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RÉÉTORIQUE,

A C. HERENNIUS.

LIVRE SECOND.

I. DANS le premier Livre, C. Herennius, j'ai rapidement exposé les genres de causes dont l'orateur doit se charger, les qualités que son art exige de lui, et les moyens les plus sûrs de remplir tous ces devoirs. Mais comme il est impossible d'embrasser à la fois les détails de chaque règle, et que j'ai dû vous présenter d'abord les plus importantes, pour vous rendre plus aisées celles qui doivent suivre, notre plan nous force de commencer toujours par quelque grande difficulté de l'art oratoire.

Il y a trois genres de causes, le démonstratif, le délibératif, le judiciaire le judiciaire est le plus difficile, et nous l'achèverons le premier. C'est l'ordre que j'ai suivi déjà dans le Livre précédent, lorsque j'ai parlé des cinq fonctions de l'orateur, entre lesquelles l'invention est la première, et celle qui exige le plus de soin dans ce second Livre, je l'aurai presque terminée, et je n'en dirai plus que peu de chose au troisième Livre. Nous avons commencé à nous occuper des six parties de la composition oratoire: j'ai parlé dans le premier Livre de l'exorde, de la narration, de la division, sans m'étendre plus qu'il ne fallait, et avec toute la clarté que vous pouviez, je crois, désirer. J'avais à traiter ensuite de la confirmation et

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deinde conjunctim de confirmatione et confutatione dicendum fuit: quare genera constitutionum et earum partes aperuimus; ex quo simul ostendebatur, quomodo constitutionem et partes constitutionis, causa posita, reperiri oporteret: deinde docuimus, judicationem quemadmodum quæri conveniret; qua inventa, curandum, ut omnis ratio totius orationis ad eam conferatur: postea admonuimus esse causas complures, quibus plures constitutiones aut partes constitutionum accommodarentur.

T

II. Reliquum videbatur esse, ut ostenderemus, quæ ratio posset inventiones ad unamquamque constitutionem aut partem constitutionis accommodare et item quas argumentationes, quas Græci pμara appellant, sequi, et 2 quas vitari oporteret: quorum utrumque pertinet ad confirmationem et confutationem. Deinde ad extremum docebimus, cujusmodi conclusionibus orationum uti oporteat: qui locus erat extremus de sex partibus orationis.

Primum ergo quæremus, quemadmodum quamque causam tractari conveniat : et nimirum conjecturalem, quæ prima et difficillima est, potissimum consideremus. In causa conjecturali, narratio accusatoris suspiciones interjectas et dispersas habere debet, ut nihil actum, nihil dictum, nusquam ventum, aut abitum, nihil denique factum sine causa putetur. Defensoris narratio simplicem et dilucidam expositionem debet habere, cum atQuales. 2 Quales.

I

de la réfutation réunies : c'est là ce qui m'a conduit à examiner les différents états de causes et leurs subdivisions; à indiquer les moyens de distinguer clairement, une cause étant donnée, de quelle question il s'agit, et en combien d'espèces chacune se divise. Alors, je vous ai enseigné l'art de découvrir le point à juger, point essentiel où doivent se diriger toutes les forces du discours. Enfin, je vous ai fait remarquer qu'il y avait des causes qui pouvaient rassembler plusieurs questions, ou entières, ou partielles.

II. Il nous restait à voir comment l'invention peut conformer ses moyens à chaque état de cause dans son ensemble ou dans ses parties, et quelles preuves ou épichérèmes', pour parler comme les Grecs, il faut admettre ou rejeter; car ce sont là des dépendances de la confirmation et de la réfutation. Nous nous occuperons ensuite de l'usage qu'on doit faire des conclusions ou épilogues, sixième et dernière division du discours.

Nous allons donc chercher d'abord de quelle manière il faut traiter chaque état de cause ou chaque question en particulier; et nous commencerons encore par la question de fait, la première et la plus difficile. Dans la question de fait, la narration de l'accusateur sera entremêlée de soupçons jetés avec art, et dont l'objet sera de faire entendre que l'accusé n'a point agi, n'a point parlé, n'a fait aucune démarche, aucun mouvement, sans intention. La narration du défenseur exposera les faits avec ordre, avec clarté, en écartant les soupçons. Dans cet état de

tenuatione suspicionis. Hujus constitutionis ratio in sex partes est distributa, probabile, collationem, signum, argumentum, consecutionem, approbationem. Horum unumquidque quid valeat, aperiemus.

Probabile est, per quod probatur, expedisse reo peccare, et a simili turpitudine hominem nunquam abfuisse. Id dividitur in causam et in vitam. Causa est ea, quæ induxit ad maleficium, commodorum spe, aut incommodorum vitatione : ut quum quæritur, num quod commodum maleficio appetierit, num honorem, num pecuniam, num dominationem, num aliquam cupiditatem amoris, aut hujusmodi libidinis voluerit explere ; aut num quod incommodum vitarit, inimicitias, infamiam, dolorem, supplicium.

I

III. Hic accusator in spe commodi cupiditatem ostendet adversarii, in vitatione incommodi formidinem augebit : defensor autem negabit fuisse causam, si poterit, aut eam vehementer extenuabit; deinde iniquum esse dicet, omnes, ad quos aliquid emolumenti ex aliqua re pervenerit, in suspicionem maleficii devocari. Deinde vita hominis ex ante factis spectabitur. In quo primo considerabit accusator, num quando simile quid fecerit si id non reperiet, quæret, num quando venerit in similem suspicionem ; et in eo debebit esse occupatus, ut ad eam causam peccati, quam paullo ante exposuerit, vita hominis possit accommodari, hoc modo: « Si dicet pecuniæ causa fe

' Vitare.

cause, on emploie six moyens : la probabilité, les rapports, les indices, les preuves simples, les suites, les preuves confirmatives. Examinons chacun de ces

points.

L'argument tiré de la probabilité prouvera qu'il était utile à l'accusé de commettre le crime, et que jamais homme n'en fut plus capable que lui. On discute les motifs et la conduite passée de l'accusé. Par les motifs, j'entends ou l'espoir de quelque bien, ou le désir d'éviter quelque mal: on recherchera s'il voulait arriver par le crime aux honneurs, à la richesse, au pouvoir; s'il voulait assouvir quelque passion, se livrer à quelque penchant déréglé; ou bien, s'il avait dessein de se soustraire à quelque malheur, aux menaces de la haine, à l'infamie, à la douleur, au supplice.

III. S'il s'agit des espérances, l'accusateur mettra au grand jour la cupidité de l'accusé; et en parlant des craintes, il aura soin de les exagérer. De son côté le défenseur niera, s'il le peut, les motifs, ou il les affaiblira de tout son pouvoir; il s'élèvera contre l'injustice qu'il y aurait à soupçonner d'un délit tous ceux qui auraient eu quelque intérêt à le commettre. Quant à la conduite passée, l'accusateur s'efforcera d'abord de découvrir si l'accusé a fait quelque chose de semblable; ou, à défaut de quelque fait à citer, s'il n'a pas donné lieu à des soupçons pareils, s'occupant surtout de trouver des rapports entre les motifs du délit et sa vie habituelle. Par exemple : «< lui suppose-t-il l'amour des richesses pour motif, il le pein«dra comme un avare; l'amour des honneurs, il le représentera comme un ambitieux; rapprochant

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