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montre une solidité qu'on reconnaît aisément être à toute épreuve. On voit la vérité toujours victorieuse, les hérésies renversées, l'Église, fondée sur la pierre, les abattre par le seul poids d'une autorité si bien établie, et s'affermir avec le temps; pendant qu'on voit au contraire les empires les plus florissants, non-seulement s'affaiblir par la sutie des années, mais encore se défaire mutuellement, et tomber les uns sur les autres. Nous montrons d'où vient d'un côté une si ferme consistance; et de l'autre, un état toujours changeant, et des ruines inévitables. Cette dernière recherche nous a engagés à expliquer en peu de mots les lois et les coutumes des Égyptiens, des Assyriens et des Perses, celles des Grecs, celles des Romains, et celles des temps suivants; ce que chaque nation a eu dans les siennes qui ait été fatal aux autres et à ellesmêmes, et les exemples que leurs progrès ou leur décadence ont donnés aux siècles futurs. Ainsi nous tirons deux fruits de l'Histoire universelle. Le premier est de faire voir tout ensemble l'autorité et la sainteté de la religion, par sa propre stabilité et par sa durée perpétuelle. Le second est que connaissant ce qui a causé la ruine de chaque empire, nous pouvons, sur leur exemple, trouver les moyens de soutenir les États, si fragiles de leur nature; sans toutefois oublier que ces soutiens mêmes sont sujets à la loi commune de la mortalité, qui est attachée aux choses humaines, et qu'il faut porter plus haut ses espérances.

XIII. II. Politique tirée des propres paroles de la sainte Écriture.

Par le second ouvrage, nous découvrons les secrets de la Politique, les maximes du gouvernement, et les sources du droit, dans la doctrine et dans les exemples de la sainte Écriture. On y voit non-seulement avec quelle piété il faut que les rois servent Dieu, ou le fléchissent, après l'avoir offensé ; avec quel zèle ils sont obligés à défendre à la foi de l'Église, à maintenir ses droits, et à choisir ses pasteurs; mais encore l'origine de la vie civile; comment les hommes ont commencé à former leur société; avec quelle adresse il faut manier les esprits; comment il faut former le dessein de conduire une guerre, ne l'entreprendre pas sans bon

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DE L'INSTRUCTION DU DAUPHIN.

sujet, faire une paix, soutenir l'autorité, faire des lois et gler un État. Ce qui fait voir clairement que l'Écriture sain surpasse autant en prudence qu'en autorité, tous les aut livres qui donnent des préceptes pour la vie civile; et qu' ne voit en nul autre endroit, des maximes aussi sûres pour gouvernement.

XIV. III. L'état du royaume et de toute l'Europe.

Le troisième ouvrage comprend les lois et les coutum particulières du royaume de France. En comparant royaume avec tous les autres, on met sous les yeux du Princ tout l'état de la Chrétienté, et même de toute l'Europe.

Nous achèverons tous ces desseins, autant que le temps notre industrie le pourra permettre. Et quand le Roi nous re demandera ce fils si cher, que nous avons tâché, par son con mandement et sous ses ordres, d'instruire dans tous les beau arts nous sommes prêts à le remettre entre ses mains, po faire des études plus nécessaires sous de meilleurs maîtres qui sont le Roi même, et l'usage du monde et des affaires.

Voilà, très-saint Père, ce que nous avons fait pour no acquitter de notre devoir. Nous avons planté, nous avons a rosé plaise à Dieu de donner l'accroissement. Au reste, de puis que celui dont vous tenez la place sur la terre, vous inspiré, parmi tant de soins, de jeter un regard paternel su nos travaux, nous nous servons de l'autorité de Votre Sain teté même, pour porter le Prince à la vertu ; et nous éprou vons avec joie, que les exhortations que nous lui faisons d votre part, font impression sur son esprit. Que nous somme heureux, très-saint Père, d'être secourus dans un ouvrage grand par un si grand Pape, dans lequel nous voyons revivi saint Léon, saint Grégoire et saint Pierre même.

TRÈS-SAINT PÈRE,

Ainsi signé,

De Votre Sainteté,

Le fils très-obéissant et très-dévot, + J. BÉNIGNE,

A Saint-Germain-en-Laye, le 8 de mars 1679.

Évêque de Condom.

Et au-dessus: A Notre Très-Saint Père le Pape Innocent X

DU PAPE INNOCENT XI.

VENERABLE Frère, salut et bénédiction apostolique. La méthode que vous vous êtes proposée, pour former, dès ses plus tendres années, aux bonnes choses, le Dauphin de France; et que vous continuez d'employer avec tant de succès auprès de ce jeune Prince, pendant qu'il s'avance à un àge plus mûr; nous a paru mériter que nous dérobassions quelque temps aux importantes affaires de la Chrétienté, pour lire la lettre où vous avez si élégamment et si pleinement décrit cette méthode. La félicité publique sera le fruit de la bonne semence que vous jetterez, comme dans une terre fertile, dans l'esprit d'un Prince que toute l'Église respecte déjà comme l'héritier d'un si grand royaume, et qu'elle voit, sous la conduite d'un illustre père, se rendre digne, non-seulement de protéger la foi catholique, mais encore de l'étendre. Entre tant d'instructions de la véritable sagesse, dont vous remplissez l'esprit du Dauphin; celles-là sans doute sont les plus belles, et les plus dignes d'être inculquées sans cesse, qui apprennent à unir ensemble, comme choses inséparables, les intérêts et la gloire des rois avec le bien de leurs peuples, et les règles d'un bon gouvernement. Le Prince que vous instruisez connaîtra un jour avec un grand accroissement du bien public, et un agréable ressouvenir de l'éducation qu'il aura reçue de vous, qu'il n'est point si beau et si glorieux d'être né dans la royauté, que de savoir s'en bien servir; et que le plus digne emploi qu'un prince puisse faire de cette puissance souveraine qu'il reçoit de Dieu, c'est de la faire uniquement servir, non pas à con-tenter ses passions ou le désir d'une gloire vaine, mais à procurer le bonheur du genre humain. Il connaîtra qu'il ne doit jamais former de desseins, ni commencer d'entreprises, qui

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RÉPONSE DU PAPE INNOCENT XI.

s'éloignent de la voie de la justice, et qui ne se rapportent à l'avancement de la gloire de Dieu pensant souvent en luimême que les biens dont nous jouissons en cette vie, comme ils sont des présents de Dieu, doivent être rapportés à celui qui nous les a donnés, et devant qui s'élèvent ou tombent, comme il lui plaît, les plus triomphants et les plus florissants empires. Au reste, pour ce qui regarde le siége apostolique, nous espérons que ce Prince sera puissamment excité à lui donner, dans toutes les occasions, des marques d'une obéissance filiale, tant par l'exemple des rois de France, ses prédécesseurs, qui, par le respect qu'ils ont toujours eu pour le saintsiége, ont attiré sur ce royaume d'infinis trésors de la libéralité du ciel; que par la tendresse et l'affection véritablement maternelle que nous ressentons pour lui dans notre cœur. Cependant nous ne cessons de rendre grâces à la bonté de Dieu, qu'il se soit trouvé un homme tel que vous, digne d'élever et d'instruire un Prince né pour de si grandes choses; et nous lui demandons soigneusement dans nos prières, que cette âme, naturellement portée au bien, que le Dauphin a reçue en partage, y fasse chaque jour, par vos instructions et par vos soins, de nouveaux progrès; et qu'ainsi puissent être instruits à l'avenir ceux qui gouvernent la terre. Quant à vous, vénérable Frère, nous vous donnons, de bon cœur, notre bénédiction apostolique, comme une marque de l'amitié que nous vous portons, et de la grande estime que nous faisons de votre vertu. Donné à Rome, à Saint-Pierre, 'a nneau du Pêcheur, le 19 avril 1679, et le III de notre po ntificat.

Signé, MARIUS SPINULA.

sous

Et au-dessus: A Notre vénérable. Frère,

l'évêque de Condom.

SUR

L'HISTOIRE UNIVERSELLE.

A ME LE DAUPHIN.

DESSEIN GÉNÉRAL DE CET OUVRAGE.

Quand l'histoire serait inutile aux autres hommes, il faudrait la faire lire aux princes: il n'y a pas de meilleur moyen de leur découvrir ce que peuvent les passions et les intérêts, les temps et les conjonctures, les bons et les mauvais conseils. Les histoires ne sont composées que des actions qui les occupent; et tout semble y être fait pour leur usage. Si l'expérience leur est nécessaire pour acquérir cette prudence qui fait bien régner, il n'est rien de plus utile à leur instruction que de joindre aux exemples des siècles passés les expériences qu'ils font tous les jours. Au lieu qu'ordinairement ils n'apprennent qu'aux dépens de leurs sujets et de leur propre gloire à juger des affaires dangereuses qui leur arrivent, par le secours de l'histoire ils forment leur jugement, sans rien hasarder, sur les événements passés. Lorsqu'ils voient jusqu'aux vices les plus cachés des princes, malgré les fausses louanges qu'on leur donne pendant leur vie, exposés aux yeux de tous les hommes, ils ont honte de la vaine joie que leur cause la flatterie, et ils connaissent que la vraie gloire ne peut s'accorder qu'avec le mérite.

D'ailleurs il serait honteux, je ne dis pas à un prince, mais en général à tout honnête homme, d'ignorer le genre humain, et les changements mémorables que la suite des temps a faits dans le monde. Si on n'apprend de l'histoire à distinguer les

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