Immagini della pagina
PDF
ePub

sément au prix où elles se vendaient, et il fut ordonné que l'on tiendrait registre de celles qui faisaient ce commerce, fussent-elles mariées.

XLI. Ces impôts étant établis et non pas affichés, comme il se commettait beaucoup de fautes par ignorance, il donna enfin un édit aux instances du peuple romain; mais d'une écriture si fine, et placé de manière qu'on ne pouvait en prendre copie enfin, pour faire de l'argent, à quelque prix que ce fût, il établit un lieu de débauche dans son palais. De petites cellules furent construites et ornées selon la dignité du lieu. On y plaça des femmes libres et des jeunes gens d'une naissance honnête; et les esclaves nomenclateurs allaient autour des places publiques et aux portes des palais inviter les vieillards et la jeunesse. On leur prêtait de l'argent à usure pour payer leurs plaisirs, et l'on prenait leurs noms comme pour leur faire honneur d'augmenter le revenu de César. Il ne dédaignait pas même de s'enrichir aux jeux de hasard par la fraude et la fourberie. Un jour il chargea son voisin de jouer pour lui; et, ayant paru un moment sur la porte de sa maison, il vit passer deux chevaliers romains qui étaient fort riches: il les fit arrêter, confisqua leurs biens, et rentra tout fier et tout glorieux, disant qu'il venait de faire un beau coup de dés.

XLII. Lorsqu'il eut une fille, il commença à dire qu'il était pauvre, qu'il était chargé de l'empire et d'une famille, et il voulut que l'on contribuât pour nourrir et doter sa fille. Il annonça qu'il recevrait des étrennes au premier jour de l'année. Il se tint à l'en

lendis januariis ad captandas stipes, quas plenis ante eum manibus ac sinu omnis generis turba fundebat. Novissimè contrectandæ pecuniæ cupidine incensus, sæpe super immensos aureorum acervos patentissimo diffusos loco, et nudis pedibus spatiatus, et toto corpore aliquandiu volu

tatus est.

XLIII. Militiam resque bellicas semel attigit, neque ex destinato, sed quum ad visendum nemus flumenque Clitumni Mevaniam processisset, admonitus de supplendo numero Batavorum quos circa se habebat, expeditionis germanicæ impetum cepit: neque distulit, sed legionibus et auxiliis undique excitis, delectibus ubique acerbissimè actis, contracto et omnis generis commeatu, quantò nunquam alius, iter ingressus est confecitque modò tam festinanter et rapidè, ut prætorianæ cohortes contra morem signa jumentis imponere, et ita subsequi cogerentur interdùm adeò segniter e delicatè, ut octophoro veheretur, atque a propinquarum urbium plebe verri sibi vias, et conspergi propter pulverem exigeret.

XLIV. Postquam castra attigit, ut se acrem et severum ducem ostenderet, legatos, qui auxilia serius ex diversis locis adduxerant, cum ignominia dimisit. At in exercitu recensendo, plerisque centurionum maturis jam, et nonnullis ante paucissimos quàm consummaturi essent dies, primos pilos ademit, causatus senium cujusque et

trée de son palais le jour des calendes de janvier pour recevoir l'argent qu'on lui apportait à pleines mains; et, passionné plus que jamais pour ce métal, il marchait pieds nuds sur de vastes amas d'or, ou se roulait au milieu.

des trou

XLIII. Quant à la guerre, voici comme il la fit. Il était venu visiter le fleuve Clitumnus et les bois qu'il arrose, et s'était avancé jusqu'à Mévanie. On l'avertit de recruter sa garde batave. L'idée lui vint aussitôt d'attaquer la Germanie (1). Il ne perdit pas un moment. Il fit venir de tous côtés des légions, pes auxiliaires et de nouvelles levées faites avec la plus grande rigueur, des provisions telles qu'on n'en avait jamais vu, et se mit en marche si rapidement, que les cohortes prétoriennes furent obligées, pour le suivre, de mettre leurs enseignes sur des bêtes de somme. Pour lui, il finit par se faire porter mollement dans une litière par huit esclaves, et les habitants des villes voisines avaient ordre de nettoyer les chemins et de les arroser pour abattre la poussière.

XLIV. Lorsqu'il fut arrivé au camp, pour se montrer exact et sévère dans le commandement, il renvoya avec ignominie les lieutenants qui étaient arrivés trop tard avec les troupes qu'ils devaient amener; et dans la revue qu'il fit de l'armée il cassa, sous prétexte de

[graphic]

imbecillitatem: cæterorum increpitâ cupiditate, commoda emeritæ militiæ ad sex millium summam recidit. Nihil autem ampliùs quàm Adminio Cinobellini Britannorum regis filio, qui pulsus a patre, cum exigua manu transfugerat, in deditionem recepto; quasi universâ traditâ insulâ, magnificas Romam literas misit: monitis speculatoribus ut vehiculo ad forum usque et curiam pertenderent, nec nisi in æde Martis, ac frequente senatu, consulibus traderent.

XLV. Mox deficiente belli materiâ, paucos de custodia Germanos trajici occulique trans Rhenum jussit; ac sibi post prandium, quàm tumultuosissimè adesse hostem nuntiari. Quo facto, proripuit se cum amicis et parte equitum prætorianorum in proximam silvam; truncatisque arboribus et in modum tropæorum adornatis ad lumina reversus, eorum quidem qui secuti non essent, timiditatem et ignaviam corripuit: comites autem et participes victoriæ, novo genere ac nomine coronarum donavit; quas distinctas solis ac lunæ siderumque specie, Exploratorias appellavit. Rursùs obsides quosdam abductos e litterario ludo, clamque præmissos, deserto repentè convivio cum equitatu insecutus, veluti profugos ac reprehensos in catenis reduxit: in hoc quoque mimo præter modum intemperans. Repetitâ cœnâ renuntiantes coactum agmen, sicut erant, loricatos ad discumbendum adhortatus est. Monuit etiam notissimo Virgilii versu.

vieillesse, la plupart des centurions dont le service allait finir. A l'égard des autres, il leur reprocha leur avarice, et restreignit la récompense des vétérans à six mille sesterces. Il ne fit point d'autres exploits que de recevoir dans son camp Adiminius, fils de Cinobellinus, roi des Bretons, qui, chassé par son père, s'était réfugié auprès de lui avec une suite peu nombreuse. Alors, comme s'il eût subjugué tout le pays, il écrivit à Rome des lettres fastueuses, en avertissant les courriers de ne descendre qu'à la porte du sénat, et de rendre ses lettres aux consuls dans le temple de Mars.

XLV. Ensuite, ne sachant à qui faire la guerre, il fit passer au-delà du Rhin quelques Allemands de sa garde, et leur ordonna de se cacher. Comme il sortait de table, on vint en tumulte lui annoncer que l'ennemi paraissait. Aussitôt il s'élance dans la forêt prochaine avec ses amis et une partie de ses gardes, coupe des branches d'arbre qu'il fait porter comme des trophées, et revient à la lueur des flambeaux, reprochant à ceux qui ne l'avaient pas suivi leur paresse et leur lâcheté. Ceux au contraire qui avaient part à sa victoire recurent de lui des couronnes qu'il appelait EXPLORATOIRES (1), et sur lesquelles étaient représentés le soleil, la lune et les astres. Il fit aussi enlever secrètement et emmener de jeunes ôtages qui étaient dans une école, et tout d'un coup il quitta son repas pour les poursuivre avec sa cavalerie comme des fugitifs, et les fit mettre aux fers, passant toujours les bornes de l'humanité dans ses farces extravagantes.

(1) D'un mot latin qui signifie aller à la décou

verte.

« IndietroContinua »