AVERTISSEMENT.

Le 22 février dernier je recevais la première épreuve de ce catalogue, et la vente paraissait devoir se faire au mois d'avril suivant; du moins nous nous pressions d'arriver pour qu'elle pût avoir lieu à la fin de la saison. Nous voici au 40 septembre, et l'impression du Catalogue vient seulement d'être terminée.

Il n'est que trop facile de s'expliquer les causes d'un si long retard. Dans les six mois qui viennent de s'écouler, de graves événements sont venus interrompre nos tranquilles travaux. Maintenant, d'ici au mois d'octobre aurons-nous assez de calme pour qu'il soit possible de s'occuper de livres, et d'offrir aux chances des enchères une Collection si digne à tous égards de rappeler l'attention distraite des Amateurs? Nous l'espérons fermement. La bibliophilie, cette noble et pai

sible science, triomphera cette fois, nous n'en doutons pas, des préoccupations du jour.

Ce qui motive surtout notre confiance à cet égard, c'est que depuis longtemps il ne s'était offert une occasion plus belle de ranimer l'ardeur des Amateurs de beaux et bons Livres. Pour s'en convaincre, il suffira de parcourir notre Catalogue, où se trouve un si grand nombre de d'articles précieux. Il nous faudrait faire une longue Préface si nous voulions signaler ici toutes les richesses bibliographiques qu'il renferme. Nous nous bornerons à indiquer seulement les principaux articles de chaque classe:

D'abord, dans la Théologie, une Bible islandaise fort rare,-l'Histoire de l'ancien et du nouveau Testament connue sous le titre de Bible de Mortier; les discours sur la Bible de Saurin, l'un des beaux exemplaires en grand papier. Une Bible de Lyon, de 1533, avec figures en bois; et plusieurs recueils de figures et illustrations sur la Bible; - un grand nombre d'anciens traités mystiques, — et un beau Coran en arabe, reliure du pays.

Dans la Jurisprudence, outre un beau Montesquieu, dans une superbe condition, on rencontre une foule de petites pièces, ordonnances, arrêts et édits très-précieux pour l'histoire spéciale de ces matières.

Les Sciences et arts sont riches et variés; toutes les divisions pro pres y sont représentées d'une manière satisfaisante; mais en arrivant aux Beaux-arts, partie importante du Catalogue, nous ne pouvons nous dispenser d'appeler l'attention sur le choix des magnifiques livres qui s'y rencontrent, et parmi lesquels nous cilerons comme indication sommaire la splendide collection sur les antiquités, publiés par Piranezi, exemplaire des plus complets. La galerie du musée Napoléon, publié par Filhol, superbe exemplaire. En architecture, nous avons Serlio, Palladio, Vignole, Vitruve, Ducerceau, Lepautre, et parmi les Fetes et entrées, le sacre de George IV, publié avec tant de luxe en Angleterre.-Le paragraphe Costumes pourrait aussi offrir bien des citations; nous ne devons pas oublier du moins de mentionner le recueil des habillements d'après Holbein, Van Dick de Hollar, et surtout la collection des costumes de Bonnard, dont nous ne connaissons pas d'exemplaire aussi complet.

Parmi les portraits et les livres à figures divers, l'Icones Principum no 577, entre en première ligne; citons aussi en passant les Memorables evangelistarum figuræ de 1504, de la plus grande rareté, suivis de bien des livres à gravures sur bois de plus en plus rares aujourd'hui, et aussi fort recherchés.

Nous entrons maintenant dans la classe des voyages pittoresques et nous trouvons tout d'abord au grand complet, un de ces livres qui font époque par leur importance et la vaste étendue de leur plan, nous voulons parler des Voyages_dans l'ancienne France, de MM. Taylor, Nodier et de Cailleux. En effet, rien de plus monumental, de plus vaste, dit la note, n'a été consacré à la description des monuments d'aucun pays; cette immense publication, comencée en 1819, n'a pas moins de 500 livraisons.

Dans le paragraphe des œuvres de maîtres, qui commence par l'œuvre d'Hogart et qui se termine par l'oeuvre d'Eugène Blery, l'on voit bien facilement que ce n'est qu'une parcelle de cette bibliothèque; qu'il faudrait faire un catalogue tout spécial pour la description de cette partie capitale, si riche en dessins et estampes de toutes

sorles.

Dans une collection de cet ordre où l'on doit s'attendre à trouver de tout ce qui a de l'importance, surtout en ce qui concerne les arts; la musique devait avoir une place assez large; aussi l'ouvrage de Gaffori, sur la musique intrumentale; des mélanges d'Orlande, de Lassus, et le Traité de l'harmonje universelle de Mersenne, que l'on rencontre si rarement, font-ils partie de cette division. En terminant cette revue des sciences et arts, par la gymnastique, la chasse et la pêche, citons en passant le Sporting Magasine, 45 vol. in-8°, qui n'est pas seulement le journal, pour ainsi dire officiel du sport en Angleterre, mais qui contient une foule de descriptions et d'anecdotes concernant la chasse, la pêche, les courses; les combats d'animaux, avec le récit des faits historiques qui s'y rattachent. 800 planches ont été exécutées à Londres pour cet ouvrage, par les plus habiles peintres d'animaux et de paysages de l'Angleterre.

La série des belles-lettres est si longue, qu'elle peut former à elle scale tout un cabinet. Cette division est des mieux remplies et des plus variées; on est arrêté à chaque pas par le besoin des citations. C'est tout d'abord un volume de proverbes arabes en tête duquel se trouve un portrait de Mahomet, signé de Vaulthier; puis un dict. turc-français, manuscrit. Plus loin des livres précieux sur l'ancienne langue françoise, entre autres, les Traités si rares en beaux exemplaires, d'Henry Estienne; un Nicot des plus parfait; Etparmi nos anciens dialectes en patois, le traité d'Augie Gaillard; la Gente Poitevinerie.-Viennent ensuite nos anciens poètes françois, et nous cilerons, au milieu de tant d'autres, les Régnards traversant les périlleuses voyes des folles fiancées du monde. Edition gothique de 1504. Le séjour d'honneur d'Octavien Saint-Gellais;- André de la Vigne; Gringore; les messagers d'amour de Pilvelin; les lunettes des princes de Meschinot;-la grande diablerie de Lucifer; les oeuvres de Coquillart ;-celles de Marot, dont la première édition, de1532, provient de la vente Nodier, ouvrent la série des poètes de l'époque de François Ier à Charles IX, dont il est si difficile

aujourd'hui de rencontrer la collection en édition originale. Mais Passons et suivons sans nous arrêter jusqu'au théâtre, qui n'est qu'une parcelle de la bibliothèque théâtrale de M Taylor, la plus complète aujourd'hui qui existe; mais qui ne laisse pas cependant d'être une série attrayante et curieuse; ainsi que la série des romans de chevalerie, qui ne figure pourtant ici que comme échantillon. Mais en revanche, on lira avec intérêt toute la série des romans, où l'on rencontre un grand nombre de nos vieux conteurs el nouvelliers, après quoi viennent les facéties, et il y en de plus d'un genre, je pourrais dire de toutes les époques. Nous apercevons dans notre rapide revue un exemplaire d'un bijou bien joli et que Ch. Nodier citait comme le livre qu'il aimait le mieux de son cabinet: je veux parler du Petit Rabelais de 1556, imprimé a Troyes, par Louis qui ne se meurt point (Louis Vivant), no 1242 de notre catalogue. Enfin, avant de sortir des facéties où il faudrait faire un trop grand nombre de citations, n'oublions pas ; la collection de Carron, venant du cabinet de M. Nodier, le plus complet et le plus beau possible; et pour ceux qui ne sauraient pas ce que c'est que la collection Carron, je les renverrai à la description raisonnée description de Ch. Nodier, ou plus de huit pages sont occupées à la description de cet exemplaire.

J'allais ensuite passer à l'histoire, mais auparavant appelons l'attention du bibliophile sur la littérature étrangère, où dans la littérature espagnole, en particulier, l'on remarque des Romanceros, des Cencioneros, fort rares; et le beau Don Quichotte d'Ibarra, Madrid, 1780. Citons encore un beau Rousseau de Defer de Maisonneuve, richement relié en maroquin provenant de la vente Labédoyère. La collection d'Artois de la vente de Pixérécourt. et enfin la collection des monuments de la langue française de Grapelet.

Dans L'HISTOIRE, dont cette division est des plus nombreuse, l'on remarque tout d'abord les voyages, dont un assez grand nombre en Orient, à Jérusalem et en Palestine. Dans l'histoire de France on distingue des traités importants sur les origines et les antiquités gallofrançoises des petits traités et des recueils en grand nombre qu'on ne retrouverait pas ailleurs, sur le règne de Charles IX et la SaintBarthélemy; un exemplaire peut-être unique par sa beauté, des mémoires de Sully. en édition originale.

L'histoire des provinces de France arrêtera aussi plus d'une fois l'ami de la littérature historique. Il ne sera pas sans remarquer en passant, un Giles Gorrozet et Bonfons et Rabel, sur l'histoire de Paris.-eiter dom Plancher sur l'histoire de Bourgogne; l'histoire de Languedoc de dom Vaisette; Les chroniques d'Anjou de Bourdigué; de Bretague, d'Alain Bouchard, et le grand ouvrage de dom Morice sur cette dernière contrée........ c'est faire connaître que l'histoire de nos provinces ne le cède en rien aux autres parties du catalogue. Nous arrivons maintenant à une série qui doit nous arrêter, c'est l'Histoire des pays étrangers; en passant signalons le Flandria illustrata en belles épreuves, et le n° 2281, généalogie des comtes de Flandre, qui fera naître plus d'un désir parmi les amateurs; ensuite vient l'histoire d'Espagne, l'une des partie la plus intéressante