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diterranée entrent dans leur plan de conquête, qu'ils exécutent entièrement pour la Sardaigne, les Baléares, et autres petites îles, et peut-être même pour la Corse, mais en partie seulement pour la Sicile; les îles Canaries même, et Madère, paraissent leur avoir appartenu. D'un autre côté, avant leurs guerres avec les Romains, ils établirent des colonies détachées sur le continent, soit en Espagne, soit sur la côte occidentale de l'Afrique. Ils se proposaient en cela de marcher sur les traces des Phéniciens, leurs ancêtres, et de tenir leurs colonies dans un état de faiblesse et d'impuissance qui les maintînt toujours dans la plus étroite dépendance de la métropole.

6. C'est principalement à la famille de Magon (c'està-dire à lui-même, à ses deux fils, et à six de ses petitsfils) qu'appartient la gloire d'avoir étendu, par de grandes conquêtes, la domination de la république dans la Sicile, la Sardaigne et l'Afrique, dans le même temps que Cyrus, Cambyse et Darius fondaient la monarchie persane, avec laquelle Carthage commença dès-lors à entretenir des relations (550-480 ans avant J.-C. ). Les Carthaginois se montrèrent comme des conquérans redoutables dès le quatrième siècle de leur établissement, au point que l'on rapporte à cette époque la première bataille navale qu'ils livrèrent aux Phocéens. C'est aussi dans cette période que tombe l'établissement de leurs colonies au-delà des colonnes d'Hercule, sur la côte d'Afrique par Hannon, sur celle d'Espagne par Himilcon, vraisemblablement tous deux petits-fils de Magon. A cette époque encore appartient le premier traité de commerce qu'ils firent avec Rome; par lequel on voit qu'ils étaient déja maîtres de la Sardaigne, de l'Afrique et d'une partie de la Sicile.

7. Ces conquêtes et le soin de leur conservation nécessitèrent la création et l'équipement de flottes et d'armées considérables, qui, suivant la coutume des peuples guerriers et commerçans, se composaient en grande partie de troupes mercenaires. Mais aucun peuple n'a fait un usage aussi fréquent de ce moyen que les Carthaginois, puisque la moitié de l'Afrique et de l'Europe contribuait au recrutement de leurs guerriers.

Esquisse d'une armée carthaginoise et développement des avantages et des inconvéniens de sa constitution. -Organisation de la marine carthaginoise. L'état entretenait de très-nombreuses flottes de guerre, avec une foule d'esclaves (vraisemblablement appartenant à l'état ) employés comme matelots.

8. La constitution politique de Carthage, comme celle de tous les riches états commerçans, se composait d'une aristocratie, fondée à-la-fois sur la noblesse et sur les richesses, mais qui conserva toujours un mélange de démocratie. Les affaires étaient entre les mains de deux suffetes ou rois, dont la dignité était probablement à vie, et du sénat (Bovλn), dont faisait partie un corps moins nombreux (yepoucía). Le choix des magistrats appartenait au peuple, qui partageait avec les suffètes la puissance législative; les pouvoirs civils et militaires étaient séparés; les généraux n'y étaient point, comme à Rome, en même temps magistrats, mais ils avaient près d'eux des députés du sénat, dont ils étaient plus ou moins dépendans.

9. Mais l'éclat des conquêtes de plusieurs généraux de la famille de Magon paraissant menacer la république du despotisme militaire, et surtout la tentative qu'un général nommé Malchus avait déja faite auparavant pour asservir Carthage, donnèrent naissance à l'établis

sement d'un tribunal suprême composé de cent citoyens. Ce tribunal, destiné à protéger la constitution de l'état contre les attaques des aristocrates puissans, et surtout des généraux, atteignit, à la vérité, le but qu'on s'était proposé; mais plus tard il s'arrogea lui-même un pouvoir qui dégénéra bientôt en un vrai despotisme.

10. Nous ne connaissons que très-imparfaitement l'organisation des finances des Carthaginois. Les principales sources de leurs revenus publics paraissent avoir été les suivantes : 1. Les tributs qu'ils tiraient des villes alliées et de leurs sujets d'Afrique. Les premiers étaient payés en argent, et les autres en denrées, dont la quantité était déterminée d'une manière tout-à-fait arbitraire; tellement que, dans les cas urgens, ils étaient forcés de donner la moitié de leurs revenus. 2. C'était le même cas pour les provinces du dehors, et particulièrement la Sardaigne. 3. Les tributs que payaient les hordes nomades, soit celles qui habitaient le pays entre les Syrtes, soit celles qui étaient situées à l'ouest. 4. Les droits de douane ou de péage, qui étaient levés avec une grande rigueur, non-seulement à Carthage, mais encore dans toutes les colonies. 5. Les produits des mines, particulièrement de celles d'Espagne, qui étaient très-riches. On ne doit pas oublier, lorsqu'il s'agit des finances des Carthaginois, que beaucoup de peuples avec lesquels ils faisaient le commerce, ou qui combattaient dans leurs armées, ne connaissaient aucune monnaie d'argent.

11. Direction et étendue du commerce des Carthaginois. Ils aspiraient à s'approprier le monopole du commerce d'occident; de là, la limitation de leurs colonies et le soin qu'ils prenaient d'éloigner tous les étrangers de leurs places de commerce. Leur trafic se faisait en

partie par mer et en partie par terre; leur commerce maritime était fondé sur leurs colonies, et s'étendait, même hors de l'enceinte de la Méditerranée, jusqu'aux côtes de la Bretagne et à celles de Guinée.-Leur commerce par terre, qui se faisait par les caravanes, s'établit surtout à l'aide des peuples nomades qui habitaient entre les Syrtes, et s'étendait, soit du côté de l'ouest, par Ammonium et la Haute-Égypte, soit du côté du sud, dans le pays des Garamantes, et même plus avant encore dans l'intérieur de l'Afrique.

SECONDE PÉRIODE,

DEPUIS LE COMMENCEMENT DE LA GUERRE AVEC SYRACUSE, JUSQU'AU COMMENCEMENT DE LA GUERRE AVEC ROME, 480-264 AVANT J.-C.

I.

1. Pendant ces deux siècles la possession entière de la Sicile fut le principal but de la politique des Carthaginois, qu'ils poursuivirent avec une rare persévérance, et dont ils approchèrent de très-près sans jamais l'atteindre. La grandeur croissante de Syracuse, qui aspirait pareillement à la possession entière de l'île, donna naissance à la haine nationale qui éclata entre les Grecs de Sicile et les Carthaginois.

que

2. Première tentative pour subjuguer la Sicile, vers l'an 480, produite par l'alliance Xerxès Ier fit avec la république, lors de son irruption dans la Grèce. Mais Gélon remporte sur les Carthaginois, auprès d'Himère, une victoire encore plus décisive que celle que Thémistocle avait remportée sur les Perses, auprès de Salamine, et les contraint à une paix ignominieuse.

3. A cette défaite succède une période de 70 ans de tranquillité, pendant laquelle nous avons peu de renseignemens sur Carthage. Seulement nous pouvons dire, avec vraisemblance, que c'est durant cette période qu'eut lieu la querelle entre Cyrène et cette république, au sujet de leurs limites respectives, qui se termina à l'avantage de Carthage; et qu'en général sa domination s'étendit et s'affermit en Afrique par les guerres avec les indigènes.

4. Mais l'avènement de Denys Ier au trône de Syracuse, et l'ambitieux projet que lui et ses successeurs suivirent constamment d'étendre leur domination sur toute la Sicile et la grande Grèce, rallumèrent nécessairement le feu de la guerre, dont la flamme ne parut s'éteindre un moment que pour éclater ensuite avec plus de violence.

Guerres réitérées et extrêmement sanglantes avec Denysl'Ancien, entre les années 401 et 368, sans que l'un des deux partis réussisse à expulser l'autre. Les conditions de la dernière paix furent que chacun conserverait tout ce qu'il possédait auparavant. Second traité de commerce avec Rome,

348.

-

Les Carthaginois profitent adroitement des troubles intérieurs de Syracuse, pendant et après le règne de Denys-leJeune, pour parvenir à leur but; ils en sont empêchés par la valeur héroïque de Timoléon, 345–340.

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