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Minot fund.

DES GRECS,

DES MACÉDONIENS, DES PERSES, ETC.

LIVRE VINGT-SEPTIÈME.

DES BELLES-LETTRES.

AVANT-PROPOS.

La poésie, l'histoire, l'éloquence, qui font la matière de ce vingt-septième livre, renferment ce qu'il y a de principal dans ce qu'on appelle les belles-lettres. C'est de toute la littérature la partie qui a le plus d'agrément, qui jette le plus d'éclat, et qui, en un certain sens, est le plus capable de faire honneur à une nation par des ouvrages qui sont, s'il est permis de s'exprimer ainsi, la fleur de l'esprit la plus fine et la plus déliée. Je ne prétends pas par là diminuer rien du prix des autres sciences, dont je parlerai dans la suite, et dont on ne peut faire trop de cas. Je remarque seulement que celles dont il s'agit ici ont quelque chose de plus vif, de plus brillant, et de plus propre à frapper les hommes et à exciter leur admiration; qu'elles sont ac

cessibles à un grand nombre de personnes; qu'elles entrent plus dans le commerce et dans l'usage universel des hommes d'esprit. La poésie assaisonne la solidité de ses instructions par l'attrait du plaisir et par de riantes images dont elle a soin de les revêtir. L'histoire, en nous racontant d'une manière agréable et spirituelle tous les événements des siècles passés, pique et satisfait notre curiosité, et donne en même temps aux rois, aux princes, et aux personnes de tout état, d'utiles leçons, mais sous des noms empruntés, de peur de blesser leur délicatesse. Enfin, l'éloquence se montrant à nous, tantôt avec un air simple et modeste, tantôt avec toute la pompe et toute la majesté d'une puissante reine, charme les esprits et entraîne les cœurs avec une douceur et une force auxquelles il n'est pas possible de résister.

Athènes et Rome, ces deux grands théâtres de la gloire humaine, ont porté dans leur sein ce qu'il y a eu de plus grands hommes dans l'antiquité, soit pour la valeur et la science militaire, soit pour l'habileté dans le gouvernement. Mais ces grands hommes seraient-ils connus, et leur nom ne serait-il pas demeuré enseveli avec eux dans leurs tombeaux, sans le secours des arts et des sciences dont je parle, qui leur ont donné une sorte d'immortalité dont les hommes sont si jaloux? Ces deux villes mêmes, qui sont encore généralement respectées comme la source primitive du bon goût en tout genre, et qui, au milieu du débris de tant d'empires en ont conservé un par rapport aux belles-lettres qui ne périra jamais, ne doivent-elles pas cette gloire aux excellents ouvrages de poésie, d'histoire et d'éloquence dont elles ont enrichi l'univers?

Rome semblait en quelque manière s'y être bornée; du moins elle n'a excellé pleinement que dans ces sortes de connaissances, qu'elle regardait comme plus utiles et plus brillantes que les autres. La Grèce a été plus riche en matière de sciences, et les a embrassées toutes sans distinction. Ses hommes illustres, ses princes, ses rois ont étendu leur protection à toutes les sciences, en quelque genre que ce pût être. Pour ne point parler de tant d'autres qui se sont rendus recommandables par cet endroit, à quoi Ptolémée Philadelphe a-t-il dû cette réputation qui l'a si fort distingué entre les rois d'Égypte, sinon au soin particulier qu'il a pris d'attirer dans son royaume des savants de toutes les espèces, de les combler d'honneurs et de récompenses, et d'y faire fleurir par leur moyen tous les arts et toutes les sciences? La fameuse bibliothèque d'Alexandrie, enrichie, par sa magnificence vraiment royale, d'un nombre si considérable de livres, et ce musée célèbre où s'assemblaient tous les savants, ont plus illustré le nom de ce prince, et lui ont acquis une gloire plus solide et plus durable, que n'auraient pu faire les plus grandes conquêtes.

Notre France ne le cède pas à l'Égypte en ce point, pour ne rien dire de plus. La fameuse bibliothèque du roi, augmentée infiniment par la magnificence de Louis-le-Grand, n'est pas une des choses qui aient le moins illustré son règne. Louis XV son successeur, qui a signalé le commencement du sien par le glorieux établissement de l'instruction gratuite dans l'université de Paris, s'est piqué aussi, pour marcher sur les traces de son illustre bisaïeul, de donner ses soins particuliers à l'augmentation et à la décoration de la bibliothèque royale. En peu d'années il l'a enrichie de

quinze à dix-huit mille volumes imprimés, et de près de huit mille volumes manuscrits, qui faisaient partie da la bibliothèque de M. Colbert, les plus rares et les plus anciens que l'on connaisse; sans parler de ceux que M. l'abbé Sevin a rapportés tout récemment de son voyage de Constantinople. De sorte que maintenant la bibliothèque du roi monte environ à quatre-vingtdix mille volumes imprimés, et à trente ou trente-cinq mille manuscrits. Il ne restait plus qu'à placer ce précieux trésor d'une manière qui en mît toutes les richesses en évidence, et qui répondît à la réputation et à la gloire du royaume. C'est ce qu'a fait encore Louis XV pour remplir les intentions de son bisaïeul, en faisant préparer pour sa bibliothèque un superbe bâtiment qui fait déja l'admiration de tous les étrangers, et qui, lorsqu'il sera achevé, sera le plus magnifique vaisseau qui soit dans l'Europe pour placer des livres.

On a admiré le musée d'Alexandrie. Qu'était-ce en comparaison de nos académies d'architecture, de sculpture, de peinture; de l'académie française, de celle des belles-lettres, de celle des sciences? Ajoutez-y les deux plus anciens établissements du royaume : le collége royal, où s'enseignent toutes les langues savantes, et presque toutes les sciences; et l'université de Paris, mère et le modèle de toutes les académies du monde, dont la réputation ne vieillit point depuis tant de siècles, et qui, avec ses rides respectables, conserve toujours un air de fraîcheur et de jeunesse. Que l'on

Elle contient maintenant environ 350,000 volumes imprimés, outre 350,000 brochures réunies en

la

recueils; et environ 50,000 manuscrits. - L.

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