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pièces de Destouches, il est fort inutile de les nom

mer.

CHARLES DUCLOS (n. 1705-m. 1772). On regarde ses Considérations sur les Mœurs comme le meilleur de ses ouvrages, celui qui lui fait le plus d'honneur et qui a été le plus souvent réimprimé. Le monde y est vu d'un coup d'œil rapide et perçant. Il est rare de trouver réunis dans un cadre aussi ingénieux un plus grand nombre d'idées justes et fines, de leçons utiles et de mots saillans. Louis XV disoit : « C'est l'ouvrage d'un honnéte homme. » Une chose singulière, c'est que dans ce livre qui traite des mœurs, le mot femme n'est pas même prononcé.

CH.-RIVIÈRE DUFRESNY (n. 1648-m. 1724). Ses meilleures pièces sont 1.o L'Esprit de contradiction, dans laquelle le rôle de la femme contrariante est très comique; 2.o le Double veuvage, où l'on distingue le rôle de la veuve, et 3. le Mariage fait et rompu, dans laquelle de bons rôles sont ceux du président, de la présidente, et du Gascon Glacignac qui est le meilleur de tous les Gascons que l'on ait mis au théâtre. Ces trois pièces sont fort jolies; la composition en est agréable et piquante, le dialogue vif et saillant. On remarque dans la Coquette de village le rôle de la Coquette, et dans la Réconciliation normande celui de Falaise. Quant à ses au

tres pièces, elles n'ont eu aucun succès et ne se sont jamais relevées de leur chute primitive.

ESCHYLE (n. 526 av. J.-C. m. 456), est considéré comme le véritable père de la tragédie, celui qui le premier lui donna une forme régulière. Des sept pièces échappées aux ravages du temps sur à-] à-peuprès quatre-vingt-dix qu'il avoit composées, les Coëphores (porteurs de libations) et les Sept Chefs devant Thèbes sont les meilleures. Les Coèphores surtout renferment des beautés vraiment tragiques vraiment théâtrales et qui sont assez rares dans les autres pièces d'Eschyle; ces pièces sont Prométhée; les Perses; Agamemnon; les Suppliantes, et les Euménides.

EURIPIDE (n. 480 av. J.-C.—m. 406), avoit composé cent vingt-trois pièces dramatiques. Le temps en a épargné seulement dix-huit, à la tête desquelles on place Iphigénie en Aulide comme le chefd'œuvre de l'auteur, et comme l'une des tragédies anciennes où l'art a été porté à sa plus grande perfection. Unité d'action et d'intérêt, exposition admirable, caractères soutenus, vérité dans le dialogue, pathétique dans les situations, éloquence vraiment dramatique, enfin gradation d'intérêt qui va croissant de scène en scène jusqu'au dénouement: voilà >> ce qui justifie l'admiration qu'on a eue dans tous les temps pour cette tragédie. Racine l'a heureusement imitée, embellie et perfectionnée. Les autres pièces

d'Euripide sont: Hécube; Oreste; les Phénisses; Médée; Hippolyte couronné; Alceste; Andromaque; les Suppliantes; Iphigénie en Tauride; les Troyennes; les Bacchantes; les Héraclides; Hélène; Ion; Hercule furieux, et Électre. Il ne reste que le commencement de sa Danaë.

FR. SALIGNAC DE FÉNÉLON (n. 1651-m. 1715). Nous ne considérons ici cet illustre écrivain que comme orateur sacré, ses autres titres littéraires étant suffisamment connus et appréciés ; nous di rons donc que comme prédicateur, Fénélon a deux morceaux que M. Maury met au premier rang; mais laissons parler M. Maury lui-même : « Le nom chéri de Fénélon, dit-il, s'est associé à la prééminence de nos trois immortels prédicateurs (Bossuet, Bourdaloue, Massillon), et marche leur égal, sans avoir besoin d'autres titres que deux discours qui lui en assurent le droit aux yeux de la postérité........ L'un de ces titres oratoires est le sublime et pathétique discours que Fénélon prononça dans l'église collégiale de Lille, en 1708, quand il fit la consécration du prince de Bavière, archevêque électeur de Co, logne. C'est une pièce d'éloquence du premier ordre... Le second sermon est celui qui fut prêché une seule fois aux Missions étrangères, le jour de l'Épiphanie, en 1685, par l'abbé de Fénélon alors âgé de trente-quatre ans....» M. Maury prétend qu'on y trouve << tantôt l'imagination d'Homère, tantôt la véhémence de Démosthène, tantôt le génie et le pa

thétique de saint Jean Chrysostôme, tantôt la verve et la majesté de Corneille, tantôt même dans quelques traits de la péroraison, l'énergie et la profondeur de Tacite, souvent les élans de Bossuet, mais toujours une pureté unique de goût et une perfection inimitable de style qu'on ne pouvoit assez admirer. » Ce sermon étoit pour ainsi dire inconnu ; M. Maury le lut dans une société de littérateurs distingués, et le présenta comme étant de Bossuet. Tout le monde s'écria que l'aigle brillant de Meaux étoit seul capable de s'élever à une telle hauteur. Quelle fut la surprise de ces messieurs quand on leur annonça que ce discours étoit de Fénélon; il ne leur en parut que plus beau. M. Maury dit ailleurs que pour donner à ces deux chefs-d'œuvre qui appartiennent éminemment à la première classe du genre, la consistance tutélaire d'un volume, il faudroit y joindre les Dialogues de l'auteur et sa Lettre sur l'éloquence. Son opinion sur ces deux derniers ouvrages, doit encore trouver place ici. « Nous n'avons point, dit-il, de meilleur livre didactique pour les prédicateurs, que les dialogues de Fénélon sur l'éloquence de la chaire; toutes les règles de l'art y sont fondées sur le bon sens, sur le bon goût, sur la nature.................. » Puis plus loin il dit : « La lettre de Fénélon à MM. de l'Académie française, sur l'éloquence, est un chef-d'œuvre. En la lisant, on admire l'auteur, disons mieux, on l'aime. On est attendri par l'exquise sensibilité de cet écrivain; et

l'on voit, s'il est permis de parler ainsi, que son goût n'étoit la délicatesse de son ame. » que

HENRI FIELDING (n. 1707 m. 1754), est auteur d'un assez grand nombre de romans dont la plupart sont très estimés; mais celui qui l'emporte sur tous les autres, est sans contredit Tome Jones. On n'en connoît point qui attache davantage et dont l'intérêt soit mieux gradué. Il offre, dans les deux principaux personnages, un contraste qui n'est malheureusement que trop l'histoire de la société. Des deux acteurs qui occupent la scène, l'un paroît toujours avoir tort, l'autre toujours raison; et il se trouve à la fin que le premier est un honnête homme, et l'autre un fripon. Mais l'un, plein de la candeur et de l'étourderie de la jeunesse, commet toutes les fautes qui peuvent prévenir contre lui; l'autre toujours maître de lui-même, se sert de ses vices avec tant d'adresse, qu'il sait en même temps noircir l'innocence et mentir à la vertu. L'un n'a que des défauts, il les montre et donne des avantages sur lui; l'autre a des vices, il les cache et ne fait de mal qu'avec sûreté. Tous les autres personnages sont des originaux supérieurement tracés, que l'on voit tous les jours dans le monde, et que l'auteur peint, non par l'abondance des paroles, mais par la vérité des actions. Le fil de l'intrigue principale passe à travers les événemens épisodiques sans que jamais on le perde de vue; et le dénouement est aussi bien sus

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