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l'ont voulu faire. Et nous avons vu aussi que ceux qui les ont rendus à la créature, ont brouillé l'idée de la créature avec celle du Créateur. Nous ne brouillons point ces idées, nous ne connaissons que Dieu seul qui soit de lui-même; nous ne mettons dans les saints aucune perfection que Dieu ne leur ait donnée; nous n'attribuons la création à aucun autre qu'à lui; et nous détestons les Ariens, qui ont fait créateur le Fils de Dieu, celui qu'ils ont appelé créature. Nous n'avons nulle fausse idée de la nature divine. Nous ne croyons pas que par elle-même elle soit inaccessible pour nous, comme croyaient ces adorateurs des anges; ou qu'aucun autre que Dieu veille plus sur nous que Dieu même, ou puisse avoir une connaissance plus immédiate de nos vœux et de nos besoins. En un mot, nous croyons de Dieu, Père, Fils, et Saint-Esprit, ce qu'il faut en croire. Ainsi, il est impossible que, par quelque endroit que ce soit, nous égalions avec lui la créature, que nous regardons comme tirée du néant par sa parole.

On ne peut pas même, sur ce sujet là, nous imputer de fausses croyances, tant notre foi est certaine et déclarée. Mais on nous chicane sur des mots dont la signification est douteuse, ou des marques extérieures d'honneur aussi équivoques que les mots. Nous avons démêlé ces équivoques par des pricipes certains, dont les prétendus Réformés sont convenus avec nous. Nous avons fait voir que les marques extérieures d'honneur reçoivent, comme les mots, leur sens et leur force, de l'intention et de l'usage public de ceux qui s'en servent. S'il y a quelque sorte de cérémonie qui, par le consentement commun du genre humain, soit consacrée à reconnaître la Divinité dans sa souveraine grandeur, telle qu'est le sacrifice, nous la réservons à Dieu seul. Pour ce qui est des cérémonies qui peuvent avoir un sens ambigu, c'est-à-dire qui peuvent être communes à Dieu et à la créature, par exemple les génuflexions et autres de même genre, nous déterminons clairement, par notre profession publique, la force que nous leur donnons; et bien loin de les qualifier ou de les tenir des honneurs divins, quand nous les exerçons envers quelques créatures, nous prenons les reproches qu'on nous en fait pour la plus sensible injure que nous puissions recevoir. Et afin

qu'on ne se joue pas sur le terme de religieux, nous déclarons que si on prend pour la même chose honneurs religieux et honneurs divins, il n'y a point d'honneurs religieux pour les saints; que si on appelle religieux les honneurs que nous leur rendons, parce que nous les honorons pour l'amour de Dieu, ou que nous croyons l'honorer lui-même quand nous l'honorons dans ses serviteurs; nous avons assez fait voir l'innocence de cette expression; et il n'y a rien de plus juste que de demander, comme nous faisons, qu'en cela on juge de nos sentiments par notre confession de foi, c'est-à-dire par le fond même de notre doctrine.

Ainsi la difficulté devrait dès à présent être terminée; et avant que d'en venir au particulier des actes intérieurs ou. extérieurs, par lesquels nous honorons les saints, on devrait tenir pour constant, qu'il n'y a aucun de ces actes qui élève ces bienheureux esprits au-dessus de la créature, puisqu'enfin nous les mettons dans ce rang, et que nous savons parfaitement où ce rang les met.

Nous avons toutefois passé plus avant; et pour ne laisser aucun prétexte de nous accuser à ceux qui nous demandent sans cesse d'où vient que nous faisons tant d'honneur aux saints, qui ne sont après tout que des créatures, nous leur avons demandé ce qu'ils en pensent eux-mêmes, et s'ils jugent les serviteurs de Dieu indignes de tous honneurs. Que si cette pensée leur fait horreur; s'ils croient, avec raison, que c'est déshonorer le Seigneur même, que de dire que ses serviteurs ne méritent aucun honneur parmi les hommes: que pouvons-nous faire de plus équitable et de plus propre à terminer les contestations que nous avons avec nos frères, que de choisir les honneurs qu'ils permettent qu'on rende aux saints, pour juger sur ce modèle de ceux qu'ils improuvent? C'est ce que nous avons fait. Nous leur donnons pour exemple les fêtes des saints, qu'ils reconnaissent avec nous dans la plus vénérable antiquité, et qu'ils permettent encore aujourd'hui à leurs frères d'Angleterre. Si cet honneur rendu aux saints ne leur semble pas condamnable, parce que Dieu en est le premier et le principal motif; l'Église catholique leur a déclaré, dans tous ses conciles, que, par tous les hon

neurs qu'elle rend aux saints, elle ne songe pas tant à les honorer qu'à honorer Dieu en eux, et que c'est pour cette raison que leurs honneurs font une partie du culte qu'elle rend à Dieu, qui est admirable en ses saints.

En faudrait-il davantage pour terminer cette controverse? et toutefois je consens de n'en demeurer pas là. Je m'en vais examiner dans tout notre culte, les particuliers que nos Réformés y reprennent et afin de suivre toujours la même méthode que je me suis proposée, j'établirai par des faits constants, qu'il n'y a rien de si mal fondé, que de dire que les honneurs que nous rendons aux saints pour l'amour de Dieu, sont injurieux à sa gloire, et ressentent l'idolâtrie.

Il y a trois actions principales où la nouvelle Réforme condamne notre culte comme plein de superstition et d'idolâtrie : la première, c'est l'invocation des saints; la seconde, c'est la vénération des reliques; la troisième est celle des images. Ce dernier point, qui choque le plus les prétendus Réformés, aura sa discussion particulière : nous allons traiter les deux autres; et la suite fera paraître la raison que nous avons eue de les mettre ensemble (1).

(1) Nous n'avons rien trouvé dans les porte-feuilles de Bossuet, sur la vénération des Reliques. Le point de l'invocation des Saints est traité et approfondi dans un Avertissement aux Protestants, sur le reproche d'idolátrie, qui a beaucoup de rapport en quelques endroits avec le fragment qu'on vient de lire. Cet avertissement se trouvera à la suite des AVERTISSEMENTS CONTRE LE MINISTRE JURIEU. (Edit. de Déforis).

FIN.

DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME.

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DISCOURS SUR L'HISTOIRE UNIVERSELLE.

AVANT-PROPOS. Dessein général de cet ouvrage.

PREMIÈRE PARTIE.

LES ÉPOQUES.

PREMIÈRE ÉPOQUE. Adam, ou la création. Premier âge du monde.
!le ÉPOQUE. Noé, ou le déluge. Deuxième âge du monde.
III ÉPOQUE. La vocation d'Abraham. Troisième âge du monde.
IV ÉPOQUE. Moïse, ou la loi écrite. Quatrième âge du monde.
V ÉPOQUE, La prise de Troie.

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VI ÉPOQUE. Salomon, ou le temple achevé. Cinquième âge du

19

24

VIII ÉPOQUE. Cyrus, ou les Juifs rétablis. Sixième âge du monde.
IX ÉPOQUE. Scipion, ou Carthage vaincue.

37

57

VII ÉPOQUE. Romulus, ou Rome fondée.

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DEUXIÈME PARTIE.

LA SUITE DE LA RELIGION.

Pages.

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