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quoique Pyrrhus, en cédant la moitié du royaume, eût d'abord été proclamé roi, comme il était étranger, il ne put se maintenir que jusqu'en 286, où Lysimaque le chassa de la Macédoine.

Les rois d'Épire, de la race des acides, étaient proprement princes des Molosses (voyez ci-dessus, page 162.) Maîtres de l'Épire, ils commencent à jouer dans l'histoire un rôle important, vers le temps de la guerre du Péloponnèse. Après Alcétas 1, vers 384 (qui se prétendait descendant de Pyrrhus, fils d'Achille à la seizième génération), on voit successivement paraître Neoptolème, père d'Olympias (dont le mariage avec Philippe, 358, resserra étroitement l'alliance des rois d'Épire avec ceux de Macédoine), mort l'an 352. Arymbas, son frêre mort, l'an 342. Alexandre I, fils de Néoptolème et beau-frère d'Alexandre-leGrand, voulut étendre ses conquêtes à l'occident comme celui-ci à l'orient; mais il mourut dans la Lucanie l'an 332. Æacides, fils d'Arymbas, mort l'an 312. Pyrrhus II, fils du précédent, l'Ajax de son temps, et, pour ainsi dire, plutôt aventurier que roi. Après des guerres continuelles en Macédoine, en Grèce, en Italie et en Sicile, il périt à la prise d'Argos l'an 272. Il eut pour successeur Alexandre II, son fils, et la race masculine de ces princes finit en 219, dans la personne de Pyrrhus 111, fils du précédent. En effet, quoique Déidamie, fille du dernier roi, lui eût d'abord succédé, les Épirotes ne tardèrent pas à introduire dans leur pays le régime démocratique jusqu'en l'année 146, qu'ils subirent le joug des Romains avec la Macédoine et le reste de la Grèce.

9. Lysimaque, en montant snr le trône, joignit la Thessalie, et même, pour un temps, l'Asie antérieure, au royaume de Macédoine. Mais une ancienne haine, et des intérêts de famille, engagèrent bientôt ce prince dans une guerre avec Séleucus Nicator; et la bataille près d'Eurupédion lui fit perdre le trône et la vie.

L'aîné des fils de Lysimaque, le brave Agathoclès, est mis à mort, à l'instigation d'Arsinoé sa belle-mere; sa veuve Lysandra et le frère de cette princesse, Ptolémée Céraunus, qui, de son côté, avait été chassé d'Égypte par Bérénice sa belle-mère, et qui était suivi d'un puissant parti, se réfugient à la cour de Séleucus, et l'engagent à la guerre.

10. Lorsque Séleucus vainqueur, et déja maître de l'Asie, se fut fait proclamer roi de Macédoine, ce pays parut être en effet devenu le chef-lieu de toute la monarchie. Mais peu de temps après son entrée en Europe, Seleucus tomba sous la main meurtrière de Ptolémée Céraunus, à qui les trésors du prince assassiné, et ce qui restait des troupes de Lysimaque, procurèrent le trône. Il se vengea par une nouvelle perfidie d'Arsinoé sa sœur consanguine; mais au moment où il se croyait pleinement assuré du fruit de ses crimes, l'invasion des Gaulois dans la Macédoine lui fit perdre le trône et la

vie.

L'invasion des Gaulois qui menaçaient de dévaster entièrement non-seulement la Macédoine, mais même toute la Grèce, se fit par trois expéditions successives. La première, dirigée par Cambaules (probablement l'an 280), ne pénétra que jusqu'en Thrace, parce qu'elle ne se trouva pas assez forte. La seconde était partagée en trois corps; l'un sous Cérétrius, dirigé contre la Thrace, l'autre contre la Péonie, sous Brennus et Acichorius, et le dernier contre l'Illyrie et la Macédoine, sous les ordres de Belgius, 279. C'est par celui-là que Ptolémée fut battu et tué. On nomma d'abord en Macédoine son frère Méléager pour le remplacer, et ensuite Antipater; mais ils furent bientôt dépouillés tous deux du titre de roi, à cause de leur incapacité. .Ce fut un noble macédonien, nommé Sosthènes, qui prit le commandement, et qui, pour cette fois, affranchit la Macédoine. Mais dans l'année 278, le principal corps des Gaulois se

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montra comme un ouragan violent qui détruit tout sur son passage. C'était proprement contre la Grèce qu'il était dirigé: cependant il défit les troupes de Sosthènes qui périt dans le combat. Quoique les Grecs réunis eussent mis sur pied toutes leurs forces, Brennus et Acichorius réussirent à pénétrer dans la Grèce de deux côtés, et ils arrivèrent à Delphes, qui était le but de leur expédition; mais ils furent obligés de se retirer, et périrent ensuite presque tous par la faim, la soif et le fer des Grecs. Cependant il y en eut une partie qui s'établit dans l'intérieur de la Thrace, qui par là fut désormais perdue pour la Macédoine. Une autre partie composée des hordes des Tectosages, des Tolistobii et des Trocmi, s'enfonça dans l'AsieMineure, trouva moyen de s'y établir et de se maintenir dans la contrée, qui de leur nom fut appelée Galatie (voyez cidessus page 259.) Quoique les Tectosages fussent venus de la Gaule, la manière dont cette attaque fut dirigée prouve que la grande masse se composait de peuples plus voisins; et en effet, les Gaulois possédaient alors presque tous les pays compris entre le Danube, la Méditerranée et l'Adriatique. - De son côté la Grèce unie, à l'exception du Péloponnèse, ne put leur opposer que vingt mille hommes, quoiqu'elle eût fait un appel à toutes ses forces.

11. Antigone de Gonni (fils de Démétrius), monta sur le trône vacant de la Macédoine dévastée, en vertu d'un traité conclu avec Antiochus I Soter, son concurrent, dont il épousa la fille. Mais quoiqu'il eût résisté avec succès à une nouvelle attaque des Gaulois, il n'en fut pas moins chassé par Pyrrhus, qui à son retour d'Italie fut proclamé pour la seconde fois roi de Macédoine. Ce prince ayant entrepris de conquérir le Péloponnèse, attaqua d'abord Sparte, qui lui opposa une défense vigoureuse, et marcha ensuite contre Argos dont il s'empara, mais où il perdit 272 la vie.

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Quelque étranges que paraissent ces nombreuses et subites révolutions, elles expliquent assez bien quelle était la manière de faire la guerre dans ces temps-là. Tout dépendait des armées, et elles étaient composées d'hommes tout prêts à combattre demain contre celui qu'ils avaient défendu aujourd'hui, pour peu qu'ils espérassent trouver dans cet ennemi un chef plus brave ou plus heureux. La phalange macédonienne surtout, depuis la mort d'Alexandre, ne reconnaissait plus l'autorité de ses chefs, mais leur prescrivait ses volontés. Dans l'état de misère où la guerre avait réduit tant de vastes contrées, le métier de guerrier était devenu presque le seul tolérable, et personne ne l'exerçait avec plus d'ardeur que les Gaulois, qui étaient à la solde de quiconque voulait les payer.

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12. Antigone Gonatas remonte sur le trône de Macédoine, après la mort de Pyrrhus; et quoiqu'il eût ďabord à soutenir une lutte terrible contre Alexandre fils et súccesseur de Pyrrhus, à partir de cette époque, le royaume resta à lui et à ses descendants sans interruption. Mais aussitôt qu'ils n'eurent plus de rivaux étrangers à redouter, la Grèce devint le but de la politique des princes macédoniens, et la prise de Corinthe sembla 251 la mettre entièrement dans leur dépendance. Mais la formation de la ligue étolienne, et bientôt celle de la ligue achéenne, qui fut bien plus importante, changea totalement les rapports de ce pays, et son histoire redevient dès-lors l'objet d'un grand intérêt, et occupe une place distinguée dans l'histoire générale du monde. Ainsi, après tant d'orages, la Grèce devait encore avoir un brillant crépuscule.

L'antique union. des douze cités de l'Achaïe (voyez-cidessus, pag. 156) subsista jusqu'à la mort d'Alexandre; mais

elle fut détruite au milieu des désordres qui troublèrent dèslors le monde, surtout depuis que Démétrius, et son fils Antigone, après la bataille d'Ipsus, 301, eurent établi dans le Péloponnèse le siége de leur domination. Quelques-unes de ces villes étaient en leur pouvoir, et dans les autres il s'était élevé des tyrans que ces princes favorisaient ordinairement; mais, dans l'année 281, quatre d'entre elles trouvèrent le moyen de recouvrer leur liberté, en renouvelant l'ancienne ligue. Cinq ans après, tandis qu'Antigone parvenu au trône de Macédoine était occupé d'un autre côté, il s'y en joignit insensiblement plusieurs autres. Mais cette ligue ne commença à devenir puissante que quand des villes étrangères furent entrées dans l'union. Ce fut d'abord Aratus, le libérateur de Sicyone, qui y fit accéder sa patrie, 251, et qui dès-lors devint l'ame de la confédération. En 243, il parvint à y réunir Corinthe, aprês en avoir chassé la garnison macédonienne, et Mégare. Dès ce moment la ligue se fortifia insensiblement par l'accession de plusieurs états de la Grèce, et entre autres d'Athènes, en 229. Mais cela même excita la jalousie des autres États; et comme la ligue se trouvait toujours mêlée dans les affaires des grandes puissances, elle devint trop souvent l'instrument et le jouet de leur ambition, d'autant plus qu'Aratus, plus homme d'état que guerrier, et manquant quelquefois de constance dans ses résolutions, fit, dès le commencement, la faute de s'unir avec Ptolémée II. Les principales conditions de la ligue étaient : 1o l'entière égalité politique de tous les états qui en faisaient partie, et ce caractère la distingue de toutes les confédérations qui s'étaient formées précédemment dans la Grèce; 2° le maintien de la constitution intérieure de chaque ville, et en conséquence, 3o la tenue, deux fois par an, des assemblées des députés de toutes les villes à Ægium, et ensuite à Corinthe, pour y décider des affaires générales, particulièrement eu égard aux circonstances présentes, et pour y faire choix du stratège (général ou chef), et des dix demiurgi (magistrats supérieurs) de l'union. Mais ce qui contribua le plus à la grandeur de cette ligue dont le véritable but était la liberté, c'est qu'elle eut,

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