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Oui; mais, par Pollux! voici venir le métayer: brandi par son bras vigoureux, ce phallus va, pour toi, se changer en massue.

XXI.

A AURELIUS.

Roi des meurt-de-faim, passés, présens et futurs, Aurelius, tu veux me souffler l'objet de mes amours; et tu ne t'en caches pas; car, sans cesse à ses côtés, tu le provoques par mille agaceries; enfin, pour l'avoir, tu mets tout en usage. Tes efforts seront vains; avant que puissent réussir les embûches que tu me dresses, je te préviendrai, et ta bouche impure portera les preuves de ma virilité. Encore, si des excès de bonne chère excitaient cette lubrique ardeur, je me tairais; mais ce qui m'afflige le plus, c'est qu'avec toi le pauvre garçon ne peut, hélas ! qu'apprendre à mourir de faim et de soif. Désormais plus pudique, renonce, il en est temps, à tes honteux desseins; ou, pour mettre fin à tes entreprises, je t'infligerai le plus grand des affronts.

XXII.

A VARRUS.

CHER Varrus, tu connais bien Suffenus? c'est un homme aimable, beau diseur, et plein d'urbanité; ce même Suffenus fait une énorme quantité de vers. Pour

Puto esse ego illi millia aut decem, aut plura
Perscripta: nec sic, ut fit, in palimpsesto
Relata; chartæ regiæ, novi libri,
Novi umbilici, lora rubra, membrana.
Directa plumbo, et pumice omnia æquata.
Hæc quum legas, tum bellus ille et urbanus
Suffenus, unus caprimulgus, aut fossor
Rursus videtur : tantum abhorret, ac mutat.
Hoc quid putemus esse? qui modo scurra,
Aut si quid hac re tritius, videbatur,
Idem inficeto est inficetior rure,

Simul poemata attigit : neque idem unquam
Æque est beatus, ac poema quum scribit;
Tam gaudet in se, tamque se ipse miratur.
Nimirum idem omnes fallimur; neque est quisquam,
Quem non in aliqua re videre Suffenum

Possis. Suus quoique attributus est error;
Sed non videmus manticæ quod in tergo est.

XXIII.

AD FURIUM.

FURI, quoi neque servus est, neque arca,
Nec cimex, neque araneus, neque ignis;
Verum est et pater, et noverca, quorum
Dentes vel silicem comesse possunt;
Est pulchre tibi cum tuo parente,
Et cum conjuge lignea parentis.

moi, je crois qu'il en a composé dix mille et plus; et il ne les écrit pas, comme tant d'autres, sur des tablettes palimpsestes; mais sur grand papier, son livre est orné d'une couverture neuve, d'un cylindre neuf, de courroies couleur de pourpre; le parchemin en est réglé à la mine de plomb, et le tout est poli avec la pierre-ponce. Mais si vous lisez ses vers, ce Suffenus si charmant, si aimable, n'est plus qu'un rustre, un chévrier tant il est changé et méconnaissable! A quoi cela tient-il? Ce même homme qui tout-à-l'heure nous semblait si plaisant, si rompu dans toutes les finesses de la saillie, devient le plus insipide, le plus assommant des lourdauds de village, dès qu'il se mêle de poésie et pourtant il n'est jamais si heureux que lorsqu'il fait des vers. Il faut voir alors comme il rit dans sa barbe, avec quelle complaisance il s'admire! C'est ainsi que tous, tant que nous sommes, nous nous faisons illusion à nous-mêmes, et qu'il n'est personne de nous qui n'ait quelque trait de ressemblance avec Suffenus. Chacun a sa manie; mais nous ne voyons qu'un des côtés de la besace qui est sur nos épaules.

XXIII.

A FURIUS.

FURIUS, toi qui n'as ni feu, ni valet, ni cassette, ni punaises, faute de lit, ni araignées, faute de maison; mais un père et une belle-mère dont les dents pourraient broyer des cailloux; que ton sort est heureux avec un tel père, et avec le squelette qu'il a pour femme! Faut-il s'en étonner? Vous vous portez bien tous les trois, vous

Nec mirum bene nam valetis omnes,
Pulchre concoquitis, nihil timetis,
Non incendia, non graves ruinas,
Non facta impia, non dolos veneni
Non casus alios periculorum.

Atqui corpora sicciora cornu,

Aut, si quid magis aridum est, habetis,

Sole, et frigore, et esuritione.

Quare non tibi sit bene ac beate?
A te sudor abest, abest saliva,
Mucusque, et mala pituita nasi.
Hanc ad munditiem adde mundiorem,
Quod culus tibi purior salillo est,
Nec toto decies cacas in anno;
Atque id durius est faba et lapillis,
Quod tu si manibus teras, fricesque,
Non unquam digitum inquinare possis.
Hæc tu commoda tam beata, Furi,
Noli spernere, nec putare parvi;
Et sestertia, quæ soles, precari
Centum desine, nam sat es beatus.

XXIV.

AD JUVENTIUM PUERUM.

O qui flosculus es Juventiorum,

Non horum modo, sed quot aut fuerunt, Aut posthac aliis erunt in annis,

Mallem divitias mihi dedisses

digérez à merveille, vous ne redoutez rien, ni incendie, ni chute de maisons, ni meurtres, ni tentative d'empoisonnement, ni aucun des dangers auxquels les riches sont exposés. Quoi! parce que le chaud, le froid et la famine ont rendu ton corps plus sec que la corne, plus transparent que l'écaille, est-ce une raison pour ne pas te croire heureux et même fortuné? Sueur, salive, catharre du cerveau, toutes ces infirmités te sont inconnues. A tous ces motifs de propreté s'en joint un plus grand encore : tu as l'anus plus net qu'une salière, car tu ne vas pas dix fois par an à la garde-robe; encore n'est-il pas de fève, de cailloux aussi durs que tes déjections; et tu peux te passer de serviette, sans crainte de te salir les doigts. Garde-toi donc, Furius, de mépriser de si précieux avantages. Pourquoi demander sans. cesse aux dieux cent mille sesterces? n'es-tu pas assez heureux?

ΤΟΙ,

XXIV.

AU JEUNE JUVENTIUS

O Toi, la fleur des Juventius présens, passés et futurs ; j'aimerais mieux, pour mon compte, que tu eusses donné de l'or à ce misérable qui n'a ni valet ni cassette, que de te laisser aimer par un pareil gueux. — Quoi! diras-tu,

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