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soupçonne que c'était une petite ville située auprès de Vérone, qui porte encore ce nom. Scaliger et Vossius croient y trouver Côme, colonie romaine fondée par César vers cette époque, sous le nom de Novi-Comum. Corradini prétend que c'est Sirmium. Quoi qu'il en soit, cette pièce offre un objet curieux de comparaison avec la sixième élégie du liv. 1 ́de Tibulle :

Semper, ut inducar, blandos offers mihi vultus,

où l'amant de Délie tourne en ridicule le mari de sa maîtresse, mais avec bien plus de grâce et de délicatesse que Catulle.

In quo vel Salisubsulis sacra suscipiantur (v. 6). Par le mot Salisubsuli, il faut, sans aucun doute, entendre les Saliens, prêtres de Mars, qui célébraient leurs cérémonies sacrées par des sauts et des gambades de saltimbanques. C'est ce que Catulle a voulu rendre par ce mot qui fait image.

Puella tenellulo delicatior hædo (v. 15). C'est ainsi qu'Ovide (Métamorphoses, liv. x111, v. 71) a dit, en parlant de Galatée : Tenero lascivior hædo. Ce que notre poète a exprimé en une seule image, Théocrite l'a rendu en deux (idylle x1, v. 20): Åñαλωτέρα δ' ἀρνὸς, Μόσχω γαυροτέρα.

Asservanda nigerrimis diligentius uvis (v. 16). Un grand nombre de poètes se sont servis de cette comparaison. Théocrite a dit, dans l'idylle ci-dessus citée : Papwτépa öμçaxos wμãs, et Horace: Tolle cupidinem immitis uvæ.

Talis iste meus stupor nil videt, nihil audit (v. 21). Le lecteur remarquera, sans doute, cette expression si concise et si énergique, meus stupor, au lieu de homo noster stupidus. Phèdre l'a imitée avec succès dans sa fable du Renard et le Corbeau : CORVI

STUPOR.

XVIII.

Cette pièce et les deux suivantes se trouvent insérées dans les Catalectes de Virgile, mais sont généralement attribuées à Catulle. Les détails qu'elles renferment pouvaient avoir quelque prix pour les anciens, mais ne nous offrent que des lieux communs qui nous dispensent de les annoter; nous ne pouvons toutefois nous

dispenser de remarquer les deux vers qui terminent la seconde de ces priapées :

Vicinus prope dives est, negligensque Priapus.

Inde sumite, semita hæc deinde vos feret ipsa.

On ne peut qu'admirer la morale du dieu des jardins, qui, voulant éloigner les voleurs de l'enclos qu'il protège, leur conseille charitablement de faire main basse sur la propriété d'un riche voisin, et prend même la peine de leur en indiquer le chemin!

XXI.

On doit à La Monnaye une imitation assez jolie de cette pièce, d'ailleurs une des plus médiocres de Catulle, à mon avis:

Coquin, passant tous les coquins passés,
Présens, futurs, aurais-tu l'insolence
De m'extorquer le blondin que tu sais?
Je te le vois courir en ma présence,
Derrière lui te glisser. Ah! tout beau!
Je saurai, moi, te châtier en face.

Si de grands biens t'inspiraient cette audace,
Je me tairais. Mais, quoi! le jouvenceau
Serait chez toi réduit à la besace,

La soif, la faim le mettraient au tombeau.

Or, avec lui trève de badinage,

Sinon ton bec courra même hasard.

Pour ton honneur hâte-toi d'être sage,

Tu pourrais bien le devenir trop tard.

XXII.

La métromanie dont Catulle raille, avec beaucoup de sel et de grâce, ce Suffenus, homme d'ailleurs aimable, beau diseur et plein d'urbanité, est un de ces travers qui se reproduisent dans tous les temps et chez toutes les nations. Qui de nous, par exemple, n'a pas entendu parler de l'inversif vicomte, de ses romans fantastiques et de son poëme d'Ipsiboé ? Mais plus heureux que le Lycophron romain, le nôtre, malgré l'extravagance bizarre de ses ouvrages, a fini par trouver des lecteurs qui l'admirent de bonne foi sans le comprendre. Il est vrai que les annonces, et même

les articles laudatifs ne lui ont pas manqué dans les journaux, espèce de célébrité à tant la ligne, qui, malheureusement pour Suffenus, n'existait pas de son temps.

Nec sic, ut fit, in palimpsesto Relata (v. 5). Chacun sait que, par le mot palimpsestes, les Romains désignaient des tablettes où l'on pouvait effacer ce qui était écrit, et y écrire de nouveau. Horace (Sat., liv. 1, sat. 10, v. 72), y fait allusion:

Sæpe stilum vertas, iterum quæ digna legi sint,

Scripturus, etc.

On a plus tard donné le nom de manuscrits palimpsestes à ceux qui étaient écrits sur des feuilles de parchemin dont l'ancienne écriture avait été effacée. C'est ainsi que trop souvent les moines du moyen âge ont remplacé par des hymnes d'église ou des chroniques de couvents, les plus précieux fragmens de l'antiquité.

Chartæ regiæ, novi libri, Novi ombilici, etc. (v. 6). Par chartæ regiæ, il faut entendre du papier ou parchemin grand format; par novi libri, la couverture neuve ou l'enveloppe des manuscrits; par lora rubra, les courroies couleur de pourpre qui attachaient le volume, volumen, à l'umbilicus, espèce de cylindre de bois poli autour duquel on roulait le manuscrit. Membrana directa plumbo désigne des parchemins réglés à la mine de plomb; et pumice omnia æquata, la pierre ponce dont les anciens se servaient pour polir les parchemins sur lesquels ils écrivaient, ainsi que les couvertures de leurs livres.

C'est sans doute ce passage de Catulle qui a inspiré à un poète français cette épigramme contre un mauvais recueil de fables imprimé et relié avec luxe. Tout en est beau, dit-il:

Papier, dorure, images, caractère,

Hormis les vers, etc.

Non videmus manticæ quod in tergo est (v. 21). Ce vers est devenu proverbe. La Fontaine l'a imité dans sa fable intitulée la Besace, où il dit:

On se voit d'un autre œil qu'on ne voit son prochain.

Le fabricateur souverain

Nous créa besaciers tous de même manière,

Tant ceux du temps passé, que du temps d'aujourd'hui.

Il fit pour nos défauts la poche de derrière,
Et celle de devant pour les défauts d'autrui.

XXIII.

Nec cimex, neque araneus, neque ignis (v. 2). Je me suis permis de paraphraser ce vers pour le rendre intelligible. Cette pièce, d'ailleurs, offre peu de sel dans une traduction française. Nous n'aimons pas à voir un auteur plaisanter sur la misère d'autrui; et l'on a justement reproché à Boileau ses vers contre un pauvre poète :

..Colletet, crotté jusqu'à l'échine,

S'en va chercher son pain de cuisine en cuisine.

Pauvreté n'est pas vice, dit le proverbe; cependant, à voir l'accueil que le monde fait à la misère, on serait tenté de croire que c'est un crime. Plus polis que les Romains, nous n'insultons pas à la pauvreté, mais nous lui tournons le dos.

Hanc ad munditiem adde mundiorem (v. 18). J'ai tâché de rendre aussi décemment que possible ces détails de garde-robe; mais il faudrait, pour les bien traduire, la plume du docteur Diafoirus.

XXIV.

Mallem divitias mihi dedisses Isti, etc. (v. 4). Ces deux pronoms, mihi, isti, ont paru à plusieurs commentateurs offrir une contradiction qu'ils ont essayé de corriger de différentes manières. Muret propose Mallem delicias mihi dedisses isti, etc., ce qui n'offre pas un sens bien clair; et Vossius: Mallem divitias Mida dedisses, ce qui est beaucoup plus intelligible. Mais ce n'est point là interpréter des vers, c'est les changer, les refaire; et personne, pas même Vossius, n'avait le droit de corriger un poète tel que Catulle. Je pense, avec Doëring, Volpi et M. Naudet, que, dans ce passage, mihi est un terme explétif dont on trouve des exemples dans presque toutes les langues, et surtout en français; ne dit-on pas communément, par exemple :

Donnez-moi un verre de vin à ce brave homme? Envoyez-moi ce drôle en prison, etc.?

Cette pièce n'a rien de remarquable que le refrain neque servus , neque arca, que l'auteur a déjà employé dans la pièce précédente c'était, sans doute, une espèce de proverbe dont le sel nous échappe.

XXV.

Quum dira Malea naves ostendit oscitantes (v. 5). Les commentateurs varient à l'infini sur la véritable leçon de ce vers. J. Scaliger, suivi par Volpi et M. Naudet, propose : Quum de via mulier aves ostendit oscitantes; or, par de via mulier, il entend une sorcière, une devineresse, et il interprète ainsi tout le vers: Quum quævis saga (ʼn tuyoñoa) se observase ait aves magno clamore tempestatem præsagientes. Heinsius trouve ici l'occasion de donner carrière à sa manie de forger des variantes, et déclare magistralement qu'il faut lire : Quum Clivias Malea aves ostendit arce nantes. Nous avons préféré suivre la leçon de Vossius, qui avait trouvé, dans un manuscrit très-ancien de la bibliothèque Palatine Quum Diva Malia naves ostendit oscitantes; seulement nous nous sommes permis de changer Diva en dira, et Malia en Malea. Ce vers, selon nous, fait allusion au promontoire de Malée, en Laconie, aujourd'hui cap de Malio ou de Sant-Angelo. La mer porte avec force sur ce cap, et semble y entraîner les vaisseaux; d'où vient que les anciens ne se hasardaient qu'avec crainte dans ces parages: aussi était-il passé en proverbe que, quiconque voulait doubler le cap Malée, devait oublier sa maison et sa famille. L'épithète de dira convient donc parfaitement à ce cap; mais il n'est pas aussi facile de découvrir un rapport entre naves et oscitantes, qui signifie báiller, ouvrir la bouche. Ocillantes conviendrait beaucoup mieux au sens de la phrase; mais la quantité ne permet pas de le substituer à oscitantes : peut-être vaudrait-il mieux, après tout, adopter l'opinion de Handius, qui pense qu'il faut retrancher ce vers en entier, comme interpolé, inutile et vide de sens.

Catagraphosque Thynos (v. 7). Ce passage est fort controversé, On lit dans plusieurs manuscrits cirographos, que Saumaise explique par des anneaux à cachet travaillés en Bithynie; d'autres

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