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Il avait fait, comme nous avons dit, quatre-vingts livres de l'histoire romaine mais il ne nous reste qu'une bien petite partie de ce grand ouvrage : car les trente-quatre premiers livres sont perdus, avec la plus grande partie du trente-cinquième, hors quelques fragments. Les vingt suivants, depuis la fin du trente-cinquième jusqu'au cinquante-quatrième, sont ce qu'on en a de plus entier. Vossius croit que les six suivants, qui vont jusqu'à la mort de Claude, le sont aussi. Mais Buchérius soutient qu'ils sont fort tronqués: et cela paraît fort vraisemblable. Nous n'avons des vingt derniers que quelques fragments.

Ce qui supplée un peu à ce défaut, c'est un abrégé de Dion, depuis le trente-cinquième livre et le temps de Pompée juqu'à la fin, composé par Jean Xiphilin, patriarche de Constantinople dans le onzième siècle. On trouve que cet abrégé est assez juste, Xiphilin n'ayant rien ajouté à Dion qu'en très-peu d'endroits où cela était nécessaire, et s'étant d'ordinaire servi de ses propres termes. L'histoire de Zonare se peut dire encore un abrégé de Dion; car il le suit fidèlement, et nous apprend quelquefois des chosess que Xiphilin avait omises.

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HERODIEN.

On ne sait de la vie d'Hérodien autre chose, sinon qu'il était d'Alexandrie, fils d'un rhéteur nommé Apollonius le Dyscole ou le Difficile, et qu'il suivit la profession de son père. Il est fort connu par les huit livres qu'il nous a donnés de l'histoire des empereurs, depuis la mort de M. Aurèle jusqu'à celle de Maxime et de

Balbin. Il nous assure lui-même que l'histoire de ces soixante années est celle de son temps, et de ce qu'il avait vu. Il avait été employé en divers ministères de la cour et de la police, ce qui lui avait donné moyen de prendre part à plusieurs des événements qu'il rapporte.

Pour son histoire, Photius en fait un jugement fort avantageux car il dit que son style est clair, élevé, agréable; que sa diction est sage et tempérée, tenant le milieu entre l'élégance affectée de ceux qui dédaignent les beautés simples et naturelles, et les discours bas et sans vigueur de ceux qui se font honneur d'ignorer ou de mépriser toutes les délicatesses de l'art; qu'il ne recherche point un faux agrément par les discours inutiles, et qu'il n'omet rien de nécessaire; qu'en un mot il cède à peu d'auteurs dans toutes les beautés de l'histoire. La traduction qu'Ange Politien a faite de l'ouvrage d'Hérodien soutient dignement et égale presque l'élégance de l'original. La version française que nous en a donnée M. l'abbé Mongaut enchérit beaucoup sur la latine.

AN. J.C. 363.

EUNAPE.

Eunape était de Sardes en Lydie. Il vint à Athènes à l'âge de seize ans. Il étudia l'éloquence sous Proérèse, sophiste chrétien, et la magie sous Chrysante, qui avait épousé sa cousine. Nous avons une histoire des Vies des sophistes du quatrième siècle par Eunape. On y trouve beaucoup de particularités pour l'histoire de ce temps-là. Il commence par Plotin, qui parut au milieu du troisième siècle, d'où il passe à Porphyre, à Jamblique et à ses disciples, sur lesquels il s'étend par

ticulièrement. Il avait aussi écrit une histoire des empereurs en quatorze livres, qui commençaient en l'an 268, au règne de Claude, successeur de Gallien, et se terminaient à la mort d'Eudoxie, femme d'Arcade, en l'an 404. Il nous reste quelques fragments de cette histoire dans les extraits de Constantin Porphyrogénète sur les ambassades, et dans Suidas. On y voit qu'il était extrêmement envenimé contre les empereurs chrétiens, surtout contre Constantin. On remarque la même aigreur dans ses Vies des sophistes, principalement. contre les moines. Il ne faut pas s'étonner qu'un magicien fût ennemi de la religion chrétienne.

ZOSIME.

Zosime, comte et avocat du fisc, vivait du temps AN.J.C. 415. de Théodose-le- Jeune. Il a écrit l'histoire des empereurs romains en six livres. Le premier, qui comprend la suite de ces princes depuis Auguste jusqu'à Probus (car on a perdu ce qui regardait Dioclétien), est extrêmement abrégé. Les cinq autres sont plus étendus, surtout au temps de Théodose-le-Grand et de ses enfants. Il ne passe pas le second siége qu'Alaric mit devant la ville de Rome. La fin du sixième livre nous manque. Photius loue son style. Il dit que Zosime presque fait que copier et abréger l'Histoire d'Eunape; et c'est peut-être ce qui l'a fait perdre. Il n'est pas moins animé que lui contre les empereurs chrétiens.

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PHOTIUS.,

Photius, patriarche de Constantinople, a vécu dans le neuvième siècle. Il était d'une érudition immense, et d'une ambition encore plus vaste, qui le porta à d'horribles excès, et causa des troubles infinis dans l'Église. Mais ce n'est pas de quoi il s'agit ici.

par

Je le place parmi les historiens grecs, et je finis lui ce qui les regarde, non qu'il ait composé une histoire en forme, mais parce que, dans l'un de ses ouvrages, il nous a donné des extraits d'un grand nombre d'historiens, dont plusieurs, sans lui, nous seraient presque absolument inconnus. Cet ouvrage est intitulé Bibliothèque 1, et en effet il mérite ce nom. Photius y examine près de trois cents auteurs, et en marque le nom, le pays, le temps où ils ont vécu, les ouvrages qu'ils ont composés, le jugement qu'il en faut porter pour le style et le caractère, et quelquefois même en extrait d'assez longs morceaux, ou en fait des abrégés qui ne se trouvent que dans cet ouvrage. On voit par là combien il nous est précieux.

ARTICLE II.

Des historiens latins.

Je ne m'arrêterai pas long-temps à décrire les faibles commencements et, pour ainsi dire, l'enfance de l'histoire romaine. On sait que d'abord elle ne consistait que dans de simples mémoires dressés le grand - pontife 2, où il insérait régulièrement chaque

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par

annalium confectio: cujus rei memoriæque publicæ retinendæ causâ, ab

année tout ce qui se passait de plus considérable dans l'état, soit en paix, soit en guerre; et cette coutume, établie dans les commencements de Rome, dura jusqu'au temps de P. Mucius, grand-pontife, c'est-à-dire jusqu'à l'année de Rome 629 ou 631. On donnait à ces mémoires le nom de grandes annales.

On juge bien que ces mémoires, dans des temps si reculés, étaient écrits d'un style fort simple, et même fort grossier. Les pontifes se contentaient d'y marquer les principaux événements de chaque année, le temps et le lieu où ils étaient arrivés, le nom et les qualités des personnes qui y avaient eu le plus de part, ne songeant qu'à narrer les faits, non à les orner.

Quelque brutes et imparfaites que fussent ces annales, elles étaient d'une grande importance, parce qu'on n'avait point d'autres monuments qui pussent conserver la mémoire de tout ce qui se passait à Rome; et ce fut une grande perte lorsque l'incendie de la ville par les Gaulois en fit périr la plus grande partie 2.

Quelques années après, l'histoire commença à quitter cette grossièreté antique, et à se produire en public avec plus de décence. Ce furent les poètes, qui les premiers songèrent à l'embellir et à l'orner. Névius fit un poëme sur la première guerre punique, et Ennius écrivit en vers héroïques les annales de Rome.

querunt. Non exornatores rerum, sed tantummodò narratores fuerunt. » (Ibid. n. 54.)

initio rerum romanarum usque ad locorum, gestarumque rerum, reliP. Mucium pontificem maximum res omnes singulorum annorum mandabat litteris pontifex maximus.... qui etiam nunc annales maximi nominantur.» (CIC. de Orat. lib. 2, n.52.)

1 « Sine ullis ornamentis monumenta solùm temporum, hominum,

Tome XI. Hist, anc.

2 « Si quæ in commentariis pontificum, aliisque publicis privatisque erant monumentis, incensâ urbe pleraque interierunt. » (Liv. lib. 6, n. 1.)

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