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la prise de Cypre, déterminent Antigone à rompre de nouveau avec lui, en ordonnant à son fils de le chasser de Cypre.

Grande victoire navale de Démétrius, près de Cypre, 307, peut-être la plus considérable et la plus sanglante dont l'histoire fasse mention. Néanmoins elle fut aussi peu décisive, pour le fond de la querelle, que les victoires navales le sont ordinairement. L'usurpation du titre de roi, d'abord par les vainqueurs, ensuite par les vaincus, et enfin par tous les autres généraux, n'était plus, depuis l'extermination de la famille royale, qu'une simple formalité.

23. Comme le projet de conquérir l'Égypte fut manqué par les vainqueurs, la république commerçante des Rhodiens, alliés de Ptolémée, devait être victime de leur ambition. Mais quoique Démétrius, par les talens qu'il développa dans le siège de la ville capitale, acquit le glorieux surnom de Poliorcètes, cependant les Rho305 diens, par leur vigoureuse défense, montrèrent ce dont est capable la discipline unie à un patriotisme bien dirigé. Démétrius se trouva fort heureux de pouvoir abandonner ce siège, pour aller travailler à la délivrance de la Grèce, qui était devenue un objet plus pressant et à quoi l'invitaient les Athéniens.

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24. Second séjour de Démétrius dans la Grèce. L'expulsion des garnisons que Cassandre avait mises dans les villes grecques, particulièrement dans celles du Péloponnèse, et la nomination de Démétrius au commandement d'une armée destinée à conquérir la Thrace et la Macédoine, firent sentir, non-seulement à Cassandre, mais aussi aux autres princes, combien il était de leur intérêt commun de s'opposer à la puissance excessive d'Antigone.

25. Troisième grande ligue de Cassandre, Ptolémée et Séleucus, contre Antigone et son fils, organisée par Cassandre. Combien il eût été facile à Antigone, même 302 après l'irruption violente de Lysimaque dans l'Asie mineure, de dissiper l'orage qui se formait contre lui, si cet homme orgueilleux n'eût pas mis trop de confiance dans sa fortune!

26. Séleucus de Babylone et Lysimaque se joignent dans la Phrygie. Antigone, pour concentrer ses forces, 301 rappelle de la Grèce son fils, qui avait pénétré jusqu'aux confins de la Macédoine. De son côté, le prudent Ptolémée ose à peine s'avancer dans la Syrie; déja, sur la fausse nouvelle d'une défaite de Lysimaque, il s'était décidé à retourner sur ses pas pour défendre l'Égypte.

27. Grande et décisive bataille près d'Ipsus, au printems de l'année 301. Antigone y perdit avec la vie son royaume, que les deux vainqueurs se partagèrent sans s'inquiéter de leurs alliés absens. Lysimaque obtint l'Asie antérieure, jusqu'au Taurus; tout le reste demeura à Séleucus; seulement on donna la Cilicie à Plisthènes, frère de Cassandre. - Démétrius se sauva dans la Grèce au moyen de sa flotte.

28. La suite des guerres qui s'étaient succédé sans interruption depuis la mort d'Alexandre avait empêché qu'on pût faire quelque chose pour l'organisation intérieure, qui paraît avoir été presque entièrement militaire. Néanmoins ces bouleversemens continuels furent réparés jusqu'à un certain point par la fondation de nouvelles villes; on vit tous ces princes ennemis rivaliser entre eux sous ce rapport; soit par vanité, pour éterniser leur mémoire, soit par politique, pour affermir leur domination; car c'étaient presque toutes des

colonies militaires. Toutefois, ce ne fut qu'un bien faible dédommagement des calamités sans nombre qui accablaient les habitans de ces contrées, aux dépens desquelles les armées avaient coutume de vivre. Les progrès que firent parmi les peuples vaincus la langue et la civilisation grecques, achevaient d'effacer tous les traits qui les caractérisaient comme nations. Leurs langues devinrent bientôt de simples dialectes populaires. Au reste, la monarchie d'Alexandre fournit une preuve suffisante du peu de succès qu'on doit attendre de l'amalgame violent de plusieurs peuples, quand on n'y parvient qu'en anéantissant le caractère national.

HEYNE, Opum regni macedonici auctarum attritarum et eversarum causæ probabiles; in Opuscul., t. IV. Ce recueil contient encore plusieurs autres dissertations sur l'histoire de la Grèce et de la Macédoine, qu'on ne trouve point séparément.

: 1.

TROISIÈME PÉRIODE,

HISTOIRE DES ROYAUMES ET DES ÉTATS SÉPARÉS QUI SE FORMÈRENT DES DÉBRIS DE LA MONARCHIE MACÉDONIENNE, DEPUIS LA BATAILLE D'IPSUS.

I. Histoire du royaume de Syrie, sous les Séleucides, 312-64.

SOURCES. Pour l'histoire du royaume de Syrie, aussi bien que pour celle des royaumes d'Égypte et de Macédoine, nous n'avons aucun écrivain capital dont les ouvrages se soient conservés entièrement. Des fragmens des livres de Diodore, et, depuis l'époque où ces royaumes furent unis à l'empire romain, quelques extraits de Polybe, beaucoup de récits détaillés dans Tite-Live, et les Syriaques d'Appien, sont, avec quelquesunes des Vies de Plutarque, les principales sources pour cette partie de l'histoire; et même on est trop souvent obligé de re-courir aux extraits de Justin. Cependant on recueille des lumières précieuses sur l'histoire des Séleucides, tant de l'archéologie de Josèphe que des livres des Machabées, à cause des relations et des guerres fréquentes que ces princes eurent avec les Juifs. Les médailles nombreuses qu'on a conservées d'eux nous fournissent aussi d'utiles renseignemens sur la chronologie et la généalogie de ces rois.

Parmi les ouvrages modernes, indépendamment de l'histoire universelle de Guthrie et de Gray, 3o partie de la traduction allemande, on distingue :

VAILLANT, Imperium Seleucidarum, sive historia regum Syriæ, 1681, in-4°. Recherches faites à l'aide de médailles. Et de même

FROELICH, Annales rerum et regum Syriæ, Viennæ, 1754.

1. Le royaume des Séleucides fut fondé dans l'Asie supérieure par Séleucus Nicator. Ce fut un empire considérable, mais formé par des conquêtes successives, et qui n'eut de consistance au-dedans que par l'énergie de ses souverains. Aussi la mort de son fondateur futelle le signal de sa décadence. On abandonna la résidence des bords du Tigre pour la transférer en Syrie. Par-là ce royaume se trouva enveloppé dans toutes les querelles politiques qui divisèrent l'occident, tandis que les provinces de l'Asie supérieure pouvaient se révolter impunément. L'histoire de ce royaume se devise d'elle-même en périodes avant et depuis la guerre contre les Romains: mais, au moment où celle-ci éclata, la chute de l'empire était préparée depuis long-temps.

Séleucus obtint, en 321, le gouvernement de Babylone comme province; mais après la défaite d'Eumène, en 315, il fut obligé de fuir de ce pays; parce qu'il ne voulait pas se soumettre à Antigone devenu vainqueur. Cependant la douceur de son administration lui avait tellement attiré l'affection des peuples de ce pays, qu'après la victoire de Ptolémée sur Démétrius, près de Gaza, 312, il crut pouvoir hasarder de retourner à Babylone avec une faible escorte. C'est de cette année que commence le règne des Séleucides.

2. Tandis qu'Antigone était occupé dans l'Asie antérieure, Séleucus, dans les cours des dix années sui

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