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dien a encore fait preuve d'imagination et de talent dans deux Epithalames, l'un à l'occasion du mariage d'Honorius avec Marie, fille de Stilicon et de Serena; l'autre sur le mariage de Palladius et de Celerina. On trouve encore d'assez beaux passages dans son Enlèvement de Proserpine, poëme qui a été imité et perfectionné en vers français par M. Michaud; dans ses Consulats d'Honorius, dans ses sept petits poëmes didactiques ou descriptifs publiés sous le nom d'Idylles, et parmi lesquels on distingue le Phénix et la Tendresse filiale des deux Siciliens, etc. Enfin on peut dire que Claudien, malgré ses défauts, est peut-être après Stace, le poëte épique latin qui s'est approché davantage de Virgile, surtout dans quelques descriptions et comparaisons.

PIERRE CORNEILLE (V. tom. 1, pag. 128). Les chefs-d'œuvre de ce père de la tragédie sont Cinna, le Cid, les Horaces, Rodogune et Polyeucte. Une seule de ces pièces eût fait la réputation d'un grand écrivain. «Le Cid, selon La Bruyère, n'a eu qu'une voix pour lui à sa naissance, qui a été celle de l'admiration ; il s'est vu plus fort l'autorité et la politique ( l'Académie et Richelieu ) qui ont tenté vainement de le détruire; il a réuni en sa faveur des esprits toujours partagés d'opinions et de sentimens, les grands et le peuple. Ils s'accordent tous à le savoir de mémoire et à prévenir au théâtre les acteurs qui le récitent. Le Cid enfin est un des plus beaux

que

poëmes que l'on puisse faire ; et l'une des meilleures critiques qui aient été faites sur aucun sujet, est celle du Cid. »

Boileau regardoit Polyeucte comme le chef-d'œuvre de Corneille. Il ne connoissoit rien au-dessus des trois premiers actes des Horaces. Il n'avoit point de termes assez forts pour exalter Cinna, à la réserve des vers qui ouvrent la pièce, et dont il avoue s'être moqué dans son 3.o chant de l'Art poétique, (sans doute dans ces vers : >

Je me ris d'un acteur qui, lent à s'exprimer,

De ce qu'il veut, d'abord ne sait pas m'informer;
Et qui débrouillant mal une pénible intrigue,
D'un divertissement me fait une fatigue.

Mais il étoit comme transporté d'admiration lors. qu'il récitoit l'imprécation de la reine Cléopâtre à son fils dans la dernière scène de Rodogune, pièce que l'auteur lui-même préféroit à toutes ses autres tragédies. Tout ce que Corneille a fait de merveil leux étoit parcouru du satirique avec une profusion d'éloges; mais il n'étoit point content de la tragédie d'Othon, qui se passe tout en raisonnement et où il n'y a pas d'action tragique. Corneille avoit affecté d'y faire parler trois ministres d'état, dans le temps où Louis XIV n'en avoit pas moins que Galha, c'està-dire, MM. Le Tellier, Colbert et de Lionne. Boileau ne se cachoit point d'avoir attaqué directement Othon dans ces quatre vers du 3.e chant de l'Art poétique :

Vos froids raisonnemens ne feront qu'attiédir
Un spectateur toujours paresseux d'applaudir,

Et qui des vains efforts de votre rhétorique,
Justement fatigué s'endort et vous critique.

On peut encore mettre au rang des bonnes pièces de Corneille la Mort de Pompée, Heraclius, Sertorius, et Nicomède qu'il affectionnoit beaucoup. Quant au Menteur, comédie de caractère qui a précédé Molière, on peut dire qu'il a ouvert la carrière de la bonne comédie, comme le Cid avoit ouvert celle de la tragédie.

Les deux meilleures pièces de Thomas Corneille (n. 1625—m. 1709) sont Ariane et le Comte d'Es» sex; son Festin de Pierre est mieux versifié tragédies assez mal écrites en général.

que ses

PROSPER JOLYOT DE CRÉBILLON (n. 1674—m. 1762) tient un rang distingué parmi nos tragiques et le mérite par quelques-unes de ses pièces. Rhadamiste est l'un des plus beaux ouvrages qui hono rent la scène française. Les passions y sont peintes avec une énergie, une profondeur, une vérité qui rend la fable de cette tragédie attachante au suprême degré. Aucune pièce n'offre une intrigue aussi simple, et peu sont aussi intéressantes. Elle eût suffi seule faire monter Crébillon au rang de pour premiers écrivains dramatiques. Atrée et Thyeste est la pièce la plus terrible qui soit au théâtre; l'affreux caractère d'Atrée fait frissonner d'un bout à l'autre. Le songe prophétique de Thyeste (ACT. 11, sc. 2) est un beau morceau de poésie. La reconnoissance de Thyeste de la part d'Atrée (ACT. 11, sc. 5),

nos

glace d'effroi. Mais quel mouvement d'horreur quand le malheureux Thyeste portant à sa bouche la coupe de réconciliation, s'aperçoit qu'elle est pleine de sang..... et de quel sang! celui de son fils que ce perfide Atrée vient de faire égorger! Selon Fréron, le rôle d'Atrée est le plus fortement tracé qui soit au théâtre. Après les deux pièces que nous venons de citer, on place Électre, puis Idoménée, et ensuite Pyrrhus; le reste est foible.

JEAN LE ROND D'ALEMBERT (n. 1717-m. 1783) s'est fait un plus grand nom dans les mathématiques que dans les lettres, et a fait plus de bruit dans les lettres que dans les mathématiques; sa Préface de l'Encyclopédie et son Éloge de Massillon le mettent au premier rang parmi les écrivains du second ordre. Mais à quel rang le mettra sa correspondance avec Voltaire ! ! !

FLORENT DANCOURT ( n. 1661-m. 1726). Ce comique du troisième ordre, auteur très fécond, n'a de pièces assez bonnes et restées au théâtre que le Galant Jardinier, le Mari retrouvé, les Trois Cousines, et les Bourgeois de qualité. Ces quatre petites pièces se revoient toujours avec plaisir, parce qu'il y a dans le dialogue de l'esprit qui n'exclut point le naturel; que les paysans y sont agréables sans rien perdre de la physionomie qui leur convient, et que l'auteur y saisit assez bien les ridicules de la bourgeoisie dans le temps où il écrivoit.

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JACQUES DELILLE (n. 1738-m. 1813). Si la muse de cet aimable poëte ne se place pas au sommet du Parnasse à côté de nos plus grands maîtres, on peut dire avec vérité qu'elle tient un rang très honorable sur le mont sacré parmi tout ce que l'on connoît de plus brillant, de plus varié, de plus pittoresque et en même temps de plus facile. Ses ouvraont un éclat éblouissant qui, surtout dans ses poëmes, rachète la richesse des détails ce qui peut par manquer à ce

ges

à ce qu'Horace appelle le ponere totum. Mais ces détails enchanteurs parmi lesquels on distingue de charmans épisodes, sont si multipliés dans les poésies de M. Delille, qu'il seroit difficile d'en faire ici l'énumération. D'ailleurs qui n'a pas lu et relu toutes les productions sorties de sa plume féconde? A peine sa traduction des Géorgiques parutelle, que devenue inséparable de l'original, proclamée originale elle-même, elle fut à l'instant rangée parmi les classiques. Son joli poëme des Jardins eut un succès prodigieux auquel il ne manqua pas même le tribut envenimé de l'envie; l'Homme des champs eut le même accueil. Quant au poëme de la Pitié, il intéressa vivement toutes les ames sensibles, toutes celles à qui ce sentiment n'avoit point été étranger pendant nos orages politiques; mais il fut jugé bien autrement par certains écrivains....... et il ne parut long-temps en France que déchiré par la critique et mutilé par l'autorité. M. Chénier qui dans son Tableau de la Littérature française rend une justice éclatante aux talens poétiques de M. Delille, fait le

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