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octo millium ferme inde spatio, loco communito consedit. Asdrubal Carthaginem contendit, ne quid per metum ex recenti clade mollius consuleretur: quo tantus primo terror est adlatus, ut, omissa Utica, Carthaginem crederent extemplo Scipionem obsessurum. Senatum itaque suffetes (quod velut consulare imperium apud eos erat) vocaverunt. Ibi e tribus (una de pace legatos ad Scipionem decernebat: altera Annibalem ad tuendam ab exitiabili bello patriam revocabat: tertia romanæ in adversis rebus constantiæ erat; reparandum exercitum, Syphacemque hortandum, ne bello absisteret, censebat) hæc sententia, quia Asdrubal præsens Barcinæque omnes factionis bellum malebant, vicit. Inde delectus in urbe agrisque haberi cœptus, et ad Syphacem legati missi summa ope et ipsum reparantem bellum : quum uxor non jam, ut ante, blanditiis, satis potentibus ad animum amantis, sed precibus et misericordia valuisset plena lacrymarum obtestans, ne patrem suum patriamque proderet, iisdemque flammis Carthaginem, quibus castra conflagrassent, absumi sineret. Spem quoque opportune oblatam adferebant legati, quatuor millia Celtiberorum circa urbem nomine Abbam, ab conquisitoribus suis conducta in Hispania, egregia juventutis, sibi obcurrisse; et Asdrubalem prope diem adfore cum manu haudquaquam contemnenda. Igitur non benigne

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Syphax alla se retrancher à huit milles de distance. Asdrubal se rendit droit à Carthage, afin de prévenir les résolutions timides que pourrait inspirer la nouvelle d'un désastre tout récent: et d'abord, la terreur y fut si profonde, qu'on s'attendait à voir Scipion renoncer au siège d'Utique, pour attaquer Carthage. Aussi les suffètes, magistrats qui étaient, dans cette ville, ce que les consuls sont à Rome, convoquèrent le sénat. Là, trois avis furent ouverts: le premier était d'envoyer une ambassade à Scipion, pour traiter de la paix; le second, de rappeler Annibal au secours de la patrie, dans cette guerre d'extermination; le troisième, digne de la fermeté romaine dans l'adversité, fut de lever de nouvelles troupes, et d'exhorter Syphax à ne point cesser de combattre avec Carthage. Ce dernier sentiment, soutenu par la présence d'Asdrubal, et par les efforts de la faction Barcine, déclarée pour la guerre, prévalut dans le sénat. On commença donc à faire des recrues dans la ville et dans la campagne, et l'on envoya des députés à Syphax, qui, de son côté, se disposait avec énergie à reprendre les armes; car Sophonisbe, outre les caresses, armes déjà si puissantes sur le cœur d'un époux passionné, avait aussi employé avec succès, auprès de Syphax, les prières les plus touchantes, le conjurant tout en larmes de ne point trahir son père et sa patrie, et de ne point laisser consumer Carthage par les mêmes flammes qui avaient dévoré les deux camps. Les ambassadeurs eurent soin aussi de faire valoir un secours que la fortune leur offrait à propos : c'était un renfort de quatre mille Celtibériens, guerriers intrépides, enrôlés en Espagne par des recruteurs, et qu'ils venaient de rencontrer dans les environs de la ville d'Abba : Asdru

modo legatis respondit, sed ostendit etiam multitudinem agrestium Numidarum, quibus, per eosdem dies, arma equosque dedisset, et omnem juventutem adfirmat exciturum ex regno. « Scire incendio, non prœlio, cladem acceptam; eum bello inferiorem esse, qui armis vincatur. » Hæc legatis responsa. Et, post dies paucos, rursus Asdrubal et Syphax copias junxerunt; is omnis exercitus fuit triginta ferme millium armatorum.

VIII. Scipionem, velut jam debellato, quod ad Syphacem Carthaginiensesque adtineret, Utica obpugnandæ intentum, jamque machinas admoventem muris, avertit fama redintegrati belli : modicisque præsidiis, ad speciem modo obsidionis, terra marique relictis, ipse, cum robore exercitus, ire ad hostes pergit. Primo in tumulo, quatuor ferme millia distante ab castris regiis, consedit: postero die, cum equitatu in Magnos (ita vocant) campos, subjectos ei tumulo, degressus, succedendo ad stationes hostium, lacessendoque levibus præliis, diem absumsit: et, per insequens biduum, tumultuosis hinc atque illinc excursionibus in vicem, nihil dictu satis dignum fecerunt; quarto die, utrimque in aciem descensum est. Romanus principes post hastatorum prima signa, in subsidiis triarios constituit: equitatum italicum ab dextro cornu, ab lævo Numidas Masinissamque obposuit. Sy

bal, ajoutaient-ils, ne tarderait pas à le joindre avec des forces assez imposantes. Aussi le roi leur fit une réponse obligeante, leur montra même une multitude de paysans numides qu'il venait d'équiper et de monter, et leur assura qu'il mettrait sur pied toute la jeunesse de son royaume. « Il savait qu'un incendie, et non pas une bataille, avait été cause de leur défaite; l'infériorité dans la guerre est pour celui que les armes ont vaincu. » Telle fut sa réponse aux députés, et, peu de jours après, Asdrubal et Syphax réunirent leurs troupes, qui formèrent une armée d'environ trente mille combattans.

VIII. Scipion, qui croyait la lutte terminée avec Syphax et ses alliés, s'occupait entièrement du siège d'Utique, dont ses machines menaçaient déjà les murailles, lorsqu'il en fut détourné par la nouvelle que la guerre recommençait. Il laisse donc quelques troupes, pour soutenir l'apparence d'un siège sur terre et sur mer, et, avec l'élite de ses guerriers, il marche en personne à l'ennemi. D'abord, il s'arrête sur une hauteur, à quatre milles du camp de Syphax. Le lendemain, il descend avec sa cavalerie dans les Grandes-Plaines (c'est le nom qu'on donne aux champs dominés par cette éminence), et harcèle les postes avancés de l'ennemi, qu'il vient braver jusqu'aux portes de son camp. Ce jour et les deux suivans se passent, de part et d'autre, en légères escarmouches qui n'amènent aucun résultat à citer le quatrième, les deux armées se présentent en bataille. Scipion place les hastats au premier rang, les princes au second, et les triaires à la réserve; à l'aile droite, la cavalerie italienne; à l'aile gauche, les Numides et Masinissa. Syphax et Asdrubal opposent leurs Numides aux

phax Asdrubalque, Numidicis adversus italicum equitatum, Carthaginiensibus contra Masinissam locatis, Celtiberos in mediam aciem, in adversa signa legionum accepere; ita instructi concurrunt. Primo inpetu simul utraque cornua, et Numidæ et Carthaginienses pulsi ; nam neque Numidæ, maxima pars agrestes, romanum equitatum, neque Carthaginienses, et ipse novus miles, Masinissam, recenti super cetera victoria terribilem, sustinuere. Nudata utrimque cornibus Celtiberum acies stabat: quod nec in fuga salus ulla ostendebatur locis ignotis, neque spes venia ab Scipione erat; quem, bene meritum de se et gente sua, mercenariis armis in Africam obpugnatum venissent. Igitur, circumfusis undique hostibus, alii super alios cadentes, obstinati moriebantur; omnibusque in eos versis, aliquantum ad fugam temporis Syphax et Asdrubal præceperunt. Fatigatos cædæ diutius, quam pugna, victores nox obpressit.

IX. Postero die, Scipio Lælium Masinissamque, cunı omni romano et numidico equitatu expeditisque militum, ad persequendos Syphacem atque Asdrubalem mittit; ipse, cum robore exercitus, urbes circa, quæ omnes Carthaginiensium ditionis erant, partim spe, partim metu, partim vi subegit. Carthagini quidem erat ingens terror, et circumferentem arma Scipionem, om

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