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OU

L'ITALIE.

PAR MAD. DESTAËL HOLSTEIN.

. . . Udrallo il bel paese,

Ch' Apennin parte, e'l mar circonda; e l'Alpe.

PÉTRARQUE.

TOME TROISIÈME.

A LONDRES:

CHEZ M. PELTIER, NO. 7, DUKE-STREET,

PORTLAND-PLACE.

1808.

7 MAY 1971

LIVRE XV.

LES ADIEUX À ROME ET LE VOYAGE

A VENISE.

CHAPITRE PREMIER.

C'ÉTAIT avec une émotion profonde qu'Oswald avait lu la lettre de Corinne. Un mélange confus de diverses peines Fagitait: tantôt il était blessé du tableau qu'elle faisait d'une province d'Angleterre, et se disait avec désespoir que ja mais une telle femme ne pourrait être heureuse dans la vie domestique; tantôt il la plaignait de ce qu'elle avait souffert, et ne pouvait s'empêcher d'aimer et d'admirer la simplicité avec laquelle elle le racontait. Il se sentait jaloux aussi des affections qu'elle avait éprouvées avant de le connaître, et plus il vor lait se cacher à lui-même cette j ilousie, Tome 3.

A

pour multiplier l'effet de la chaleur et de la lumière; brûlaient ses pieds, et l'éblouissaient par le reflet des rayons du soleil.

Elle n'avait pas le projet d'aller jusqu'à Portici, mais elle avançait toujours, et toujours plus vite; la souffrance et le trouble précipitaient ses pas. On ne voyait personne sur le grand chemin : à cette heure, les animaux eux-mêmes se tiennent cachés, ils redoutent la

nature.

Une poussière horrible remplit l'air dès que le moindre souffle de vent on le char le plus léger traverse la route: les prairies couvertes de cette poussière ne rappellent plus par leur couleur la végétation, ni la vie. De moment en moment, Corinne se sentait prête à tomber, elle ne rencontrait pas un arbre pour s'appuyer, et sa raison s'égarait dans ce désert enflammé; elle n'avait plus que quelques pas à faire pour arriver au palais du roi, sous les porti

ques duquel elle aurait trouvé de l'oinbre et de l'eau pour se rafraîchir. Mais ses forces lui manquaient; elle essayait en vain de marcher, elle ne voyait plus sa route; un vertige la lui cachait, et lui faisait apparaître mille lumières, plus vives encore que celles même du jour; et tout à coup succédait à ces lumières un nuage qui l'environnait d'une obscurité sans fraîcheur. Une soif ardente la dévorait; elle rencontra un Lazzaroni, l'unique créature humaine qui pût braver en ce moment la puissance du climat, et elle le pria d'aller lui chercher un peu d'eau; mais cet homme, en voyant seule sur le chemin, à cette heure, une femme si remarquable, et par sa beauté, et par l'élégance de ses vêtemens, ne douta pas qu'elle ne fût folle, et s'éloigna d'elle

avec terreur.

Heureusement Oswald revenait sur ses pas à cet instant, et quelques accens de Corinne frappèrent de loin son

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