aimable ami, pour t'exprimer tous mes regrets de ton absence. Ne vas pas maintenant, lumière de mon âme, dédaigner mes vœux, mes prières, ou crains que Némésis ne punisse ton orgueil : c'est une déesse redoutable; garde-toi de l'offenser! LI. A LESBIE. Il est l'égal d'un dieu, il est plus qu'un dieu, s'il est donné à un mortel de surpasser les dieux, celui qui, assis près de toi, te voit, t'entend doucement lui sourire. Hélas! ce bonheur m'a ravi l'usage de tous mes sens. Dès que je te vois, ô Lesbie, j'oublie tout, ma langue se glace, un feu subtil circule dans mes veines, un tintement confus bourdonne à mon oreille, mes yeux se couvrent d'une nuit épaisse. Catulle, l'oisiveté te sera funeste; tu te plais dans l'inaction, elle a pour toi trop d'attrait; avant toi l'inaction a perdu et les rois et les empires les plus florissans. LII. DE STRUMA ET VATINIO. QUID est, Catulle, quid moraris emori? RISI nescio LIII. DE QUODAM ET CALVO. quem modo in corona, Qui, quum mirifice Vatiniana Meus crimina Calvus explicasset, LIV. AD CESAREM. OTHONIS caput oppido pusillum, Immerentibus, unice imperator. LII. SUR STRUMA ET VATINIUS. EH bien, Catulle, qu'attends-tu donc pour mourir? Nonius Struma est assis sur la chaise curule; Vatinius se parjure pour obtenir le consulat : Catulle, qu'attends-tu de plus pour mourir? LIII. D'UN QUIDAM ET DE CALVUS. J'AI bien ri, l'autre jour, dans une assemblée où mon cher Calvus dévoilait merveilleusement les crimes de Vatinius, d'entendre je ne sais qui s'écrier d'un ton d'admiration, en levant les mains au ciel « Grands dieux ! quel éloquent petit bout d'homme ! »> LIV. A CÉSAR. LIBERTIN grossier, si tout dans tes mignons ne te déplaît pas, je voudrais, du moins, que toi et Fuffitius ce vieux débauché, vous eussiez assez de goût pour être dégoûtés de la tête de fuseau d'Othon, des sales jambes de Vettius, et des exhalaisons traîtresses que laisse échapper Libon. Héros sans pareil, excuse donc mes ïambes, si, sans le vouloir, ils excitent de nouveau ton courroux. LV. AD CAMERIUM. ORAMUS, si forte non molestum est, SED te jam ferre Herculei labos est. Non si Pegaseo ferar volatu, Non Ladas si ego, pennipesve Perseus, Non Rhesi niveæ citæque bigæ; LV. A CAMERIUS. DE grâce, Camerius, s'il n'y a pas d'indiscrétion de ma part, indique-moi où tu te caches. Je t'ai cherché partout, dans le Champ de-Mars, au Cirque, dans toutes les tavernes, dans le temple du grand Jupiter, sous les galeries du cirque de Pompée ; j'ai arrêté au passage toutes les jolies filles, et aucune cependant n'a changé de visage, lorsque je lui demandais avec instance de tes nouvelles : « Friponnes, leur disais-je, qu'avezvous fait de mon cher Camerius? » L'une d'elles pourtant, découvrant son sein et me montrant deux boutons de roses «< Tiens, dit-elle, il est là.» Enfin, déterrer ta retraite, c'est un des travaux d'Hercule. D'où te vient cet orgueil qui te dérobe à tes amis? dis-nous donc où il faut désormais te chercher? Allons, courage; confie-toi à moi, montre-toi au grand jour. Est-il vrai que tu te caches dans un sein d'albâtre? Si ta langue reste ainsi clouée à ton palais, c'est perdre tout le fruit de tes amours, car Vénus aime les indiscrétions. Ou bien encore, si tu ne veux pas desserrer les dents, permets-moi d'être le confident de vos amours. Quand bien même j'aurais le corps de bronze du géant Talus, le vol rapide de Pégase, la vitesse de Ladas, les pieds ailés de Persée, et la légèreté des blancs chevaux de Rhésus; quand tu attellerais à mon char tous |