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redisset, Milonis exemplo, circumpositis armatis causam apud judices diceret. Quod probabilius facit Asinius Pollio, Pharsalicâ acie cæsos profligatosque adversarios prospicientem, hæc eum ad verbum dixisse referens: « Hoc voluerunt : tantis rebus gestis Caius Cæsar condemnatus essem, nisi ab exercitu auxilium petiissem. » Quidam putant captum imperii consuetudine, pensitatisque suis et inimicorum viribus, usum occasione rapiendæ dominationis, quam ætate primâ concupisset. Quod existimasse videbatur et Cicero, scribens, de Officiis, tertio libro, semper Cæsarem in ore habuisse eos Euripidis versus,

Εἴπερ γὰρ ἀδικεῖν χρὴ, τυραννίδος περὶ
Κάλλισον ἀδικεῖν, τ' ἄλλα δ ̓ εὐσεβεῖν χρέων.

quos sic ipse convertit :

Nam si violandum est jus, regnandi gratiâ
Violandum est: aliis rebus pietatem colas.

XXXI. Quum ergo sublatam tribunorum intercessionem, ipsosque urbe cessisse nuntiatum est, præmissis confestim clam cohortibus, ne qua suspicio moveretur, et spectaculo publico per dissimulationem interfuit, et formam quâ ludum gladiatorium erat ædificaturus consideravit, et ex

Appelé très-improprement les Offices de Cicéron, comme on dirait les Offices du Châtelet, du Parlement. Office, dans notre langue, signifie charge, et non pas devoir. Faire

rait en justice du moment où il aurait renvoyé son armée; et l'on disait tout haut qu'il serait traité comme Milon, et forcé de plaider sa cause devant les juges, entouré de soldats armés. Ce qui rend cette dernière opinion probable, c'est qu'Asinius Pollion rapporte qu'après la bataille de Pharsale, voyant ses ennemis ou détruits, ou en déroute, il prononça ces propres paroles: . Ils l'ont voulu; après tant de victoires, César eût été « condamné, s'il n'avait imploré le secours de ses soldats. Enfin quelques-uns pensent qu'il était corrompu par l'habitude du commandement, et qu'ayant pesé les forces de ses ennemis et les siennes, il avait cru devoir saisir l'occasion d'envahir la souveraine puissance, objet de ses vœux dès ses premières années. Tel paraît être l'avis de Cicéron, qui dit, dans le troisième livre du Traité des Devoirs (1), que César avait toujours à la bouche ces deux vers d'Euripide,

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Respectez la vertu; mais, quand il faut régner,
L'intérêt seul l'emporte et doit la dédaigner.

XXXI. Lorsque César eut appris qu'on n'avait aucun égard à l'opposition des tribuns, et qu'ils étaient sortis de Rome, il détacha secrètement quelques cohortes qui prirent les devants; et lui-même, pour ne donner aucun soupçon de ses desseins, assista à un spectacle public, traça le plan d'une salle d'escrime qu'il devait faire bâtir pour des gladiateurs, et se li

son office veut dire faire sa charge, et non pas faire son devoir. Cela est si vrai que souvent on fait sa charge sans faire son devoir.

consuetudine convivio se frequenti dedit. Dein post solis occasum, mulis e proximo pistrino ad vehiculum junctis, occultissimum iter modico comitatu ingressus est: et quum luminibus extinctis decessisset viâ, diù errabundus, tandem ad lucem duce reperto, per angustissimos tramites pedibus evasit; consecutusque cohortes ad Rubiconem flumen, qui provinciæ ejus finis erat, paulùm constitit ac reputans quantum moliretur, conversus ad proximos : « Etiam nunc, inquit, regredi possumus: quod si ponticulum transierimus, omnia armis agenda erunt. »>

XXXII. Cunctanti ostentum tale factum est : Quidam eximiâ magnitudine et formâ, in proximo sedens repentè apparuit, arundine canens ad quem audiendum, quum, præter pastores, plurimi etiam ex stationibus milites concurrissent, interque eos et æneatores, raptâ ab uno tubâ prosiluit ad flumen; et ingenti spiritu classicum exorsus pertendit ad alteram ripam. Tunc Cæsar : <«< Eatur, inquit, quò deorum ostenta, inimicorum iniquitas vocat : facta alea est. >>

(1) Cet événement très-naturel ne ressemble en rien à un prodige; mais il faut avouer que ce passage du Rubicon est une si grande époque dans l'Histoire Romaine, qu'il semble pardonnable à l'imagination d'y avoir voulu mettre du merveilleux. Ce petit ruisseau semble tenir les destinées du monde arrêtées sur ses bords avec César. Toutes les guerres civiles qui suivirent, l'esclavage des Romains, la tyrannie des

vra, comme de coutume, à la joie d'un nombreux festin. Mais, aussitôt après le coucher du soleil, il fait atteler à un chariot des mulets d'une boulangerie voisine, et prend les chemins les plus détournés avec très-peu de suite. Les flambeaux qui le guident s'éteignent au milieu de la nuit : il s'égare; il retrouve un guide au point du jour. Il est obligé de traverser à pied des sentiers étroits qui le mènent jusqu'au Rubicon, où il rejoint ses cohortes. Ce fleuve était la limite de son commandement. Là, il s'arrête; et réfléchissant sur la hardiesse de son entreprise : « Il en est encore temps, dit-il, nous pouvons retourner sur nos pas; mais, si << nous passons ce pont, le fer décidera tout. »

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XXXII. Il balançait; un augure le détermina (1). Un homme, d'une grandeur et d'une forme extraordinaires, parut tout-à-coup sur la rive, jouant de la flûte. Des bergers du voisinage, des sentinelles et des trompettes se rassemblent pour l'écouter. Il saisit l'instrument d'un de ces derniers, saute dans le fleuve, en sonnant du clairon de toute sa force, et arrive à l'autre bord. Allons donc, dit César, allons où nous appellent la voix des dieux et l'injustice de mes ennemis : le sort « en est jeté.

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empereurs, tout tient à ce moment. Nous n'avons rien d'aussi imposant dans aucune histoire. Il s'en faut bien que le passage du Rhin soit aussi intéressant, même pour les lecteurs français, que celui du Rubicon; et le morceau de Boileau ne vaut pas non plus celui de Lucain. Le mot de César, JACTA EST alea, le sort en est jeté, est devenu un proverbe. Appien lui fait dire : Le moment est venu, ou de rester en-deçà du Rubicon, pour mon malheur, ou de le passer pour le malheur du monde.

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XXXIII. Atque ita trajecto exercitu, adhibitis tribunis plebis, qui pulsi supervenerant, pro concione fidem militum, flens, ac veste a pectore discissâ, invocavit. Existimatur etiam equestres census pollicitus singulis: quod accidit opinione falsâ ; nam quum in alloquendo exhortandoque, sæpiùs digitum lævæ manûs ostentans, affirmaret se, ad satisfaciendum omnibus per quos dignitatem suam defensurus esset, annulum quoque æquo animo detracturum sibi; extrema concio, cui facilius erat videre concionantem quàm audire, pro dicto accepit quod visu suspicabatur, promissumque jus annulorum cum millibus quadringentis fama distulit.

XXXIV. Ordo et summa rerum quas deinceps gessit sic se habent. Picenum, Umbriam, Etruriam occupavit; et Lucio Domitio, qui, per tumultum successor ei nominatus, Corfinium præsidio tenebat, in deditionem redacto, atque dimisso, secundùm superum mare Brundusium tetendit, quò consules Pompeiusque confugerant, quamprimùm transfretaturi. Hos frustrà per omnes moras exitu prohibere conatus, Romam iter convertit appellatisque de republica patribus, validissimas Pompeii copias, quæ sub tribus legatis Marco Petreio, et Lucio Afranio, et Marco Varrone in Hispania erant, invasit ; professus antè inter suos, ire se ad exercitum sine duce, et inde reversurum ad ducem sine exercitu. Et quamquam obsi

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