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NOTES

SUR LES POÉSIES DE GALLUS.

ÉLÉGIE.

Arsacidum (v. 1). Arsace fonda le royaume des Parthes, 255 ans avant J.-C., de plusieurs provinces de la Haute-Asie, qui se révoltèrent contre Antiochus Théos. Ses descendans sont appelés, dans l'histoire, les Arsacides.

Seleucen (v. 1). Il y avait en Asie plusieurs villes du nom de Séleucie, parce qu'elles avaient été bâties par les rois de Syrie descendans de Séleucus. Les plus célèbres étaient Séleucie sur l'Oronte, dans la Syrie proprement dite, et Séleucie sur le Tigre, dans la Babylonie. Cette dernière tomba au pouvoir des Parthes, et devint même leur capitale, ce qui a fait appeler la province entière, par Pline l'Ancien, Seleucia Parthorum (liv. x, ch. 67).

On dit ordinairement Seleucia, et non pas Seleuce. Le poète a donc pris ici une licence que Scaliger trouve un barbarisme insupportable. Observons, contre lui, que plusieurs noms de villes et de pays ont les deux terminaisons. Ainsi on dit également Sebaste et Sebastia, Thrace et Thracia; Messene et Messenia, comme on trouve, pour les noms propres, Calliope et Calliopia, Cassiope et Cassiopia, etc. En admettant donc, ce qui est vrai, que l'expression du poète soit insolite, il faut reconnaître au moins qu'elle est fondée sur l'analogie.

Signa (v. 2). Il s'agit des étendards qui furent enlevés aux Romains après la défaite et la mort de Crassus. Tous les généraux qui commandèrent en Orient voulurent forcer les Parthes à restituer ces trophées de leur sanglante victoire; mais on ne les

rendit que sous l'empire d'Auguste, pour détourner la guerre que ce prince méditait contre l'Asie.

Lycoris (v. 3). Voyez la Vie de Gallus, pages v et xx.

Lena (v. 9). M. de Pezai, dans sa traduction, attribue à la mère de Lycoris cette épithète et les vers qui suivent. C'est une erreur. Remarquons encore la forme dubitative employée par le poète. C'est une crainte qu'il paraît exprimer, et non un fait certain dont il se plaigne.

Indole (v. 12). Aucun manuscrit n'a pu donner la fin de ce vers, qui reste ainsi lacéré. Il en sera de même dans quelques autres passages.

Cithara (v. 15). Scaliger prétend que la jeunesse romaine, au siècle d'Auguste, dédaignait encore la lyre, et il veut en conclure que cette élégie est d'une époque plus reculée. On peut lui répondre, 1o que rien n'empêche de prendre les mots citharæ cantusque sciens dans le sens de poésie, aussi bien que dans celui de musique, comme on l'a fait souvent en expliquant les poètes, et notamment Horace (Od., liv. 1, ode 31, v. 20); 2o que le même Horace (Sat., liv. 11, sat. 3, v. 104) tourne en ridicule ceux qui achètent des lyres (citharas) pour ne pas s'en servir : d'où il est évident que les Romains de son temps ne dédaignaient pas la musique, et en particulier la lyre, autant que Scaliger. l'a prétendu.

Splendere capillis (v. 17). Expression forcée, dirons-nous avec Scaliger, et que ne légitiment nullement les exemples rapportés dans l'édition Lemaire.

Fœmina (v. 21). On retrouve en partie ce vers dans Virgile (En., liv. iv, v. 569), et la pensée dans Properce (liv. 11, élég. 9, v. 31).

Et tantum (v. 24). Ovide applique le même vers à la Fortune (Tristes, liv. v, élég. 8, v. 18).

Minos (v. 25). Minos, roi de Crète, assiégeait Mégare. Scylla, fille de Nisus, s'éprit d'amour pour l'ennemi de sa patrie, et lui livra la ville. On dit qu'elle fut changée en alouette, et Nisus en épervier. Voyez OVIDE, Métam., liv. vIII, v. 6.

Fetas (v. 29). Pœnas ou sævas conviendrait mieux, si l'autorité des manuscrits permettait l'une ou l'autre de ces deux leçons. Virginis (v. 32). Il s'agit de Tarpéia, livrant aux Sabins le Ca

pitole. C'est ce que M. de Pezai n'a pas compris, parce que la transition est brusque.

Turris (v. 35). Scaliger voit dans le mot turris un idiotisme français ou italien qui décèle l'écrivain du moyen âge. Il est vrai qu'à dater des Lombards, tout château ou citadelle consistait surtout dans une tour plus ou moins forte, environnée de fortifications secondaires : de là vient cette apparition si fréquente du mot tour dans la géographie des époques suivantes, et même dans la géographie moderne. Mais s'ensuit-il nécessairement que l'expression latine doive avoir cette acception? Rien ne le prouve. On pourrait d'abord la regarder comme un hellénisme, πúpyos, qui en est la traduction, étant pris indifféremment pour tout lieu fortifié. Mais sans nous arrêter davantage à cette considération, observons que turres au pluriel, il est vrai, est souvent employé, même par les écrivains du bon siècle, comme synonyme de arx ou du pluriel avec la signification de lieu élevé naturellement ou par l'art. Voyez VIRGILE, Géorg., liv. 1v, v. 125; HORACE, Od., liv. 1, ode 4, V. 13; Properce, liv. 111, élég. 20, v. 15, etc. Resterait dès-lors à justifier le singulier pour le pluriel. Or, ce serait une synecdoque fort usitée en général, et dont se serait servi Juvénal au vers 290 de la sixième satire :

arces,

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.Proximus urbi

Annibal, et stantes collina in turre mariti.

L'exemple a été suivi par Claudien, Guerre de Gildon, v. 86:

Muro sustinui Martem, noctesque cruentas

Collina pro turre tuli.

Pourquoi Juvénal lui-même n'aurait-il pas imité un écrivain antérieur ?

Non secus (v. 41). Scaliger proposait: Non secus ac moles æg. obj. fragori; car, dit-il, la conjonction ac ne peut pas se retrancher après non secus. De même, au vers 43, il faudrait non minus ac vires paul. ut colligit ignis. Je ne partage pas son avis, que la prévention a probablement dicté. En général, on peut, quand il y a comparaison, faire ellipse de l'un des deux termes, pourvu que le sens soit assez clair pour qu'il n'en résulte aucune méprise. C'est ce que fait ici le poète, en comparant, non pas la constance

de Lycoris à un rocher, mais un rocher à la constance de Lycoris, et en laissant de côté, par un artifice de style, le second terme de comparaison. Maximien offre un semblable exemple, élég. 1, V. 171.

Ventidio (v. 54). Ventidius fut pris dans la guerre Sociale par le père du grand Pompée, et mené à Rome en triomphe. Plus avancé en âge, il servit, sous César, dans la guerre des Gaules. Celui-ci remarqua en lui du talent, et l'éleva successivement par tous les degrés de la milice. Ventidius parvint à la préture et an consulat. Son expédition la plus célèbre est celle qu'il fit contre les Parthes, dont il triompha à Rome le premier de tous les généraux romains.

Augusti (v. 56). Quel anachronisme ! s'écrie Scaliger. Cornelius Gallus s'est donné la mort la quatrième année du règne d'Octave, et le consentement unanime des historiens nous apprend que le surnom d'Auguste ne fut donné par le sénat au vainqueur d'Actium, que dans la vingtième année après son avènement à l'empire. On a répondu en citant un fait semblable dans le Panégyrique de Trajan par Pline le Jeune, puisque l'orateur donne au prince le surnom d'Optimus, qui ne lui fut donné que six ans plus tard, par un sénatus-consulte. Ce rapprochement ne prouve rien, parce qu'il est certain que Pline a retouché son Panégyrique long-temps après l'avoir prononcé. Mais le triomphe de Scaliger n'a rien de plus solide. Horace, pour ne citer aucun autre auteur, a fréquemment employé le surnom d'Auguste, et dans des pièces reconnues comme plus ou moins antérieures à l'époque désignée. C'est que la voix du peuple avait précédé le sénatus-consulte, et rendait ainsi hommage à l'administration ferme et sage d'un grand prince.

Cades (v. 78). Des éditions signalent une lacune de plusieurs vers. Qu'elle soit réelle ou non, la suite des idées n'en souffre guère.

Forsan et hic (v. 79). On a demandé comment Gallus pouvait avoir une semblable crainte, tandis qu'il combattait les Parthes. Une telle pensée était naturelle dans un siècle où les guerres civiles étaient fréquentes, dans un moment où une rupture était facile à prévoir entre Octave et Antoine, et, de plus, elle est amenée par les idées générales qui précèdent.

Unanimis (v. 80). Expression peu claire. Si les deux frères combattent l'un contre l'autre, comment peut-on dire qu'ils soient unanimes? Je préfèrerais lire exanimis.

Nardo (v. 91). Bien que le nard des anciens ait assez de rapport avec le nard moderne (andropogon nardus), on le rapporte plus généralement, d'après la description de Pline, à la famille des valérianées, et l'espèce la plus estimée serait la valeriana jatamansi, qui croît sur les montagnes des Indes. Cette plante odorante était très-recherchée des Romains. On en faisait des parfums d'une odeur très-suave; mais, de plus, on s'en servait pour aromatiser les vins, et même pour faire certains vins factices. Voyez PLINE, Hist. Nat., liv. x11, ch. 26; liv. x111, ch. 1; liv. XIV, ch. 19. On obtenait également d'autres vins en traitant convenablement des feuilles de rose. Voyez PLINE, Hist. Nat., liv. XIV, ch. 19.

Nox est (v. 100). Des éditions ponctuent: nox est mortis, et umbra subit.

SUR LA MORT DE VIRGILE.

De Virgilii MORTE. Les premières éditions donnaient cette élégie sans nom d'auteur. Celle de Venise, en 1480, l'attribua à Cornelius Gallus; et Pulmann suivit cette opinion, que Scaliger a prouvée inadmissible.

Quem gemo (v. 2). C'est ainsi qu'écrivent les manuscrits et les meilleures éditions. On ne sait pourquoi Burmann, sur l'autorité d'un seul manuscrit, a préféré quem fleo, car il serait facile de citer bien des exemples de gemo avec l'accusatif, soit dans Virgile, Horace, etc., soit même dans les prosateurs, et dans Cicéron lui-même.

Precibus totus (v. 5). Le manuscrit de Saumaise lit precibusque isdem; celui de Vossius et l'édition de Venise, precibus etenim tibi.

Atque iterum (v. 7). Barth voudrait anne iterem : le sens y gagnerait-il beaucoup ?

Major nuncius (v. 9). Un manuscrit donne Mincius, qu'ont approuvé Heinsius et Burmann. La pensée n'en est pas plus claire,

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