duchesse de Sanzone petite femme, fort maigre, qui avoit donné le jour à vingt-six enfans, tous bien constitués.

Les Siciliennes, en général, sont très-agréables; mais c'est à Trapani sur-tout que se trouvent les plus belles personnes du sexe. Blanches comme les Allemandes, avec de grands yeux noirs, vifs et brillans, leur beauté seule procure à la plupart des mariages très-avantageux.

Malgré le mélange des races, occasionné par tant de révolutions qu'a essuyées la Sicile, les physionomies grecques s'y remarquent en assez grand nombre, sur-tout le long des côtes orientales et septentrionales. A la différence de Naples, la Sicile offre en général plus de beauté chez les femmes que chez les hommes. Le voyageur accorde à ceux-ci beaucoup de finesse, de pénétration et de talens; mais un penchant irrésistible pour la volupté, et une extrême vivacité ne permettent pas aux Siciliens de donner à leurs productions dans aucun genre, un certain degré de perfection, Le feu immodéré qui les dévore, rend si terribles chez eux les effets de la jalousie et de la vengeance, que par une distinction bien funeste, ils surpassent à cet égard toutes les autres nations,

Les observations du voyageur sur la Grande-Grèce, et particulièrement sur la Calabre qu'il a visitée avant le terrible tremblement de terre qui l'a presque entièrement bouleversée, sont très rapides, et laissent beaucoup à desirer. Il s'y est sur-tout occupé de recherches sur les antiquités,

Dans le canton où étoit située l'ancienne Sybaris, dont il ne reste plus aucun vestige, le voyageur observa cet air épais et doux, qui plongeoit ses habitans dans la mollesse, et ne leur donnoit de l'activité que pour la recherche des plaisirs,

A Tarente, autrefois si puissante et si active, et dont les monumens aujourd'hui se réduisent à peu de chose, le voyageur remarqua beaucoup de penchant pour la volupté,

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