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depuis l'embouchure de l'Indus jusqu'à l'Euphrate. En même temps, il regagna lui-même la Perse et Babylone, en traversant des provinces désertes, et où jusqu'alors on n'avait pas pénétré, la Gédrosie et la Car

manie.

La navigation de Néarque (que nous connaissons d'après son propre journal, qui nous a été conservé dans les Indiques d'Arrien) dura, depuis le commencement d'octobre 325, jusqu'à la fin de février 326, à peu près aussi long-temps que la marche presque incroyable du roi à travers les terres.

The Voyage of Nearchus, from the Indus to the Euphrates, by D. VINCENT, London, 1797, in-4°. Recherches des plus savantes, éclaircies par d'excellentes cartes géographiques.

29. L'étendue des conquêtes d'Alexandre, après qu'il eût renoncé aux Indes, embrassait tout ce qui avait précédemment appartenu à l'empire persan, et probablement il entrait dans ses projets de soumettre encore l'Arabie. Mais avec quelque facilité qu'il se fût emparé de ces immenses pays, il lui devenait fort difficile de les maintenir sous son obéissance, parce que la Macédoine, épuisée par des recrues continuelles, ne pouvait pas lui fournir des garnisons suffisantes. Alexandre trouva le moyen de résoudre cette difficulté, en mettant les vaincus à l'abri de l'oppression, et en respectant leur religion; en laissant toujours le gouvernement civil entre les mains des gens du pays, et la plupart du temps à ceux qui l'avaient eu jusque-là : seulement il confia le commandement des garnisons, et les principales places des colonies qu'il fondait, à des Macédoniens qu'il laissait derrière lui. Sa maxime fondamentale était de produire dans les habitudes des peuples le moins de révolution qu'il était possible.

30. De cette manière, autant les plans d'Alexandre avaient paru simples dans leur commencement, autant ils parurent grands par leurs résultats. Babylone devait être la capitale de son empire, et par conséquent du monde. L'union de l'Orient et de l'Occident devait s'accélérer, en quelque sorte, par l'amalgame des principaux peuples, par des mariages, par une éducation appropriée à ce but, et surtout par les liens du commerce, dont l'importance fut bientôt sentie et appréciée en Asie, même par des conquérants beaucoup moins éclairés qu'Alexandre. Il n'y a peut-être rien qui montre plus la supériorité de son génie que le dégagement de tout préjugé national, et c'est précisément en cela qu'il fut peu secondé par les Macédoniens. Quelque jugement qu'on porte du caractère de ce prince, on ne saurait du moins lui contester cette qualité précieuse.

31. La mort prématurée d'Alexandre, après une fièvre de quelques jours, à Babylone, fut, dans les circonstances où elle arriva, la plus grande perte qui pût affliger l'humanité. Le monde en fut ébranlé, des bords du Nil à ceux de l'Indus où trouver, en effet, un homme capable de soutenir et de réparer ce vaste édifice de puissance qu'il avait créé ?

La mort d'Alexandre pouvait très-facilement être la suite des fatigues extraordinaires qu'il avait essuyées, ou causée par l'air pestilentiel qui s'élevait des canaux de Babylone, qu'on était alors occupé à nettoyer. Assurément il ne mourut pas empoisonné; et si on lui reproche l'usage immodéré du vin, on ne doit pas oublier d'observer à quel point les excès de cette espèce tenaient aux habitudes de la cour des Mèdes et des Perses, adoptée par celle d'Alexandre. Ne pourrait-on pas dire la même chose de Pierre-le-Grand? Si l'on veut apprécier

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convenablement son caractère moral, il faut considérer la vivacité naturelle de ses sentimens, qui le portait rapidement à des transports violens, et l'influence inévitable qu'une prospérité non interrompue a sur les hommes.

SECONDE PÉRIODE.

HISTOIRE DE LA MONARCHIE MACÉDONIENNE, DEPUIS LA MORT D'ALEXANDRE-LE-GRAND JUSQU'A LA BATAILLE D'IPSUS, 323-301 (1).

SOURCES. Le principal écrivain pour cette partie est Diodore de Sicile (liv. XVIII, XX), qui a puisé tout ce qu'il en raconte dans Jérôme de Cardie, écrivain contemporain. Il faut y joindre Plutarque dans ses vies d'Eumènes, de Démétrius et de Phocion; et Justin (liv. XIII), etc. Il ne nous reste malheureusement de l'histoire des successeurs d'Alexandre, par Arrien, que quelques extraits qui nous ont été conservés par Photius.

Histoire des successeurs d'Alexandre, par Mannert. Nuremberg, 1787 (en allemand), avec l'érudition et la critique ordinaires de l'auteur.

1. La première détermination qui fut prise immédia

(1) Pour faciliter le coup-d'œil général sur cette partie, on traitera l'histoire des affaires d'Europe, ci-après pour les joindre à l'histoire de la Macédoine proprement dite.

tement après la mort d'Alexandre contenait le germe de toutes les épouvantables révolutions qui allaient se succéder. Non-seulement la jalousie et l'ambition des grands, mais même l'intervention de l'armée se manifestèrent dès lors d'une manière effrayante. Et quoique ce ne fût qu'insensiblement que l'idée de s'affranchir du pouvoir de la famille royale entra dans les esprits, les membres de cette famille étaient si divisés entre eux, que sa chute paraissait inévitable.

État de la famille royale après la mort d'Alexandre. Il laissait sa femme Roxane enceinte d'un fils qui naquit trois mois après, et qui devait être l'héritier de l'empire. Il eut le nom d'Alexandre; le conquérant laissait aussi un fils naturel nommé Hercule; un frère nommé Arrhidée, fils de Philippe et d'une concubine; sa mère, l'orgueilleuse et cruelle Olympias; et sa sœur Cléopâtre, veuves tous deux; l'artificieuse Eurydice, fille de Cyane, sœur de Philippe, et qui épousa depuis Arrhidée; enfin Thessalonice, fille de Philippe, et qui fut mariée dans la suite à Cassandre de Macédoine.

2. L'imbécile Arrhidée, sous le nom de Philippe, et Alexandre, au berceau, sont enfin proclamés rois, et l'on donne la régence à Perdiccas, Léonnat et Méléagre; mais bientôt ce dernier est assassiné, à l'instigation de Perdiccas. Antipater, auquel on associe Cratère pour le gouvernement civil, conserve la direction des affaires d'Europe.

3. Ainsi l'histoire de ce temps n'est plus que celle de plusieurs satrapes sans cesse occupés à se détruire les uns les autres, parce que tous veulent commander et · qu'aucun ne veut obéir. Cet état de choses dura vingtdeux ans, jusqu'à ce que de la monarchie macédonienne, ainsi déchirée, il se forma quelques masses

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puissantes et capables de se soutenir par elles-mêmes. Il y a peu de périodes dans l'histoire où l'on voie d'aussi grandes et fréquentes vicissitudes se succéder, et c'est ce qui les rend difficiles à envisager d'une seule vue, Voilà pourquoi la division de cette période, en trois sections, l'une qui embrasse le temps écoulé jusqu'à la mort de Perdiccas, 321, la seconde jusqu'à la mort d'Eumène, 315, et la troisième jusqu'à la défaite et la mort d'Antigone, à la bataille d'Ipsus, 301, paraît la plus appropriée à ce but.

4. Premier partage des provinces par Perdiccas. Cet homme orgueilleux paraît vouloir surtout se faire reconnaître comme régent, en ne prenant aucune province en particulier pour lui, et compte entièrement, pour l'exécution de ses projets ambitieux, sur l'armée, qui, cependant, avait déja prouvé, en plusieurs occasions, qu'elle ne prétendait pas obéir, mais commander.

Par ce partage, Ptolémée, fils de Lagus, obtint l'Égypte; Léonat la Mysie; Antigone la Phrygie, la Lycie et la Pamphilie; Lysimaque la Thrace, dépendante de la Macédoine; et ce royaume lui-même resta à Cratère et à Antipater. Eumène, en sa qualité d'étranger, n'aurait même pas obtenu la Cappadoce, qui était encore à conquérir, si Perdiccas avait pu se passer de lui. Le reste des provinces n'entra pas dans le nouveau partage, ou bien ceux qui y commandèrent n'ont point été remarqués.

5. Les premiers actes du gouvernement firent voir à Perdiccas combien il devait peu compter sur l'obéissance de ceux qui jusque-là avaient été ses collègues. Le soulèvement général de tous les mercenaires établis par Alexandre dans l'Asie supérieure, qui demandaient à retourner dans leur patrie, fut à la vérité bientôt

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