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ou plutôt imitée dans presque toutes les langues modernes où l'on a quelque goût des lettres.

MICHEL DE CERVANTES (n. 1549-m. 1616). Don Quichotte est, à coup sûr, le roman le plus original et le plus plaisant qui existe ; la folie sérieuse du chevalier de la Triste Figure et les bouffonneries de Sancho, sont une source inépuisable de gaieté, qui fait rire malgré soi. Les nouvelles historiques dont ce livre est semé lui donnent encore un nouveau prix; une de ces nouvelles, le Curieux impertinent, est un des meilleurs morceaux de Cervantes.

C. JULIUS CÉSAR (n. 654 de Rome, 100 av. J.-C. m. 710 de Rome, 44 av. J.-C.), avoit composé ùn assez grand nombre d'ouvrages dont nous avons à déplorer la perte. Heureusement les sept livres de ses Commentaires sur les guerres des Gaules, et les trois livres de ses Commentaires sur la guerre civile, ont échappé à la faux du temps. Les morceaux que l'on distingue dans ses premiers Commentaires, sont la description de la Gaule et ensuite celle de la Bretagne. Voyez ce que nous avons dit de ces Commentaires qui ne sont que des Mémoires, tom. 1.er, pag. 156-157.

TIMOLÉON CHEMINAIS (n. 1652 - m. 1689), jésuite, s'est fait une grande réputation dans la

chaire, quoiqu'il soit mort fort jeune (38 ans). Som sermon sur la crainte des jugemens de Dieu, et sa fameuse Exhortation pour les prisonniers (1), sont considérés comme les plus beaux modèles de l'éloquence pathétique dans les fastes de la Religion, après cependant nos orateurs du premier rang. « Le style de Cheminais, dit M. le cardinal Maury, plein de douceur et de mollesse, annonce un très heureux talent. Ses sermons respirent une éloquence attrayante et affectueuse, dont le charme fait regretter que cet écrivain, condamné par la nature à des infirmités habituelles, n'ait pas assez vécu pour remplir toute sa carrière oratoire. » Le Père Bouhours le désigne comme l'Euripide de la chaire. Ses sermons ont été recueillis et publiés par le Père Bretonneau, Paris, 1730 ou 1764, 5 vol. in-12. Les trois premiers volumes seuls sont du Père Cheminais.

SAINT JEAN CHRYSOSTOME (n. 347-m.407).

(1) On peut mettre à côté de cette exhortation un superbe passage de l'abbé de Besplas dans son sermon de la Cène, prêché devant Louis XVI à Versailles. Rien n'est plus pathétique ; l'orateur avoit long-temps exercé son ministère dans les prisons. Le jeune monarque, le bon Louis XVI, fut tellement ému du tableau affreux que l'orateur traça de l'état des prisons et surtout des cachots, que tout le monde s'en aperçut à l'instant; et tout en sortant de la chapelle, S. M. ordonna que l'on s'occupât sur-le-champ à améliorer le sort des prisonniers, surtout des malheureux qui languissoient dans d'horribles cachots en attendant le supplice. Voyez ce beau passage cité par La Harpe dans son Cours de littérature, édition de Dijon, tom. xv1, pag. 188 et suiv.

Les deux plus célèbres orateurs de l'Église grecque, sont saint Chrysostôme et saint Basile (n. 328 m. 379). Le premier est supérieur à tous les autres. Dans le sermon qu'il prononça en faveur d'Eutrope, réfugié auprès de l'autel, et dans celui qu'il prête à Flavien pour fléchir Théodose, il règne un pathétique vrai, une abondance de sentimens nobles que l'on peut comparer aux harangues immortelles pour Ligarius et Marcellus. Ces deux morceaux de saint Chrysostôme sont certainement les chefs-d'œuvre de l'éloquence chrétienne dans les Pères grecs. Quant à saint Basile, il peut être opposé, pour l'éloquence, à ce que l'antiquité a de plus grand : c'est l'opinion d'Erasme.

M. T. CICÉRON (Voy. pag. 55 du tom. 1.er). Tout ce qui est sorti de la plume de ce grand homme a été l'objet de la vénération des siècles; cependant le cachet de son génie supérieur et de son talent oratoire étant plus fortement empreint sur quelques-uns de ses ouvrages, nous allons tâcher de les désigner plus particulièrement à la curiosité du lecteur. Nous signalerons d'abord l'oraison contre Q. Cecilius, prononcée l'an 684 (1),

(1) Ce discours porte le titre de Divinatio; c'est le terme juridique de l'action dont il s'agissoit. Ce Cecilius étoit un homme corrompu par Verrès qui feignoit d'être son ennemi, et briguoit l'honneur d'être son accusateur, afin de mieux trahir la cause des Siciliens qu'il prétendoit protéger. Cette cause n'est donc que préparatoire dans l'affaire de Verrès.

et les six Verrines (qui tiennent à la même cause), parce que dans cette suite de discours il brille un grand talent oratoire, et qu'en outre elle est très utile pour connoître l'histoire du septième siècle de Rome, et la procédure judiciaire des Romains. En outre, la Verrine de Signis, où il est question des monumens des arts, volés par Verrès, est du plus haut intérêt pour les amateurs de l'antiquité et pour l'histoire de l'art. La harangue pro lege Manilia, prononcée en 688, est encore plus célèbre que les Verrines. Cicéron étoit alors préteur; il soutint dans ce discours la rogation faite par le tribun Manilius en faveur de Pompée. - Que dire des quatre Catilinaires prononcées en novembre et décembre 691, si ce n'est qu'elles sont le triomphe de Cicéron, et son plus beau titre à la gloire? La première eut lieu le 8 novembre, devant le sénat; Catilina osa s'y trouver, et fut à l'instant accablé par le fameux Quousque tandem, etc. Cicéron y développa toute la trame des conjurés. Dans la seconde harangue, l'orateur justifie en présence du peuple, sa conduite envers les conjurés. La troisième harangue, également prononcée devant le peuple le 4 décembre, a pour objet de dévoiler de nouvelles découvertes de la conjuration, faites dans la nuit du 2 au 3 décembre, et la conduite que Cicéron tint le matin du même jour. Enfin, dans la quatrième oraison prononcée le 5 décembre au sénat, l'orateur se déclare pour l'avis de Silanus, d'après lequel les conjurés retenus en prison, furent mis à mort sans être tra

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duits devant le peuple.-La harangue pour Murena accusé d'avoir été désigné par brigue consul pour l'année suivante, est encore un chef-d'œuvre de Cicéron ; Murena fut acquitté. Les amis des lettres donneront peut-être la préférence à l'oraison pour le poëte Archias, à qui un certain Gracchus contesta le droit de cité qui lui avoit été accordé précédemment. Ce discours, prononcé én 693, est un de ceux que Cicéron a travaillés avec plus de soin; il est rempli de digressions sur le charme de l'étude. L'une des plus célèbres harangues de l'orateur romain, est encore celle qu'il prononça, en avril 702, pour Milon qui avoit tué le fameux Clodius dans une rencontre imprévue. Milon fut exilé; mais on assure que nous n'avons plus le discours que Cicéron prononça, et que celui que nous possé

dons fut corrigé et retouché après coup: on connoît le mot de Milon à ce sujet. Le grammairien Asconius Pedianus qui vivoit vers l'an 75 de J.-C., dit que de son temps on avoit encore les deux discours de Cicéron, celui qui a été recueilli par les tachygraphes pendant qu'il parloit à la tribune, et celui qu'il corrigea et retoucha ensuite. - On prétend que l'oraison pour Marcellus a été improvisée, mais ensuite mise par écrit et retouchée après la séance du sénat. Quoi qu'il en soit, elle passe aussi pour un chef-d'œuvre d'éloquence, et pour avoir servi de modèle à Pline le Jeune dans son panégyrique de Trajan. Marcellus ne paroît pas avoir été très touché du pardon que lui accorda César, si l'on en juge

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